Nymeria Sand



 
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Nymeria Sand

Nymeria
Nymeria
Messages : 17
Age : 27
Métier : Assassin
Humeur : Sulfureuse
Points Histoire : 0
Mer 1 Mai - 17:09
IdentitéNom: Anciennement Veers, utilise à ce jour le patronyme de « Sand » comme nom d’emprunt.
Prénom(s): Nymeria, surnommée "Nym'"
Titre: La justice aveugle
Âge: 27 ans
Genre: Femme
Nature: Humaine pactisant.
Affinité: Feu
Pays: Terra
Métier: Assassin, espion, fille de joie.
Langues: Langue Courante.
* Thème:Tangled Nightmare – In uchronia


Caractère et Morale Est-ce que vous croyez qu’une vie peut être déterminée à l’avance ? Avant même sa naissance je veux dire, le chemin que l’on va emprunter, nos épreuves et nos joies, nos sourires et nos larmes… J’aurais eu tendance à dire que tout cela était foutaise, comme beaucoup le pensent je suppose, mais je suis la preuve vivante que l’on vit d’après un héritage, que des actes qui remontent à notre conception même peuvent être bien plus important que nos accomplissements personnels, et qu’au final on ne sort pas de la case dans laquelle on nous met.

Pourquoi cette question, et pourquoi cette réponse, c’est sans doute ce que vous vous demandez maintenant… Eh bien pour une simple raison : je suis une bâtarde. Je suis l’enfant d’un noble qui a trahi son mariage, et d’une femme suffisamment crédule pour tomber dans ses bras… Je suis le fruit d’un acte qui passe pour totalement monstrueux à Terra, et cela je l’ai payé toute ma vie, et je le payerais sans doute jusqu’à ma mort.

Je suppose qu’on me qualifiera de fataliste, après ce que je viens de dire… Eh bien, c’est vrai dans une certaine mesure. Je pense qu’outrepasser l’héritage que nous ont légué nos ancêtres est quelque chose de bien trop présomptueux pour être réalisable. En revanche, on peut influer sur sa vie, dans une moindre mesure… Rendre son quotidien moins pénible, se battre pour garder la tête hors de l’eau… Ce n’est pas parce que tous ou presque me jettent des pierres que je ne suis pas capable de profiter de la vie, et cela je ne compte l’abandonner à personne.

Vous pouvez peut-être voir cela comme une forme d’optimisme, mais ce serait encore erroné… Juste que je me pense capable de me battre suffisamment longtemps pour qu’on finisse par me laisser tranquille. Au contraire en fait, je suis plutôt cynique, pour une raison bien précise : je représente l’une des parties d’ombres qui se cachent à Terra… C’est un beau pays, mais comme tous c’est un fruit empoisonné, car on ne vit pas de bonnes intentions... L’homme est fourbe et manipulateur par essence, et cela je l’ai vu trop de fois pour l'ignorer. Certains veulent faire croire en la bonté innée de l’être humain, mais c’est quelque chose que je ne considère pas comme vrai. Notre espèce n’est pas « bonne » par nature, seuls nos actes montrent ce que nous sommes vraiment.
Il est important de garder la face, ça je le comprends, mais cela ne change en rien que c’est un ramassis de mensonge… La course au pouvoir, les intrigues et les assassinats, voilà mon quotidien, non pas en tant que participante, mais en tant qu’outil… Tout cela je le vois, je m’y fond, ça a fini par me faire comprendre que le revers de la médaille est toujours présent, qu’il faut juste le cacher suffisamment pour continuer de faire croire à un semblant d’unité, et de bonté.

Je suis un agent de l’ombre… L’espèce de ceux qui ne seront jamais reconnu pour leurs services, mais qui pourtant auront assuré la bonne marche du pouvoir. Il faut des hommes et des femmes comme ceux-ci pour assurer la bonne marche d’un état, des personnes prêtes à tout, y compris mettre leur vie de côté. Je fais partie de ces personnes, autant par conviction qu’à cause d’un destin qui ne m’a pas vraiment laissé le choix.
En effet, je suis patriote. J’ai confiance en Terra, en son équité, en son futur et je suis prête à donner ma vie pour cela. Je fais partie des erreurs de parcours de l’un des dignitaires du pays, et cela a laissé une marque sur ma vie comme sur mon âme, mais s’il faut sacrifier quelqu’un pour le bien du plus grand nombre, alors je suis prête à me porter volontaire.
En vérité, j’aime aussi la population de Terra… Des gens simple, sans l’artifice de la politique, et avec des intentions qui ne tiennent pas de la mégalomanie, c’est à la fois reposant, rafraîchissant et… un peu ennuyeux. Oui, j’apprécie le petit peuple, mais ils sont parfois simplets, et c’est quelque chose que j’ai du mal à supporter… Les protéger, les respecter et les apprécier, ça je peux le faire, me mêler à eux est bien plus difficile.

Me lier à quelqu’un, de toute façon, est quelque chose de passablement compliqué chez moi. Je n’aime la compagnie que d’un nombre relativement limité de personnes. En fait, je ne ressens pas le besoin de parler comme beaucoup l’ont, j’aime apprécier le silence, qui est parfois bien plus loquace que les mots… Ca certains ne le comprennent pas, et ça a le don de m’irriter. Je ne suis réellement liée qu’à une personne, autant par les sentiments que par mon pacte, et j’entretiens quelques relations avec plusieurs autres, mais aucune n’a su conquérir ma confiance pour l’instant.
Je suppose qu’on peut dire de moi que je suis fidèle, et dévouée, autant à mon amie qu’à mon métier actuellement, mais ça vient de mon père cette caractéristique. Non pas que je l’ai héritée de lui, mais ses actes et leurs conséquences m’ont fait comprendre l’importance du respect, et de l’honneur. Je ne veux pas trahir ceux qui comptent sur moi, sauf à trouver leurs ambitions exécrables, et je refuse de transmettre l’infamie de mon nom à un autre… C’est pour cela que je ne veux pas avoir d’enfant, même si parfois l’envie de maternité m’a déjà taraudée.

Vous l’aurez également compris, ce n’est pas l’ambition qui guide ma vie… Je ne souhaite pas participer aux décisions qui régissent Terra, bien au contraire même, la politique ne m’attire pas du tout… J’ai suffisamment eut l’occasion d’en voir les bas-fonds pour que cela me dégoûte à jamais de ce genre de fonctions. Et, si j’aurais préféré trouver une place honorable pour ma vie, quelque chose de calme, je l’ai déjà dit, on ne renie pas ses origines. En fait, aujourd’hui, la chose qui me tient le plus à cœur est de protéger la seule personne qui tienne un tant soit peu à moi.

Ma vie entière tourne autour du fait d’obéir… D’obéir aux ordres des puissants, qui ont besoin de quelqu’un pour se charger de leurs basses besognes… Qui ont besoin d’une ombre pour accomplir leurs méfaits… Et pourtant, obéir est ce que je fais le plus mal. J’exécute la plupart de mes ordres de mauvaise grâce, surtout lorsque je pense qu’il y aurait mieux à faire, mais on ne me demande pas mon avis. On ne me le demande jamais.
J’ai même tendance à aimer l’indépendance en fait… Je n’aime pas être dirigée, même si c’est l’essence même de mon « métier » que de servir de lame à quelqu’un… Et, dès que j’en ai l’occasion, vous pouvez être sûrs que je manigance de mon côté. Marchandage, assassinats et récolte d’information, le tout pour mon compte, voilà ce qui compose beaucoup de mon temps libre. Et, même si c’est par intérêt personnel, vous pouvez également être assurés que cela n’ira jamais contre les besoins de la nation.

De plus, je suis têtue comme une mule, ce qui n’a jamais facilité mes relations avec mes supérieurs, ni avec ma mère… Ni avec qui que ce soit d’ailleurs. On dit souvent que j’ai un égo surdimensionné, mais ce n’est pas exactement ma façon de voir les choses… Je n’ai pas de fierté mal placée, juste une conception du monde qui m’est propre, ainsi qu’une opinion sur à peu près tout ce qui passe sous mes yeux, ce qui rend les discussions avec moi passablement éprouvantes, et finissant régulièrement en disputes… Même mes supérieurs en font les frais, jusqu’à ce qu’ils m’ordonnent de me taire, ordre que je suis bien obligée d’exécuter si je ne veux pas finir expulsée de mon poste.

Enfin, si je continue je vais en avoir pour des heures vous savez, chaque être humain est suffisamment complexe pour que l’étudier prenne un temps incalculable… Mais, bon, je suppose qu’il me faut au moins terminer les grandes lignes de ma personnalité auparavant. J’ajouterais donc que je suis curieuse au possible, et que j’adore lire… Je suis une encyclopédie vivante, et j’ai écumé la plupart des bibliothèques de Terra à la recherche de traités sur la magie, la guerre, mais aussi l’architecture et l’art… Ces derniers thèmes ont ma préférence en réalité, car ils permettent de s’évader un peu du monde dans lequel je vis.
J’ai donc dit que j’appréciais l’art… C’est vrai, et j’en pratique également. La musique étant de loin mon sujet favori, je joue du piano et de l’harmonica avec une certaine dextérité, et dans une moindre mesure du violon. Les mélodies douces ont tendance à m’apaiser prodigieusement, et produire des notes ainsi est l’un de mes grands plaisir, et l’une de mes sources de réconfort favorite.
Un autre de mes petits plaisir est de collectionner... Je n'ai pas la moindre idée de la raison qui me pousse à faire cela, mais j'adore emmagasiner des babioles en tous genre... Des bijoux, mais aussi des jouets, des casse-têtes, ou même plus simplement encore une plume, ou une fleur, bref tout et n'importe quoi. Cette habitude me pousse à ramener un souvenir de chaque endroit où je vais, que ce soit pour le plaisir ou pour mon travail... Je vole à mes victimes, oui, et il manque toujours quelque chose chez eux après mon départ, que cela ait de la valeur ou non, c'est comme un tic pour moi. J'ai une grande étagère où tout cela est entreposé, comme un récit de ma vie, tout aussi chaotique, dénué de sens et varié que mon existence.

La patience figure également à l’ordre de mes vertus. Lorsqu’il faut se montrer plus discret qu’un mort, laissez-moi vous dire que trouver le temps long n’est pas rare, et pourtant vous pouvez l’endurer bien mieux que tous ceux se mouvant au grand jour, toujours pressés de bouger, d’agir, de montrer qu’ils sont vivants… Il faut bien plus de force mentale pour ne pas bouger d’un pouce pendant des heures, croyez moi.
Certains reposent d’ailleurs leur équilibre mental sur la croyance en une divinité… Ehol, Watos, qu’importe, ce sont les facettes d’une même chose : un être qui a sans doute existé, et qui a dominé son temps, mais qui n’a jamais rien eu de divin. Les humains ont un don pour exagérer, transformer et dénaturer toute histoire, et c’est pour cela que je ne croirais pas en un tel être surpuissant tant que l’on ne m’aura apporté des preuves tangibles de son existence, tant que l’on ne me l’aura pas présenté en personne.

Concernant ma propre attitude… Eh bien, je suis simplement inexistante avec absolument quiconque, alors je vous détaillerais un peu plus ma relation avec les personnes que j’apprécie. Je suis insolente, agaçante, omniprésente et envahissante, joueuse également, ainsi qu’humoriste à mes heures perdues, et même passablement douée pour les piques en tous genre, surtout celles qui ont le don de mettre mal à l’aise.

Si vous voulez, je suis une bâtarde frappée d’infamie, et condamnée à accepter cet état, mais pas pour autant résignée à ne rien faire de sa vie. Je fais partie des ombres qui gardent le pouvoir, de ceux dont le nom ne passera jamais à la postérité, et cela me convient très bien, autant par dégoût de mes origines que par amour de ma patrie. Je suis la dague qui vous surprend dans votre lit, le poison dans votre verre, et au final, un mal nécessaire.


PhysiqueJe suppose que c’est suffisamment clair, mais autant mettre au point les choses clairement, je n’aime pas me faire remarquer. Aucune situation, et aucune circonstance ne me semblent justifier mon apparition au grand jour, et le fait d’être le centre de l’attention est à la fois cause de stress et de colère pour moi… Certains m’ont dit que cela venait d’une estime de moi-même qui était résolument trop basse, mais j’en doute fortement, c’est juste que… Eh bien que je n’aime pas ça, tout simplement, et je ne vais pas chercher d’explication.
La discrétion est donc une partie intégrante de moi-même, dans mon métier comme dans ma vie. On me remarque rarement, et lorsque c’est le cas, on m’oublie vite, à moins de me chercher tout particulièrement. Me fondre dans les ombres, être vue du coin de l’œil avant de disparaître à nouveau, plus intangible encore qu’un fantôme, cela me convient bien mieux, et c’est ainsi que je mène ma vie, à l’abri des regards.

C’est ainsi que je procède, dans ma vie de tous les jours, à chaque instant : ne pas me faire remarquer. Je sors déjà relativement peu, sauf lorsqu’il s’agit de sujets de première importance, mais lorsqu’il faut le faire alors je m’y plie… De mauvaise grâce. Ca explique mon teint plutôt pâle en général je suppose, et peut-être également pourquoi les cernes se voient autant sous les yeux… A moins que ce ne soit parce que je dors peu.
Dormir, j’aime déjà pas bien ça, parce que c’est un moment où tout peut vous arriver sans que vous vous en rendiez compte… Je suppose que vous avez déjà compris qu’avec la vie que je mène, j’ai un sommeil léger, mais le préciser n’a jamais fait de mal à personne… Essayez de me surprendre pendant mon sommeil, et je vous jure que vous vous retrouverez avec un couteau sur (ou dans) la gorge avant d’avoir eu le temps de dire ouf. Parce que oui, je dors avec un couteau sous mon oreiller.

Et, on passe à une chose qui m’énerve relativement facilement : me coiffer. Avoir des cheveux longs, du genre qui vous arrivent au niveau de la chute de rein, c’est très gênant lorsqu’il s’agit de les coiffer un tant soit peu proprement, et vous pouvez être sûr qu’ils sont totalement emmêlés de bon matin… Je ne sais pas comment je fais, mais lorsque je dors j’arrive à les nouer de façon totalement improbable, et il me faut en prendre un tant soit peu soin avant qu’ils redeviennent la longue crinière rouge et lisse qui cascade le long de mon dos. Long, lisse, flamboyant, voilà ce qu’il y a à dire dessus simplement… Et même si les coiffer m’ennuie, j’avoue que je les adore… Même moi je les trouve très beaux, et on m’a déjà fait des compliments dessus… La couleur pourprée est naturelle, enfin je les ai d’aussi loin que je m’en souvienne ainsi en tout cas. On m’a déjà dit que ce n’était pas forcément très utile vu le genre de tâches que j’exécute, mais c’est plus simple lorsqu’il s’agit de charmer quelqu’un… Et puis, c’est un peu ma fierté, alors pas touche.

J’ai déjà donc dit que j’étais relativement pâle, et que les cernes sous mes yeux étaient larges, mais il y a quelque chose à noter avec mes yeux : ils sont vairons. Deux couleurs différentes : l’un violacé, l’autre rouge profond, plus sombre que ma chevelure… C’est étrange, et je ne sais pas d’où ça vient, mais c’est un peu ma marque, une caractéristique qui n’appartient qu’à moi et qui me démarque de tous. Quant à moi, qui les utilise, eh bien j’ai de plutôt bons yeux, je vois loin et clair, contrairement à d’autres, et j’évalue extrêmement bien les distances, ce qui me procure une précision remarquable lorsqu’il s’agit d’attaquer à distance.
Mon œil gauche, celui qui est de couleur rouge, l’a échappé belle par le passé, mais ça a laissé une marque… Suffisamment légère pour que je puisse la cacher entre deux mèches de cheveux, mais toujours présente. Une longue cicatrice commence au milieu de mon front, et descend jusque sur ma pommette, signe d’une esquive réussie de très peu en fait… J’essaye de ne pas trop la dévoiler, parce que c’est le genre de choses dont les gens se souviennent, aussi lorsqu’il s’agit de paraître en publique, et donc d’abandonner toute discrétion, je me débrouille pour le faire disparaître sous un peu de maquillage, et quelques mèches capillaires.

Quant au reste de mon visage… J’ai les pommettes un peu effacées, sur lesquelles ma bouche ressort bien. Elle est naturellement plutôt colorée, ce qui fait contraste avec mon teint… Je ne vous parlerais pas de mon nez, autrement que pour dire qu’il est relativement fin, car ce serait d’un ennui mortel, et je me doute que vous n’êtes pas là pour cela.
Si l’on descend plus bas, on passe par mon cou… Je ne dirais rien de la chair tendre qui a échappé tant de fois à des coups de dagues, d’épées ou de n’importe quelle arme souhaitant mordre sa chair. Non, ce qui m’intéresse c’est le pendentif d’argent accroché à celui-ci. Un pendentif qui est sans doute ce que ma mère avait de plus précieux au monde, et pourtant elle me l’a légué… Il représente un croissant de lune, et le métal reflète la lumière de telle façon que l’on croirait presque à un vrai. Il ne me quitte jamais, et j’en ai toujours pris le plus grand soin… C’est un lien avec ce qu’aurait pu être ma vie, si mon père n’avait pas fait cette erreur, si je n’avais pas suivi ce chemin…

Enfin, trêve de bavardage, vous n’avez pas besoin de savoir tout cela… Pour l’instant au moins. En dessous se trouvent mes épaules, et donc le haut de mon corps… Elles sont relativement fluettes, je ne suis ni large, ni imposante physiquement, et on voit au premier coup d’œil que la puissance brute n’est pas mon fort. Cela résume bien mon corps au final : fin, gracieux, élancé… Je mesure environ 1m63 pour vous faire une idée, ce qui ne me démarque guère de la moyenne des personnes de mon sexe. J'ajouterais, à titre de précision, que je suis parfaitement ambidextre, et que mon entraînement m'a poussé à me servir de chacune des mains autant que de l'autre.

Quand à ma façon de me vêtir… Eh bien, on va dire que je préfère les vêtements légers. Les grosses vestes m’étouffent, et m’écrasent, les armures me pèsent, aussi ai-je opté pour un style beaucoup plus simple. Je m’habille principalement de cuir, tout au moins lorsqu’il s’agit de faire une mission, car c’est bien plus souple que le métal, mais en même temps plus résistant que le tissu… L’ensemble se compose d’une veste, d’un corset et d’un pantalon, accompagné de bottes lourdes, du genre qui sont suffisamment solide pour briser un os si on frappe suffisamment fort avec.
Dans mon dos se trouve le fourreau de mes deux épées courtes, bien plus pratique pour dégainer que d’aller les chercher à la taille à mon goût. Oui, c’est relativement impressionnant, et ostentatoire, aussi j’évite de le porter en public. A ma taille, il y a une dague, rangée dans un fourreau qui ne laisse apparaître que la garde, ainsi que des armes de jets, au nombre de trois.
S’il me faut détailler un peu, je dirais que j’ai des plaques d’armures au niveau des épaules et des poignets, les premiers servants à protéger simplement le haut de mon corps, les secondes à parer les coups qui ont passé ma garde. Ces dernières sont agrémentées de pics de métal, car vous ne savez jamais quand vous pourrez attaquer, et je vous jure que j’en ai déjà fait l’expérience, et je me suis d’ailleurs félicitée de les porter. Je porte également des gants, renforcés aux jointures par des petites pièces métalliques qui me permettent de frapper plus fort, et surtout de faire plus mal.
Pour les pointes, j’en ai également sur mes chaussures… Passer sous la garde de l’adversaire peut se montrer risquer du point de vue de l’équilibre, mais avec ses armes vous pouvez être sûrs de l’handicaper suffisamment pour reculer et préparer votre prochain coup en aillant déjà prit un avantage. Enfin, le fait est qu’avec tout mon attirail sur le dos, je suis mortellement dangereuse, et totalement inaudible car aucun cliquetis ne résonne… Mais je ressemble également à une armurerie, aussi mieux vaut éviter de le porter en public.

Non, lorsqu’il s’agit de passer inaperçue même au milieu de la foule, je suis bien plus discrète… Pas de plaque d’armure visible, une tenue composée en général d’un tissu léger en haut, et d’un bas en tissu plus grossier, qui cache une dague, et quelques armes de jets également… Impossible toutefois de porter mes deux épées avec cela, aussi même si je n’aime pas ça, je les laisse à la maison… Temporairement.
Enfin, passons à mes attributs féminins… Je sais, il faut que j’en parle, c’est juste que je n’aime pas ça. Je suis plutôt bien proportionnée d’après mes congénères, une poitrine qui n’est pas forcément imposante, mais suffisamment ferme, et souvent coincée dans des vêtements moulants, pour donner une impression de volume certaine. Au niveau de mon fessier, j’ai été moins bien dotée par la nature, mais cela reste respectable… Enfin, ça me rassure, je n’aime pas qu’on m’admire par derrière… Déjà, c’est relativement dégradant, je trouve, mais surtout je n’aime pas qu’on m’observe tout court, alors vous comprenez…

Et, de ces atouts je sais m’en servir. Parmi mes compétences, séduire est l’une de celle que je maîtrise le mieux… Et tant mieux, car c’est également l’une des plus utile. Je ne suis pas une prostituée, même si certains utilisent ce terme, mais il est vrai que j’ai déjà couché purement par intérêt, que ce soit pour des renseignements, piéger un homme ou gagner un moyen de pression. Oui, ce n’est guère honorable, mais c’est souvent une aide certaine lorsqu’il s’agit de négocier, alors je me fais violence et j’accepte cet état de fait… Et j’essaye d’y trouver au moins un peu de plaisir.

Quand à mes expressions… Eh bien, de manière générale, lorsque je suis en mission j’ai le visage froid, les yeux qui courent dans tous les sens, et une attitude générale qui crie de ne pas venir me déranger… Mon pas se fait alors rapide, j’ignore tout ce qui m’est inutile dans mon entourage immédiat, et je suis quelqu’un d’aussi muet que de rapide. Ma démarche est tout en souplesse également, des années d’entraînement au combat vous apprenne à marcher comme vous combattriez.

Au contraire, lorsque je suis libre de mes actes, alors je suis bien plus lente. Mon pas se fait moins long, plus irrégulier… Mes yeux se lèvent souvent au ciel, ou vers les paysages qui m’entourent, et je m’arrête régulièrement pour les observer. Mon visage affiche également une expression rêveuse et curieuse à la foi, et j’aurais presque l’air pure et innocente.
Mais, lorsque je suis avec des personnes de confiance, des personnes que j’apprécie, alors je suis totalement détendue. J’ai tendance à m’affaler sur le plus proche appui, à fermer les yeux et à profiter simplement du silence… Les expressions viennent au fil des émotions qui les provoquent, et c’est seulement dans ce genre d’occasion que je peux me permettre d’être totalement détendue.

Je suis quelqu’un de mortel, entraînée à tuer, et pour quelqu’un qui saurait observer, je pense que l’on pourrait le remarquer à mon attitude et à ma démarche. Ça ne change rien au fait que je sois une femme, et que je revendique cette féminité tout comme je revendique mon corps, dont je détesterais qu’on l’appelle disgracieux. Je suis le jour et la nuit, la beauté de la lune et l’ardeur du soleil, la lumière du jour et l’air glacé de la nuit.


*Compétences généralesAssassin d’exception : Je ne sais pas vraiment comment le dire, mais soit… J’ai été entraînée depuis des années pour devenir la lame dans l’ombre, le poison dans la coupe ou le garrot sur la gorge. Depuis mon adolescence on m’apprend à être plus intangible qu’un fantôme, et cet enseignement a porté ses fruits. Ma discrétion, si je suis la seule à pouvoir la juger, est simplement exemplaire. On ne me voit pas, on ne m’entend pas, la seule chose qui finit par me trahir, c’est lorsque j’effectue ma besogne sanglante. Même lorsqu’il s’agit de voler une babiole, comme loisir, on ne m’a jamais surprise, et c’est encore plus facile depuis mon pacte. Et, la discrétion s’accompagne d’une capacité tout à fait appréciable à sauter par-dessus les murs, se glisser dans les passages étroits ou crocheter les portes… En bref, les talents d’un passe muraille. J’ai également une maîtrise qui confine au parfait de mes deux épées courtes, ainsi que de ma dague… J’ai un peu plus de mal avec les armes à distance, et je rate mes cibles relativement régulièrement, mais parfois cela peut se montrer fort utile ! Ma force dans cet art repose sur deux points, ma rapidité que j’ai travaillée depuis le début des entraînements, et qui se trouve être la base même de ma stratégie de combat, et la surprise qui est toujours présente ou presque lorsque je commence un combat… Se battre à la loyale n’est pas pour moi, je préfère prendre mes ennemis au dépourvu, et même les tuer avant de leur laisser une chance de riposter. C’est plus prudent comme cela, et dans ce genre de métiers, la prudence est souvent la condition de la survie.

Fille de la rue : Je suis née dans une maisonnette pauvre, et ça se sent. J’ai dû me battre pour tout ce que j’ai obtenu, et jamais rien ne m’est tombé dans la bouche sans effort. Ma façon d’appréhender le monde, comme celle de m’y intégrer vient de ces années qui n’ont pas été facile pour moi, au contraire des familles nobles qui eurent toujours une vie facile… C’est ma principale raison de les mépriser, mais ça ne change rien à mes actes. Au contraire, vivre avec les gens du commun m’a appris à les comprendre, et à les aimer, ainsi qu’à aimer ma patrie comme la plupart d’entre eux la chérisse. Et, bien qu’ils soient gentils, ils n’hésitent pas à vous courir après lorsque vous leur chipez quelque chose ! Mes réflexes et ma dextérité viennent en partie de là, voler ou être volée, voilà une loi qui a court dans les rues non gardées de certaines citées, et une loi que j’ai bien fait garde d’appliquer jusqu’à ne plus en avoir besoin. Cela explique également le fait que je n'ai eu accès qu'à un certain pan de culture, car l’éducation n’est pas aussi facile à atteindre lorsque l’on vient des milieux pauvres que lorsque l’on né avec une cuillère en argent dans la bouche… Et, c’est également ce qui a provoqué ma curiosité sans borne, et le fait que j’ai largement comblé ce retard depuis. Pour finir, c’est durant les premières années de ma vie que j’ai appris à jouer de l’harmonica, et que ma passion pour la musique s’est développée.

Rat de bibliothèque : Comme je l’ai déjà dit, j’adore lire, et j’ai parcouru de très nombreuses bibliothèques. J’ai lu un nombre d’ouvrages qui est simplement époustouflant au cours de ma vie, et je continue à bouquiner dès que j’en ai l’occasion… Je m’intéresse à tous les sujets, bien que ceux qui touchent au beau aient ma préférence, je n’ai jamais craché sur un traité militaire… Cela m’amène une culture fort bien développée, plus que beaucoup de gens d’ailleurs. Et puis, vous savez, les ouvrages les plus intéressants sont toujours dans les réserves interdites des bibliothèques, pour les protéger mais également pour censurer leur contenu… Au vu de mon agilité, et de mes capacités à passer outre la plupart des obstacles, vous vous doutez bien que j’ai fourré plus d’une fois mon nez dans ces affaires, et je ne me suis pas non plus déranger pour en ramener un certain paquet chez moi pour l’examiner au calme. J’ai fini par m’y connaître en théorie magique, alors que je ne suis pas capable de manier les arcanes par un autre moyen que mon pacte, mais cela profite plus à Sarah qu’à moi au final.

Le manuel du petit chimiste : Comme je l'ai dit, j'ai lu beaucoup de choses, dont un certain nombre à propos de la botanique... Je connais un certain nombre de plantes par coeur, notamment celles supposées êtres utiles, comme les plantes médicinales, ou utile pour la cuisine (si, si)... Mais également des herbes supposées être capable de vous faire mourir en l'espace de cinq battements de coeur, donc des poisons en tous genre... J'ajouterais à cela la connaissance de quelques drogues, et vous aurez fait le tour de mes connaissances... En effet, je me préoccupe plus de ma santé et ce qu'il y a dans mon gosier que de mon jardin, et je n'accorde aucune importance aux plantes dont l'utilité est prétendument esthétique... Je m'en contre-fiche, et j'ai même tendance à ne pas aimer ça d'ailleurs, les roses sont couvertes d'épines, et vous n'êtes jamais tombés au milieu de ces plantes après avoir escaladé un mur je pense... Douloureux souvenir. Enfin, bref, à partir de ces espèces, je suis capable de synthétiser un certain nombre de poisons, ou au contraire de remèdes que je garde pour mon usage personnel en général. Et, non, je n'utilise pas cette science à des fins magiques, ni ne transforme le plomb en or, désolé, rentrez chez vous.

Fille de joie : Nous en venons à un point un peu plus sensible de mes compétences, quelque chose dont je trouve qu’il est passablement indécent d’en parler, mais s’il le faut je le ferais. Âmes sensibles, passez votre chemin. Voilà, j’ai passé un certain temps dans des bordels en tout genre, et pas en tant que cliente, mais bien en tant que « femme de service » dirais-je. Quoique l’on puisse en croire, c’est une couverture remarquable, et on y fait rarement attention, pire encore à Ignis où la traite des esclaves est acceptée, et où la plupart des maisons closes se servent de tels personnages. Certains établissements de la côte orientale du pays sont notamment réputés pour le talent de leurs filles, et j’ai passé un certain moment là-bas, pour des raisons que je vous expliquerais plus tard… Le tout étant que pour être acceptée dans ces établissements, il faut un talent certain pour les choses de l’amour, et ce talent il m’a fallu l’acquérir. Je suis capable de choses avec mon corps dont vous n’auriez même pas idée, qui peuvent sembler étrange au premier abord mais qui procurent des sensations terriblement prenantes, pour les deux partenaires. Aujourd’hui, je fais sans doute partie des femmes les plus douées sur le sujet, puisque ce genre de bordels de luxe sont relativement rares, puisqu’élitistes, et que j’entretiens ce don régulièrement, on ne sait jamais lorsque ce sera utile.


*Équipement, objets divers :
Nymeria Sand 72285410

Les épées du sang et du feu : Ne croyez pas qu’elles ont été nommée ainsi par leur constructeur, cet homme a voulu faire de magnifique lame, et terribles, certes, mais je suis à peu près certaine qu’il ne les destinait pas à l’usage que j’en fais. Non, en réalité, c’est moi qui les aie baptisées ainsi. C’est un symbole, le symbole de ma vie en tant qu’assassin, et donc de mes méfaits… J’ai appelé ainsi ces deux armes pour une raison bien précise : me souvenir. Me souvenir de tout ce que j’ai fait, de combien de sang elles ont pu faire couler, de quelle douleur elles ont provoqué… J’ai provoquée… C’est une forme de fardeau, quelque chose qui me suit tous les jours de ma vie, et qui me reproche ce que je suis devenue… Et, en même temps, c’est mon outil de travail, celui qui fauche des vies à la pelle. Enfin, vous devez savoir que si j’exècre ces lames, puisqu’elles sont la matérialisation de ce qui me déplaît chez moi, dans ma vie, je ne puis m’en passer. Elles ont trop souvent été dans mes mains, m’ont sauvée la vie maintes fois, et aujourd’hui elles sont plus que de simples objets, c’est une part de moi-même. Une part que je rechigne à laisser de côté, et qui me rend totalement paranoïaque lorsque je ne les ait pas à portée de main. C’est une sorte de drogue, simplement.
Concernant leur utilité directe, eh bien je ne saurais trop vous les vanter. Cela fait des années que je les possède, et jamais elle ne m’ont fait défaut. En réalité, ce sont des armes runiques, créées pour être des outils d’exceptions, et cela me va très bien. La garde est enroulée dans un ruban de cuir solidement serré, qui assure une prise efficace, et empêche votre main de laisser s’échapper l’arme. La lame, quant à elle, est à simple tranchant (il n’y a qu’un seul côté efficace pour frapper). L’autre est évidé pour permettre de manier deux armes bien plus légères que des blocs de métal complets. Cela affine également la pointe, et permet de mieux transpercer les armures. Elles sont taillées pour la vitesse, et la facilité d’utilisation : on pourrait faire des moulinets avec pendant des heures sans sentir de fatigue dans son bras, ou bien moins qu’avec une arme plus épaisse. Pourtant, si elles sont fines, elles sont forgées dans un métal excellent, et solide, aussi aucune d’entre elle ne s’est jamais brisée dans mes mains… Je prends bien soin de les aiguiser régulièrement d’ailleurs.
Enfin, je fais surtout cela par habitude en réalité, le tranchant est toujours coupant comme une lame de rasoir. Cela provient, je suppose, du fait qu’elles soient runiques, j’ai entendu dire que les armes de ce type étaient bien plus solides, et s’usaient moins facilement que leurs congénères plus classiques. L’enchantement apposé sur les deux épées est identique : il est supposé handicaper la coagulation du sang sur les blessures. Je dirais bien que cela m'est utile, car faire saigner mon adversaire à mort serait quelque chose que je ne saurais assez vanter, mais ce n'est pas le cas. Je ne suis que pactisant je vous le rappelle, aussi m'est-il impossible d'utiliser ces runes, en vérité c'est surtout pour la qualité des épées que j'ai adopté des lames de ce type... Oui, je regrette de ne pas pouvoir utiliser ces capacités, mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut n'est-ce pas? Cette capacité spéciale, qui m'est au final inutile, m'a également servie d'inspiration pou déterminer leur nom. J’avoue avoir peur de m’en servir, d’une certaine façon, mais bien plus grande encore est ma peur de les perdre.


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Justice : Je sais, le nom est ironique, mais c’est ma façon de voir les choses. C’est une forme de justice, implacable et impitoyable qui s’abat à travers cette lame. Des hommes et des femmes meurent, dans leur lit, sans rien avoir vu venir, tout cela sur l’ordre de plus puissant qu’eux… Voilà ma conception de la justice. D’une certaine façon, je suis son instrument, et à travers moi c’est cette dague qui fait régner l’ordre. Elle pend toujours à ma ceinture quant à elle, quoique je fasse, qu’importe comment je m’habille, elle est là. Je suis capable de la manier avec dextérité, mais c’est surtout une arme discrète et vicieuse, le genre qui me convient parfaitement. Je n’y suis pas attachée autant qu’à mes épées, en fait je lui voue de l’indifférence, tout comme au sujet se rapportant à son nom… Je suppose que c’est la relation la plus normale à avoir avec une arme, mais lorsque ce sont vos principaux compagnons de vie, ont fini par s’inventer des histoires, voir même par leur parler… Mais, pour ma dague, point de cela. C’est la hache du bourreau, simplement, un moyen affreux mais supposé être juste de régler un problème… Dans le sang.
Parlant de l’arme directement… Eh bien, c’est une dague effilée, dont je prends grand soin, mais qui quant à elle ne possède pas de qualité runique… Je n’ai jamais estimé en avoir besoin, car j’utilise cette lame uniquement lorsque je suis certaine de tuer du premier coup. Elle est recourbée en son bout, pour former une pointe vicieuse qui n’a aucun problème à aller fouiller jusqu’au plus profond des chairs. Ensuite, la lame est différente de chaque côté : un tranchant est dentelés, pour empêcher de retirer l’arme d’une blessure sans aggraver celle-ci. L’autre est parfaitement lisse, son utilité étant d’ouvrir une gorge, le plus proprement et facilement du monde. Il dispose même d’un cran, à l’extrémité de la garde où je peux insérer la jugulaire de ma victime avant de déchirer les chairs, m’assurer que la blessure sera mortelle et réduire le futur au cadavre au silence du même coup… J’avoue que je ne l’utilise guère, j’ai suffisamment d’expérience pour visualiser moi-même quand est-ce que j’ai bien effectué ma besogne ou non.

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Cette arme-ci n’a pas de nom, et c’est la pièce finale de mon attirail. Ce sont des pointes, ressemblant un peu à celles que l’on peut utiliser pour des flèches, mais avec un manche. On prend celui-ci entre deux doigts, on vise, et on lance de toutes ses forces en direction de sa cible, et avant que celle-ci ne l’ait vue, elle se retrouve avec ceci fiché dans son dos. Simple et efficace, j’avoue avoir quelque peu du mal à m’en servir à l’occasion. L’arme en elle-même est barbelée, vous savez à quel point j’aime forcer les gens à se faire mal pour retirer ces petits bouts de fer de leurs chairs maintenant… Et quelques petites rigoles courent le long de l’axe qui forme son centre, pour se rassembler à sa pointe. En réalité, ces armes de jets sont conçues pour être enduites de poison, et l’inoculer plus facilement grâce à ce système. Le seul risque, c’est de s’en mettre sur les doigts, aussi je prends bien garde à n’utiliser des produits qui ne sont dangereux qu’une fois dans le sang, et je me rince toujours abondamment les mains après utilisation… Je dois avouer que ça brûle souvent au bout de mes doigts.

Armure de cuir : J’en ai déjà parlé, mais je fais préciser un peu ici. Je suppose que l’appeler armure est un peu présomptueux, mais c’est un peu ce qu’elle est en réalité, une protection contre les coups. Non, ce n’est pas aussi résistant qu’une côte de maille, ou une armure de plate, mais vous m’imaginez porter ce genre d’attirail et me glisser discrètement dans une maison pour aller passer ma lame dans la gorge du propriétaire ? Non ? Moi non plus.
Le principe même de la tenue est la discrétion. Noire, moulante, elle me rend presque totalement invisible de nuit, et me permet au moins de me réfugier dans les coins sombres de jour. Elle ne couvre pas entièrement mon corps, pour éviter de craquer là où je me contorsionne, mais je n’ai jamais été une frileuse de toute façon. On pourrait la juger totalement indécente en tant que tenue de tous les jours, car au final elle ne laisse que peu de place à l’imagination lorsqu’il s’agit de visualiser mes formes de femme, mais elle n’est pas fait pour les exhiber, aussi c’est un avis qui ne m’importe guère… Il est bien rare que je la porte en public, de toute façon.
Elle est renforcée au niveau de mes épaules et de mes poignets par des plaques de fer, car ce sont là que portent la plupart des attaque en fait, on part du principe que je suis capable de me défendre de front. Elles sont donc conçues pour parer les coups d’épées portés à l’aide d’épées courtes, et donc disposant de moins de puissance, une épée à deux mains fracturerait sans peine de telles protections. Et, mon métier est assassin, pas chevalier, et ces plaques d’armures ne sont pas uniquement pour ma défense personnelle. Celles à mes poignets sont équipées de pointes de fer, dans le but de m’offrir un avantage plus que de tuer… Après une parade par exemple, je peux faire glisser mon épée et mon bras jusqu’à entailler les chairs du bras de mon adversaire qui tiens son arme contre la mienne. Pas très loyal, je sais, mais je l’ai déjà dit : si ça peut être utile, alors on l’embarque. Le souci n’est pas l’honneur mais l’efficacité. Vous savez également que cette tenue est accompagnée de gants renforcés aux jointures (ce qui est bien utile en cas de rixe, j’ai déjà brisé des mâchoires avec ça), et des bottes épaisses et dotées des mêmes pointes acérées que mes brassards. Je porte grand soin à l’ensemble de mes affaires, de toute façon, aussi vous pouvez être sûr que tout mon attirail sera toujours dans le meilleur état possible, je ne permettrais pas qu’il en soit autrement… Il en va de ma vie après tout !

Possession diverses : Eh bien, nous allons commencer par celles en rapport avec mon travail alors. En plus de mon équipement personnel, que je vous ai déjà cité, je possède un certain nombre de grappins, et autres rouleaux de cordes qui me facilitent la tâche dans le cas d’une demeure située sur un lieu escarpé. J’y ajouterais également un nécessaire de torture un peu plus perfectionné que mes lames, à l’aide de fers portés à rouges, toutes sortes de pinces destinées à arracher des choses très diverses dans le corps humains, des aiguilles et j’en passe la plupart, j’ai pas envie de vous faire vomir. Enfin, bref, sachez que j’ai tout ce qu’il faut pour faire parler quelqu’un, aussi têtu celui-ci soit-il. Ensuite, je possède mon propre laboratoire d’alchimiste, un assemblage de verrerie et de petits feux, contenant en général des produits à l’air malsain qui bouillonnent, chose qui a le pouvoir de mettre à l’aise la plupart des gens qui l’aperçoivent.
Je vous ai dit que j'aimais la musique aussi, non? Bon, si ce n'est pas le cas, maintenant vous le savez au moins. Enfin, bref, pour rester performant dans le domaine, il faut pratiquer régulièrement, et c'est ce que je fais. Dans ce qui me sert de logement, vous pouvez trouver de quoi jouer, dans des styles complètement différent. Premièrement, un violon qui repose en général contre le mur, sauf lorsque j'en joue évidemment... Un piano à queue occupe le milieu de la salle, et j'en joue régulièrement, c'est reposant. Sur moi, en revanche, je transporte toujours mon harmonica, et j'en joue régulièrement le soir, avant de m'endormir... Et parfois avant de tuer quelqu'un. Joyeux, je sais.
Du côté personnel… Eh bien, je n’ai pas gardé grand-chose. Je vous ai parlé de ma collection de babioles en tous genres, et de mon étagère réservée à celles-ci, donc je n’en dirais pas plus à ce propos. En revanche, mon collier peut vous intéresser… C’est donc un croissant de lune en argent, le seul bijou un tant soit peu précieux que m’ait légué ma mère… Il compte beaucoup pour moi, c’est pour ça que je le porte en permanence, et c’est sans doute la possession à laquelle je fais le plus attention parmi mes affaires… Un peu comme la lueur d’espoir au milieu d’une vie on ne peut plus sombre.


*Pouvoir de Pacte – Darkness before dawn : « -Qui es-tu ? Ou plutôt, qu’es-tu ?
-Je suis l’ombre, celle qui est née des ténèbres, et qui n’en surgit que pour vous y happer. Je suis la dague dans le noir, l’oreiller qui vous étouffe durant votre sommeil, l’égorgeuse qui fait régner la justice sans partage. »
Dernière discussion de l’une de mes victimes.

Il existe une légende à Terra qui raconte que, la nuit, un démon tout droit venu de l’âge sombre viendrait enlever les enfants qui ne sont pas sage de leur lit pour les emmener dans sa grotte, et les dévorer. C’est un conte de bonne femme bien sûr, et j’y ai déjà eu le droit lorsque j’étais encore trop petite pour comprendre que ce n’étaient que fadaises, mais il y a un soupçon de vrai dorénavant dans cette histoire. Je suis le démon qui vient la nuit pour attraper les personnes nuisant à la nation, et ces « enfants pas sages » sont les politiciens corrompus, espions des royaumes voisins et bien d’autre encore, exerçant des métiers aussi divers que possible… Cela ne m’empêche en rien d’accomplir ma sombre besogne, et pour cela j’ai contracté un pacte avec une magicienne, une fille que je respecte plus que tout au monde, et que je ne laisserais tomber sous aucun prétexte.
Ce pacte, c’est l'image même de ce genre de monstres qui vient la nuit, mais également de mon regret face à l’attitude de mon père qui a simplement disparu, et le fardeau de ma naissance en général de toute façon. J’ai souvent souhaité m’effacer de ce monde sans plus de cérémonie, disparaître dans les ombres sans jamais revenir, mais la vie n’est pas aussi facile que cela… Alors la capacité que ce lien a éveillée chez moi est une alternative à cette envie. L’invisibilité, voilà mon pouvoir de pacte. Disparaître dans les ombres jusqu’à en devenir une moi-même, être aussi visible que l’air qui nous entoure, et se fondre parfaitement le décor, voilà ce qui me caractérise. Avec le temps, peut-être finirais-je par découvrir les secrets de l’immatérialité totale, et disparaître deviendra alors de l’ordre du possible, mais cela prendra longtemps, j’en ai bien peur, avant que je puisse m’effacer moi-même.
Au jour d’aujourd’hui, je ne maîtrise que la disparition purement « visible » si j’ose dire. Je ne deviens pas immatérielle, et un coup pourrait tout à fait me tuer alors que la personne qui l’a porté ne me voit pas. Ce qui me force à faire bien attention aux personnes qui m’entoure lorsque je suis dans cet état : si l’une d’elle a une expression suspecte, je m’en éloigne aussitôt, de peur qu’elle m’ait repérée, mais il est vrai que cette aptitude est une véritable bénédiction de manière générale. Je crois que je commence à suffisamment la maîtriser pour que cela atténue également les sons que je produis, mais j’en suis moins sûre puisque je n’ai jamais été du genre à faire du bruit, bien au contraire même. Au final, cela m’amuse, car je suis aussi bien invisible physiquement que dans l’esprit des gens… Officiellement, je n’existe pas, et même mon corps semble appuyer ce point de vue.

«C'est la nuit la plus noire qui précède toujours l'aube. »


Influence et Relations : Sarah Storm:

Je vais commencer par-là, puisque c’est la personne qui me tient le plus à cœur… Bon, vous devez d’abord savoir que Sarah est ma pactisante, et que notre relation… Eh bien, elle se trouve être plus que bizarre. Je la connais depuis des années maintenant, mais je n’ai toujours pas réussi à mettre de mots sur ce qui nous uni, outre le lien inhérent à notre pacte… C’est de l’amitié, certes, mais c’est surtout beaucoup plus que cela, aussi le terme me paraît mal choisi… Nous ne sommes pas vraiment un couple non plus, même si nous avons déjà eu des relations intimes (fermez la bouche, vous êtes en train de baver là). Enfin, bref, Sarah et moi c’est une histoire qui n’est toujours pas réellement définie, mais ça ne m’empêche pas de l’adorer, et surtout de faire bien attention à elle. Je lui fournis les ouvrages, elle me fournit la magie, et la puissance nécessaire pour utiliser mon pouvoir de pacte. Là où elle est, vous pouvez être sûrs que je ne suis jamais bien loin, et si vous touchez à un cheveu de sa tête, je vous tombe sur le râble suffisamment fort pour que vous n’essayiez plus jamais. Jamais. Pourtant, beaucoup s’étonnent de notre relation pratiquement fusionnelle, car nous sommes des opposés presque parfaits. Elle est fille d’une famille noble, et s’est enfuie lorsqu’elle était adolescente car elle se sentait trop enfermée, et que sa vie future la dégoûtait (autant que la dégoûtait son futur mari je crois). Moi, au contraire née dans la rue, je me suis enfermée dans les ombres. Elle est une fille douce, gentille et toujours serviable, qui ne se met pratiquement jamais en colère, alors que je suis quelqu’un d’acerbe, au sang chaud et je n’aime pas témoigner de l’intérêt au gens… Elle est magicienne du vent, alors que je suis plutôt du genre à mettre le feu aux endroits dans lesquels je passe… Totalement opposées vous dis-je, et pourtant notre relation est bien plus forte que celle que pourraient avoir deux sœurs… Je suppose que c’est parce qu’au fond, nous sommes toutes les deux un peu des rêveuses. Ah, un dernier conseil, ne cherchez pas à l’énerver. Elle ne se met pas facilement en rogne, mais lorsque c’est le cas, c’est dévastateur, et pour en avoir fait l’expérience une fois… Eh bien, c’est un conseil d’ami, ne faites pas la même erreur.



Mira Han :


Voilà, je vous présente ma supérieure. Je ne la connais pas vraiment hors du travail, outre les quelques fois où j’ai eu l’occasion de l’observer en toute discrétion, mais je suppose qu’il est important que j’en parle quand même. C’est un agent de liaison, qui transmet les ordres des types qui dirigent réellement mes actes, d’hommes et de femmes qui n’ont qu’à donner un nom pour que la personne meure dans la semaine… Ce sont les cerveaux de Terra, qui cherchent le pouvoir, mais également la sauvegarde de la patrie, et je suis simplement leur bras armé. Pour l’avoir espionnée plus d’une fois (oui, je sais, c’est pas bien, et si ça s’apprend, je risque gros), je sais qu’elle est l’ordonnance de la Grande Générale actuelle, Brunhild Mayfair. Par contre, je ne sais pas si c’est réellement cette femme qui donne les ordres, sachant que je n’ai jamais assisté à l’un d’entre eux… En fait ça pourrait aussi bien être une couverture pour éviter de mouiller les véritables responsables de mes actes, mais je suis dans l’incapacité de le vérifier, alors pour le moment je pars du fait que les apparences ne me trompent pas cette fois. En fait, je ne la connais que depuis un an, depuis la nomination de l’actuelle Grande Générale à ce poste, mais son prédécesseur était dans le même genre… Ils sont persuadés que je ne connais pas leur identité, et qu’ils me manipulent à leur guise, et grand bien leur fasse, ça n’a aucune importance, mais il faudrait voir à pas trop me prendre pour une conne non plus. Enfin, bref, c’est juste un agent de liaison qui se croit supérieur, et que je n’aime pas plus que ça, mais il faut faire avec.


Oballa Feunoyr:

Bon, je vais être franche avec vous, c’est le nom que la jeune femme m’a donné que vous avez déjà lu, mais certainement pas son vrai… On utilise rarement sa véritable identité lorsque l’on veut rester incognito, j’ai d’ailleurs quelques pseudonymes à mon actif également. Enfin, bref, vous devez savoir que cette jeune femme est une sorte de « collègue », car si elle n’est pas supposée m’aider, être ma coéquipière ou quoique ce soit dans le genre, elle a un domaine d’activité proche du mien. Elle est engagée par l’un des membres du sénat dont elle m’a caché l’identité, et elle est la partie d’un réseau d’espionnage que celui-ci entretient… J’aurais bien mon idée sur l’identité de son employeur, mais comment être sûr alors que cette assemblée de politicien trahit les autres à tour de bras ? Tous ou presque pourraient être les instigateurs de ce genre de coup bas, c’est pour cela que je ne préfère pas m’avancer. Bon, enfin, ce n’est pas ce qui nous intéresse. Notre relation ne tiens pas vraiment de l’amitié, même s’il est vrai que je l’apprécie passablement, et qu’elle me le rend bien. En fait, c’est plutôt quelque chose qui ressemblerait à du marchandage, mais pas de biens physique, plutôt d’information… Nous nous facilitons la tâche l’une l’autre, en échangeant des renseignements de natures diverses, qui a disparu mystérieusement de nos main récemment, et qui est dans le collimateur, ou encore qui a visiblement trahi Terra… Je crois bien que je lui ai sauvé la vie une fois, où elle a failli se jeter dans un piège, mais dans le métier, on dit merci puis on oublie… Il est compliqué de rendre les faveurs, autant s’estimer heureuse qu’elles nous aient été accordées. Dans l’ensemble, c’est une jeune femme vive d’esprit, qui vient d’Ignis, ou tout au moins des régions frontalières avec le pays… Elle est tout à fait remarquable lorsqu’il s’agit d’entrer quelque part sans se faire remarquer, mais est bien plus tournée espionne qu’assassin, aussi il ne faut pas trop compter sur elle en combat, bien qu’elle sache se défendre. Au final, je dirais que ce n’est pas quelqu’un sur qui il faut compter, mais c’est bien certainement une source de renseignement appréciable… Lorsque l’on a ce qui l’intéresse.




Ellaria Veers :


Me voici face à ma relation la plus conflictuelle, et pourtant qui fait partie des plus importantes. Ellaria est ma mère, une femme que j’aurais sans doute aimée de tout mon cœur si les circonstances de ma naissance avaient été différentes… Mais aujourd’hui elle ne m’apparaît que comme la personne trop naïve qui n’a pas réfléchit à ses actes lors de ma conception. Nous deux, ça n’a jamais vraiment collé pour cette raison, petite c’était parce que je ne comprenais pas pourquoi personne ne voulait me fréquenter, qu’ils disaient que ça avait un lien avec mon père, et ma mère refusait d’en parler, et maintenant que j’ai grandi c’est plutôt son irresponsabilité qui me met en rogne. Elle est pourtant gentille, mais elle a toujours eu tendance à ne pas réfléchir aux conséquences de ses actes, et est bien plus impulsive que moi… Aujourd’hui, notre relation s’est réduite à peau de chagrin, je préfère ne pas aller la voir… Parce que je sais que ça se passerais mal, et qu’elle finirait en pleur, ce dont je détesterais être la spectatrice, et surtout parce que, si elle a fait une erreur dans sa vie, alors moi aussi… J’ai fini par suivre une voie bien sombre, et c’est une forme de honte qui m’empêche de retourner voir ma mère… Que dire lorsqu’elle me demandera ce que je fais de mes journées ? Lui mentir ? Non, c’est l’une des seules personnes avec qui je souhaiterais être honnête… Enfin, je l’emporte un peu partout avec moi grâce à son pendentif, mais ça ne remplace pas une présence maternelle au final. Je l’aime, car c’est ma mère, et qu’elle ne mérite pas non plus d’être haïe par sa fille, mais je ne puis accepter ce qu’il s’est passé pour ma naissance… Le fait qu’elle garde encore l’identité de mon père secrète est également un mystère pour moi… Je souhaiterais que cela s’arrange, et que nous puissions entretenir une réelle relation, mais je ne me fait pas trop d’espoir pour cela… Elle m’a déjà suffisamment déçue…


Kunkka Proudmoore:

Bon, ça c’est mon principal contact lorsqu’il s’agit d’interférer avec des milieux où la légalité n’est qu’un lointain souvenir, et au mieux un conte de bonne femme. Kunkka comme il se fait appeler est un baron du crime organisé, du genre à vendre sa mère pour un quignon de pain, et avec à peu près autant de pitié que moi, ce qui me convient assez bien. Il a un certain nombre d’hommes sous ses ordres, et trempe dans la plupart des affaires pas nettes qui ont lieu à Terra, mais également dans les autres nations d’Albion (quoique je doute qu’il ait des parts de marché importante à Aquaria). On entretient une relation marchande, encore une fois, car c’est souvent le cas lorsque l’on vit dans l’illégalité… Il me balance ses collègues, me permet d’écouler certaines babioles que je ne devrais pas avoir en ma possession à l’occasion, et en retour je l’informe lorsqu’il est traqué, et par qui, ce qui lui permet de s’échapper. C’est un homme habile et intelligent, on ne devient pas facilement important dans le monde de la pègre lorsque l’on est un âne. Notre relation est supportée par le commerce, et les échanges de bons procédés, mais je n’ai jamais râlé à aller prendre un verre avec lui (après avoir vérifié qu’il n’y avait pas de poison dedans). Au final, il m’est assez sympathique, et ses hommes sont de joyeux truands, du genre pas fréquentable du tout, ce qui me convient bien mais ulcère Sarah. On ne peut pas avoir confiance en lui pour un clou, et je suis certaine qu’il a déjà tenté de me vendre à d’autres personnes souhaitant disposer de mon cadavre, mais ils ne sont jamais arrivés à leurs fins… Un ami sur lequel on peut compter donc !




Nymeria
Nymeria
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Ven 3 Mai - 4:24
Histoire Attendez ! Je m'excuse de vous déranger dans un moment pareil, mais je pense que c'est important. Ma présence est directement liée à l'histoire que vous allez lire, aussi je vous demande de m'écouter attentivement, les informations qui vont suivre sont cruciales et vous intéresseront sans le moindre doute. Qui je suis ? Ah, oui, désolé, j’ai oublié de faire les présentations, j’en perds mes bonnes manières… Eh bien, je suis Ellaria Veers, la mère de Nymeria, la jeune femme dont vous alliez ouvrir le journal intime. Pour avoir tous les éléments du puzzle, vous avez besoin d’une donnée importante que ne possède pas ma fille, sans cela il manquerait la raison même d’exister de ce récit.
Je parle de l’identité de son père. Vous le savez comme moi, et elle le répète suffisamment souvent pour qu’on s’en rappelle, mais ma fille est une bâtarde. J’avoue que j’ai couché, à ma grande honte, avec un noble marié, et qu’elle est le fruit de cette union. Cet homme donc, qui n’est même pas au courant qu'il est le géniteur d’une fille naturelle, se trouve être encore en vie, et proche des cercles du pouvoir actuel : C’est Julien Mayfair, mari de Deirdre Mayfair et père de deux jeunes femmes, Brunhild et Morgane. Des enfants qui ont hérité d'une vie bien plus satisfaisante de celle de sa dernière fille.

Cela fait quelques 29 années que je l'ai vu pour la première fois, en tant que domestique de sa maisonnée, de passage à Hystia. Après plusieurs mois à le servir, nous avons entamé une relation plus poussée que celle de simple employé/employeur, si vous voyez ce que je veux dire… Sa femme, bien qu’il en soit profondément amoureux, ne lui a jamais rendu ses sentiments, et il en a conçu une frustration, et un désespoir suffisant pour aller voir ailleurs… Et je lui ai ouvert ma porte. Nous deux, ça n’était pas une histoire d’amour, il me l’a tout de suite fait comprendre, juste une sorte de défouloir, mais je ne lui en voulais pas… Sauf qu’il a fini par me mettre un bébé dans le ventre, et ne jamais revenir, non pas par peur de l'enfant car il ne connaît même pas son existence, mais bien parce que ses obligations l’appelaient ailleurs.
Vous comprenez peut-être un peu mieux le mystère que je garde autour des origines de Nym’… C’est une bâtarde, ce qui est déjà monstrueux en soit, surtout dans un pays comme Terra, mais surtout elle est née de la frustration d’un homme dont l’amour s’est vu battre en brèche toute sa vie… Être né de deux parents qui s’aiment est la plus belle chose qui soit, être né d’un homme amoureux, mais rejeté, qui recherche le réconfort auprès d’autres femmes, cela doit bien être la pire… Je cherche à la protéger de cela au final, de ce qui est ma très grande faute, même si je sais qu’elle ne me comprend pas…

Enfin, je suppose que maintenant que vous avez toutes les cartes en main, vous pouvez entendre ma fille… Même moi je ne connais pas tout de sa vie, bien loin de là d’ailleurs, mais elle mérite que vous y prêtiez attention, car au final son récit est celui de la misère, et de la cruauté humaine… Et, si vous pensez que c’est une mauvaise femme, penchez-vous plutôt sur les actes qui l’ont façonnée, je suis sûr que vous y trouverez une explication, et peut-être même la force de lui accorder un pardon qu’elle n’a jamais accepté…
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Eh bien, bienvenue chez moi. Si quelqu’un lit ces lignes, sachez que ça ne vous est pas destiné… Ça n’est destiné à personne d’autre qu’à moi-même de toute façon, alors oubliez toute idée de continuer votre lecture, maintenant. Enfin, je suppose que ça ne vous arrêtera pas de toute façon, il faut bien être réaliste… Sachez juste que vous lisez ceci à vos risques et périls, et si je vous surprends en train de faire cela, vous êtes mort, sans concession possible. J’ai écrit ce livre pour lui confier mon histoire, et éviter d’avoir besoin d’un ami auquel je pouvais tout dire, mais je refuse que quelqu’un le lise… Enfin, il y a peut-être un peu de ça dans les raisons qui m’ont poussées à le rédiger, le frisson de savoir que quelqu’un le trouvera un jour… Et qu’il pourra l’utiliser contre moi, ou au contraire décider de se ranger de mon côté.
Mais, je ne vais pas disserter sur ce sujet. Voilà, je suis Nymeria, et ceci est mon journal intime. Je n’aime pas écrire cela, car c’est prendre des risques inconsidérés, mais je vais le faire tout de même, je n’ai jamais eu beaucoup de considération pour le danger, et jouer avec le feu est un plaisir… Et puis, la logique, c’est terriblement ennuyeux, vous comprenez ? Bien sûr que oui, sans cela vous auriez déjà arrêté de lire ceci. Bienvenue chez moi, bienvenue dans ma vie...

Ah, j’oubliais, peut-être vous faudra-t-il quelques informations supplémentaires avant de continuer, sur moi et ma vie… Eh bien c’est parti alors.
Hystia. Rien que le nom de cette ville est imposant, et je suis sûr que dès que j’y ai fait référence l’image de la cité est apparue dans votre tête. Les hauts murs blancs qui la cernent, les étages qui se succèdent en direction du palais royal, et au milieu de tout cela une population qui vaque à ses occupations, vendant et achetant, transmettant des messages ou forgeant, les activités que renferment la cité sont presque infinies… J’ai toujours trouvé l’endroit magnifique, et c’est de bien loin ma ville favorite de tout le royaume, et à fortiori de tout le continent.
Voilà, ça c’est le cadre de ma naissance. Au milieu des murs blancs, dans une salle occupée par trois personnes, une femme est en train d’accoucher… A côté d’elle, deux sages femme, qui lui montrent la voie pour faciliter la mise au monde de l’enfant, de moi. Pas de mari aux alentours, personne n’est venu assister à l’évènement. Après plusieurs heures de travail, je nais finalement… Les deux jeunes assistantes me regardent avec un brin de peur dans les yeux, l’une coupe le cordon ombilical, et l’autre me tape sur les fesses… Je commence à pleurer. Voilà, elles sont rassurées, et me remettent à ma mère qui pose un regard entre le bonheur absolu, et la culpabilité sur moi.

Ellaria me l’a dit plus tard, je suis née trop tôt, environ un mois avant la date indiquée… Ça s’est déjà vu, et la maternité n’est pas une science exacte, aussi les médecins étaient plutôt optimistes, et ils avaient bien raison puisque j’ai survécu, je ne serais pas là pour le raconter sans cela. Des fois, je le regrette, en me disant que tout aurais pu finir là, avant même que je n’en ai conscience, mais le destin est joueur je suppose, et ça n’a pas été à son goût comme fin… Trop facile j’imagine.
Enfin, bref, me voici née, poupon que rien ne différencie des autres, braillard et insupportable… Enfin, si, il y a une petite différence en fait, mon père n'a pas assisté à l'accouchement… Enfin, il n'y avait pas de père pour y assister en réalité, rien que ma mère et les sages femmes... Qui sais ce qu'aurait été ma vie sans cela... Un nom, et peut-être même un prénom différent... L'ensemble de mon existence à part, balayée. Mais il ne faut pas que j'extrapole ainsi... Pas si je veux rester saine d'esprit.

Bon, la suite alors. Ma mère n’était pas bien riche, elle servait de domestique dans les maisons les plus fortunées… Oui, c’est un travail qui peut paraître enviable, pour le statut social qu’il confère, la sécurité ainsi qu’une petite myriade d’avantages divers, mais ça veut également dire se faire marcher sur les pieds à longueur de temps (sauf exception), devoir supporter les piques d’hommes et de femmes qui se pensent supérieurs à vous… Moi je n’aurais pas pu, alors je respecte ma mère pour la patience dont elle a fait preuve toutes ces années.
Nous vivions dans une petite maison construite sur le palier le plus bas d’Hystia, là où se regroupe une grande majorité de la population, les personnes n’ayant ni l’argent ni l’importance pour s’acheter un logement dans les étages supérieurs, car croyez-moi, la cité blanche est une ville où la hiérarchie sociale se fait sentir, et pèse lourdement sur ceux qui soutiennent la pyramide. Comme la plupart des bâtiments de la ville, notre habitation s’étendait sur deux étages, puisqu’on a tendance à construire plus en hauteur qu’en largeur dans la capitale, histoire d’économiser de la place… Etriqué, mais confortable, et puis c’était l’atmosphère d’un véritable logis, ces rares endroits où l’on se sent en sécurité… Satisfaits alors ? Bien, nous allons pouvoir continuer.

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« -Descend de la Nym’ ! Tout de suite !
-Jamais ! »

Plaçant un pied devant l’autre, je m’avançais vers le bout de mon promontoire. D’un côté, le vide, de l’autre… Eh bien, le vide aussi. Je suis sur le toit d’une maison, sur une poutre qui se trouve au faîte même de la charpente, entourée d’ardoises servant à protéger les étages inférieurs. Je saute d’un coup, fait un petit tour sur moi-même, et retombe, me rattrapant sur un pied. Je tremble à peine, et pourtant ma mère crie d’effroi depuis le bas, et je crois même apercevoir une autre servante qui s’est évanouie. J’éclate de rire, du rire le plus doux qui soit, celui qui vient naturellement et sans problème, celui qui résulte d’une joie simple… Le vent qui souffle dans mes cheveux me plaît tellement, et sous mes yeux, tout Hystia, et plus loin les marais et plaines qui l’entourent… La vue est magnifique, et je m’assois pour la contempler, totalement hermétique au monde extérieur… Oui, il y a quelques instants je faisais des acrobaties, mais c’est mon plaisir, ce frisson de danger face à la mort qui peut vous cueillir… Je suis de toute façon trop jeune pour m’en rendre vraiment compte. Mes doigts pianotent sur le bois à côté de moi, j’ai besoin de m’occuper les mains… Je suis passablement hyperactive… Après une trentaine de secondes à rester assise, je me relève, et saute à nouveau, avant de me recevoir avec grâce, et enchaîner sur une roulade. Encore un hurlement. Tout sourire, je me retourne vers elle, et lance aussi innocemment que possible :

« -Montes toi, tu vas voir, c’est rigolo ! »

Elle verdit à cette idée, et je décide de ne pas insister. Ma mère n’a jamais été du genre casse-cou, alors avec une fille de six ans vous pensez… Je n’en profite pas moins pour me ruer vers la tour qui trône fièrement à l’un des angles de la maison. Une fois-là, j’attrape à deux bras l’ardoise, et je recommence à grimper… Après quelques secondes seulement, je dérape, et je retombe à mon point de départ, les mains ensanglantées, mais toujours aussi décidée, alors je cherche une approche différente pour continuer ma progression.
Voilà, ça, c’est moi. J’étais venue au monde un peu plus de six printemps auparavant, et pourtant j’avais déjà une forte personnalité… Ma mère servait de domestique dans les maisons nobles des étages supérieurs d’Hystia, et elle m’emmenait lorsque je n’avais pas cours, comme elle m’avait emmenée pour s’occuper de moi sur son lieu de travail durant les années précédentes. J’avais pris la (sale à son goût) habitude de grimper partout où je le pouvais, et cette fois-ci je m’étais hissée en haut de la demeure, en m’aidant des sculptures qui décoraient les murs… Bien sûr, personne ne grimpait comme moi, aussi fallait-il attendre que je redescende par moi-même, car venir me chercher était simplement impossible.

L’envie de monter toujours plus haut me dater de quelques années déjà, mais je n’avais commencé à escalader des lieux réellement dangereux que quelques mois auparavant, lorsque je m’en étais sentie réellement capable. J’aimais tester mes capacités, montrer que j’étais capable de quelque chose d’extraordinaire, mais pas que… Lorsque vous étiez là-haut, surplombant toute la cité blanche, vous aviez une sensation à nulle autre pareille… Un mélange étrange entre la fierté, et l’impression d’être simplement minuscule face à une telle immensité. Le vent dans vos cheveux, les paysages qui s’étendaient à perte de vue, voilà ce qui me plaisait, la sensation d’une liberté infinie alors que j’étais là-haut… C’était simplement magique.
Bien sûr, ma mère n’aimait pas ça… Vous imaginez, votre enfant que vous considérez comme très jeune qui commence à grimper à des endroits où vous savez que vous ne pouvez pas aller sans vous tordre le coup ? Elle était terrifiée, et pourtant je n’en faisais qu’à ma tête, non pas pour l’embêter bien sûr, c’était le temps où je m’entendais encore assez bien avec elle, mais pour mon plaisir personnel, et sans réfléchir à ce qu’elle pouvait bien en penser… Ellaria n’était pas vraiment ce qu’on pourrait appeler autoritaire, aussi je ne m’inquiétais guère de ce qui pourrait m’arriver lorsqu’elle m’attraperait… Bien sûr je finirais par redescende de mon perchoir, mais je savais qu’elle me laisserait tranquille à ce moment-là, ou tout au moins elle ne prendrait pas de mesures draconiennes pour m’arrêter… Non, je ne risquais rien, ce qui me poussait à faire les plus grosses bêtises.

En fait, il y a une autre raison à mon goût des hauteurs… Lorsque vous êtes petits, tout le monde vous domine par sa taille, et ils baissent les yeux sur vous. En soit, ce n’est pas bien grave bien sûr, c’est même plutôt rassurant lorsqu’ils vous regardent avec bienveillance, car vous sentez qu’il y aura quelqu’un de plus fort que vous pour vous protéger… Le problème, c’est lorsque ce regard qui se pose sur vous n’est pas bienveillant. Je ne dirais pas qu’il est mal intentionné, bien sûr, ce serait bizarre vis-à-vis d’une petite fille mais… Mais il n’est pas gentil. Voilà, je ne sais pas comment l’expliquer mieux en disant qu’il n’y a pas cette douceur, cette gentillesse et ce côté « oh comme elle est mignonne » dans les yeux des gens… Non, pour ceux qui connaissent un peu ma mère, il est au mieux pincé, gêné par ma filiation… Pour ceux qui l’ont appris d’une manière X ou Y, mais qui ne savent rien de notre vie, et n’ont aucun lien avec ma famille, c’est plutôt du dégoût affiché, voire une certaine forme d’hostilité, ou de moquerie… Aujourd’hui, je pourrais tous leur crever les yeux pour cela, juste pour ne plus me sentir observée, mais il faut admettre que ce ne serait pas très courtois.

Finalement, après quelques essais supplémentaires, j’ai abandonné l’idée de continuer à grimper, et j’ai décidé de redescendre. Sautant avec adresse jusqu’au bord du toit, je me rattrapais à l’une des gargouilles ornant la face de la maison, suspendue au-dessus du vide. Les personnes assistant à ce spectacle étaient maintenant au-delà des cris, et je ne pouvais plus lire qu’une appréhension terrible dans leurs regards, celle que je chute et que je m’écrase en un petit corps désarticulé plus bas… Mais telle n’était pas mon intention, après quelques mouvements de balancier, je me jetais sur une autre des structures, rattrapant mon poids grâce à mes bras, les jambes pendant dans le vide. Finalement, je décrochais une main pour attraper une applique en fer, et un saut plus tard j’atterrissais dans une chambre quelconque de l’étage, sous le regard médusé des spectateurs… C’était un spectacle terrible et magnifique à la fois, celui de la vie qui combat la mort, et tout ne se joue alors qu’à un fil... C’est terriblement excitant.
Une fois redescendue, j’eus droit aux remontrances de ma mère, qui me répéta plusieurs fois qu’heureusement que ses employeurs n’étaient pas là, sinon elle aurait sans doute perdu son travail… Je faisais une mine contrite et acquiesçait, mais jamais dans ma vie je n’aurais renoncé à ce plaisir de grimper aux cimes. Toutefois, il fallait faire profil bas quelques temps, pour qu’elle puisse se calmer, avant de recommencer. Pour la fin de la journée au moins, je serais calme. Après qu’elle eut fini sa rebuffade, elle retourna à son travail, et je me trouvais un coin tranquille dans une pièce isolée pour penser… J’étais un enfant à l’imagination fertile, et lorsque je ne savais que faire, je trouvais simplement un endroit où m’asseoir, et j’imaginais un monde où je n’étais non pas une princesse comme toutes les autres petites filles, mais un brigand au grand cœur qui volait aux riches pour donner aux pauvres… Ce rêve là au moins s’est réalisé en partie… C’est raté pour le grand cœur, j’en ai bien peur.

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Réécrit en 760


« -[…] Et cet évènement marqua l’avènement de l’empire, dirigé par le tout puissant Ehol. Voilà, vous pouvez ranger vos affaires, c’est fini pour aujourd’hui, bonne soirée. »

J’écoutais attentivement les paroles du professeur… La déception m’envahit lorsqu’il annonça que le cours était terminé, mais je faisais comme tous les autres et rangeait mes affaires sans rechigner. Les cours d’histoire étaient mes préférés, et je n’aimais pas lorsqu’ils se terminaient, même lorsqu’il s’agissait de rentrer chez moi pour profiter un peu de mon temps libre… Je veux dire, je n’avais rien à faire à la maison, alors qu’en apprendre plus sur les périodes importantes qui avaient parsemé l’histoire non seulement de Terra, mais plus généralement de tout Albion me passionnait simplement, et j’aurais souhaité en apprendre plus. Les héros de l’ancien temps me fascinaient, tout autant que les inventeurs et les idéalistes qui avaient essayés de révolutionner leur temps, qu’ils y aient réussi ou non… Ehol lui-même restait un mystère, dirigeant tout puissant d’une nation recouvrant tout le continent, et pourtant les informations sur lui n’étaient pas légions, ou tout au moins guère fiables à cause du culte qui s’était élevé autour de lui… Ma mère m’avait appris à ne pas croire sur parole tout ce que disaient les religieux, et mon professeur avait exactement le même discours qu'eux, du moins à mon sens.
Enfin, tout ne se rapportait pas à la théologie ici, et j’en étais bien heureuse. Je n’étais pas encore réellement athée à cette époque c’est plutôt que je ne savais guère que penser, mon rejet d’une quelconque divinité viendrait plus tard. Bref, comme je le disais, la religion n’avait pas d’impact sur la majorité des cours ici, seulement ceux qui y étaient liés… Mais, je les écoutais avec même passion. J’étais une très bonne élève, j’écoutais durant toute la durée du cours en discutant le moins possible, bien que je sois assise à côté de Sam… Lui faisait de même, et ensemble nous progressions le plus rapidement possible, plus rapidement que la plupart de la classe en réalité. Nous étions les deux petits génies qui travaillaient chez eux, ne faisait pas une vague en cours, et qui avaient même le culot de poser des questions pour en apprendre plus par eux-mêmes. J’aurais même tendance à dire que nous posions trop de questions, quelque chose qui a tendance à vite devenir énervant, mais vous comprenez qu’à cet âge-là, on est curieux de tout, alors on pose des questions à tout va, fussent-elles stupides, au moins elles ne nous le semblaient pas.

Mes affaires à la main, je quittais la salle de classe avec mon compagnon, nous dirigeant vers le portail qui signifiait notre liberté pour ce soir au moins. Nous discutions déjà de ce que nous venions d’écouter en cours, extrapolant des choses qui me semblent totalement stupides aujourd’hui, mais qui à l’époque avaient une importance toute particulière, qu’importe le sujet. Est-ce que vous pensez qu’Ehol aimait la musique ? Sans doute, qui déteste cela de toute façon ? Ou encore, qui avaient étés ses parents, d’où venaient-ils, qu’avaient-ils fait de leur vie ? Des questions que j’avais tendance à me poser, mais Sam lui ne les envisageait même pas… Contrairement à moi, c’était un fervent croyant, et il répétait tout ce qu’il avait pu entendre dire par les religieux de tous poils, à mon grand désespoir… Cela manquait d’un esprit critique, et d’un avis personnel à mon avis, et lorsque je lui en parlais, il balayait l’argument d’un revers de main en disant qu’il avait choisi de croire, et que c’était pour lui bien suffisant comme raison, de toute façon pourquoi mentir dans de telles proportions n’est-ce pas ? Je n’avais pas les arguments pour le contredire à l’époque, alors il s’en sortait car je ne pouvais plus répondre sans passer pour ridicule.

Une fois passé le portail en fer forgé qui délimitait notre école, je lui disais au revoir le plus gentiment du monde avant de partir de mon côté… Il n’habitait pas exactement du même côté de la ville que moi, même si c’était le même quartier, aussi nous rentrions séparément chaque soirs, seuls avec nous-même. Mais je ne vous aie peut-être pas encore présenté Sam, si ? Ce serait dommage de rater ça, je vais le faire maintenant. Bon voilà, j’ai rencontré cet adorable personnage durant l’année de mes quatre ans, même si je n’en ai guère de souvenir depuis… On va dire que l’an 739 après la fondation de l’empire était une année charnière dans ma vie, car c’est à ce moment-là que j’ai perdu contact avec le reste des enfants… Quelqu’un a eu la bonne idée de se renseigner sur ma filiation puisque je refusais déjà de dire mon nom, et voilà ce sur quoi ça a débouché… Les parents me fermaient leur porte, disant à leurs enfants de m’éviter, de peur que je ne leur transmette une quelconque maladie propre aux bâtards… Certains allèrent même jusqu’à dire que c’était la cause de mes yeux vairons… Ce qu’il faut pas entendre…
Bref, j’étais donc totalement seule dans ma vie de tous les jours, après avoir joué pendant des mois avec d’autres petits garçons et filles de mon âge, les voilà qui avaient disparus, et il ne me restait plus que mes yeux pour pleurer, et contempler ma solitude dans son ensemble… Je retournais malgré tout au lieu où nous jouions, mais on m’évitait maintenant, on se moquait de moi car je n’avais pas de père, et les piques fusaient… Oui, les enfants peuvent être cruels… J’ai beaucoup pleuré durant cette période, j’ai essayé de leur explique que mon père, je ne l’avais même pas connu, mais personne ne m’écoutait, alors je gardais mes explications pour moi, et je me renfermais dans le silence… Ce silence, une seule personne avait réussi à le briser, et c’était Sam.

Après plusieurs jours passée seule, il était venu vers moi, sans méchanceté, juste doux et gentil… Moi qui pleurais encore une fois sur un banc, je n’avais pas eu la force de refuser son attention, même si je craignais que ce ne fût pour se moquer un peu plus de moi. Ce n’était pas le cas. Il m’a réconfortée pendant plusieurs dizaines de minutes, jusqu’à ce que les larmes arrêtent de couler, et que je redresse la tête. Là, il m’avait regardé avec un grand sourire, un sourire simple de joie et de gentillesse… Un sourire contagieux. Au lieu de me rejeter, il avait essayé de me comprendre, et après que je lui ai expliqué comme je le pouvais, nous avions convenu de ne plus en parler, par respect pour moi, et parce que ça me gênait profondément… Un petit ange je vous dis ! Enfin, bref, depuis nous étions les meilleurs amis du monde, toujours à faire les 400 coups ensemble, dont un qui n’arrivera que quelques années plus tard mais que je ne peux résister à l’envie de vous le compter ici : la repeinte totale d’une compagnie de garde à l’aide d’un pot de peinture rouge, d’une connaissance relativement fine des itinéraires de ronde, et d’un emplacement sur un toit tout ce qu’il y a de plus pratique. Enfin, ensemble, nous étions très bien, et nous formions le plus mignon des couples d’après ma mère… Ce qui me dérangeait un peu, c’est que ses parents n’aimaient pas vraiment ça, et que les autres enfants l’avaient abandonnés comme pour moi, mais lui s’en fichait visiblement, alors autant en profiter simplement.

Autant dire que j’avais de l’affection pour ce petit bonhomme, et c’est avec une lueur de gentillesse dans le regard que je le regardais retourner chez lui, attendant qu’il ait passé le coin de la rue avec un signe de la main qui m’était destiné pour me mettre en route. Mes affaires n’étaient guère encombrantes, elles tenaient sous mon bras, et j’avançais d’un bon pas dans les rues qui s’assombrissaient… La nuit tombait tôt sur ce versant de la montagne, et mon voyage de retour se faisait souvent en même temps que l’allumage de la plupart des torches éclairant la ville, spectacle que j’adorais… On aurait presque dit une haie d’honneur à mon intention, et pour moi seule simplement, car j’avais cette faculté d’ignorer le reste du monde qu’ont tous les enfants. Cette fois-ci, je me laissais emporter par mes rêveries, et je tournoyais dans les rues, sautant d’un côté à l’autre prise dans des batailles épiques qui n’avaient lieux que sous mon crâne, où j’étais un simple soldat qui se distinguait par ses faits d’armes, et devenait par conséquent un héros… C’était ce que je cherchais le plus à cette époque en réalité, la reconnaissance, qu’on m’accepte pour ce que j’étais et qu’on puisse finalement passer à autre chose, qui reposerait sur moi et ce dont j’étais capable plutôt que ce que mon père avait fait.

Enfin, dans toute histoire il y a sa part d’ombre, et cette reconnaissance ne viendrait jamais. En revanche, les épreuves elles seraient bien présentes, et il me faudrait les affronter par la suite. La première allait d’ailleurs commencer alors que je ne m’y attendais pas du toute, insouciante que j’étais. Je n’étais plus qu’à 5 minutes de la maison, et mon pas avait ralenti, je voulais encore profiter un peu de l’air frais du soir avant de rentrer dans mon logis, où je savais que je passerais la soirée à me tourner les pouces, à mon grand désespoir… Enfin, peut-être que ça aurait mieux valu que ce qu’il se passa par la suite. Alors que je passais près d’un parc, l’un de ceux qui permettent de se détendre, et offrent une alternative agréable à l’urbanisation générale de la cité, je fus surprise par l’arrivée d’une dizaine d’autres personnes de mon âge.
Au début, je ne me doutais pas de ce qui motivait leur venue, alors je les accueillais avec une circonspection non feinte… Que venaient-ils faire ici à cette heure-ci, voilà ma question, mais je me rendis bien compte que leurs intentions n’étaient pas vraiment amicales. Ils étaient répartis en cercle autour de moi, et le resserraient à chaque seconde, pas moyen de m’échapper. Finalement, après une inspiration profonde, je décidais qu’il valait mieux vendre chèrement ma vie que de les laisser m’étriper sans rien dire. Pas un n’était armé, certes, mais ils étaient venus ici pour me dérouiller, et ça se voyait à leurs yeux, et à leur attitude. Je me jetais donc sur le bout de boit le plus proche que j’avais pu trouver, une branche relativement épaisse qui devait bien faire cinq centimètres de diamètres, pour une cinquantaine de long. Ce mouvement fut le signe du départ de la bagarre. Mon arme à la main, je la fis tournoyer, et touchait l’un d’entre eux au coude, dans un craquement de mauvais augure, qui le mit directement hors combat… Juste avant que ses compagnons n’arrivent au corps à corps, j’assenais un coup sur les côtes d’un autre qui ralentit un peu, mais ne l’arrêta pas pour autant, et le massacre commença.

Oui, j’en avais mis un out, et sacrément stoppé un deuxième, mais ça n’était pas assez, ce n’était à peine qu’un cinquième de leur effectif, et maintenant j’allais avoir du mal à utiliser mon arme de fortune pour les repousser. Ceux qui étaient encore en forme me tombèrent dessus telle une meute de loup qui se jette sur une proie, et je n’eus même pas le temps de lever les bras pour me protéger que le premier coup vint percuter mon visage, vite suivit par un deuxième provenant de l’autre côté. J’essayais de me protéger tant bien que mal, mais ils visaient toute zone découverte, frappaient dans le torse, et les jambes, puis sur mon visage si je le découvrais, et ils criaient des mots haineux, des insultes, et plein de choses que je n’arrivais pas à comprendre au vu du déluge de coups qui me tombait dessus… Aucun moyen d’y échapper, juste attendre que ça passe. Après plusieurs minutes d’une succession ininterrompue d’attaques, je finissais par m’effondrer au sol, incapable d’en supporter d’avantage… Mais ils ne s’arrêtèrent pas là pour autant, me rouant de coups de pieds en tous genres, sans que je sois capable de faire quoique ce soit… Mon corps prenait des poses, et émettait des bruits dont je ne le savais même pas capable, et je me demandais quand est-ce que cela allait finir par s’arrêter… Mais ils ne faiblissaient pas, et le temps semblait s’écouler terriblement plus lentement, maintenant que j’étais là, recroquevillée entre eux à subir des coups les uns après les autres… Puis la délivrance vint, non pas sous la forme d’un quelconque secours, mais bien par une perte de conscience pure et simple.

Je ne saurais dire combien de temps s’écoulèrent avant que je reprenne conscience… Sans doute plus d’une heure, mais pas suffisamment pour que l’obscurité ait totalement recouvert les rues… Mon réveil ne se fit pas là où j'étais tombée auparavant, mais au milieu d'un buisson dans le parc adjacent, sous ses branches... J’étais seule étendue au sol, et j’avais mal partout… Ma première tentative pour me lever fut un échec lamentable, et je m’écrasais dans les plantes, incapable de me rattraper… Je commençais à me demander s’ils ne m’avaient pas cassé quelque chose, mais après une brève inspection, ce n’était pas le cas… J’avais plus que sûrement des côtes fêlées, et d’autres désagréments mineurs, mais rien de grave. Au second essai, plus prudent et moins rapide celui-ci, je finissais par arriver à tenir sur mes jambes, et à faire un bref état des lieux, en m’observant dans une mare à la limite du parc… Bon, je passerais l’état de mon hygiène corporelle, qui ne s’était guère améliorée après mon séjour sur le sol de la rue, mais il est certain que je n’étais pas belle à voir, mes cheveux ébouriffés et mes vêtements en partie déchirés…
J’avais la lèvre supérieure fendue, et un peu de sang rougissait mes dents, me laissant le petit goût salé typique du fluide vital sur ma bouche. Des bosses et des bleus commençaient déjà à faire leur apparition un peu partout, et mon visage tuméfié faisait peine à voir… Encore un peu et j’aurais pu faire une estropiée de guerre convaincante. Ma tenue était en lambeau, ou totalement foutue à cause des tâches de diverses substances qui s’accrochaient dessus dorénavant, et mon œil au beurre noir était un témoin poignant de la scène qui venait d’avoir lieu… J’avais définitivement triste mine, et je n’aimais pas ça… Ces lâches ne m’avaient même pas laissé l’occasion de me défendre… J’espérais avoir brisé un os à celui que j’avais réussi à frapper, avec un peu de chance il comprendrait que j’étais dangereuse, et que se mesurer à moi, c’était prendre le risque de prendre des coups, et pas les plus tendres qui soient. J'en aurais tremblé de rage s'il m'était resté quelque force... Je ne vous cache pas que les mois, et années suivantes, c’était la routine de se faire ainsi passer à tabac, ces séances de mise à mort publique pouvant se répéter jusqu’à trois ou quatre fois par semaines, à mon grand déplaisir… Mais certains moments plus calmes au contraire me permettaient de retrouver une tête qui n’était pas marquée par les coups, ce qui me plaisait… Le temps que cela durait.

Mon retour à la maison se fit d’un pas traînant… Je ne voulais pas rentrer, car j’imaginais déjà la réaction de ma mère face à mon état… D’abord elle crierait, sans chercher à comprendre, et me dirait que je ne faisais jamais attention à rien, et lorsque j’aurais réussi à lui faire comprendre ce qui était arrivé réellement, alors elle se mettrait à pleurer… Non, je n’avais définitivement pas envie de voir cela, mais plus je tardais, et plus la scène se ferait longue, alors je ne pouvais me permettre de m’esquiver trop longtemps, autant affronter cette épreuve comme la précédente… Ma mère n’était pas capable de me réconforter, c’était certainement son plus grand défaut, elle n’arrivait pas à prendre en considération que des deux, j’étais supposée être celle qui avait besoin de protection, alors qu’au final, celle qui en demandait (et en recevait) le plus au final, c’était elle… Il fallait que je me débrouille toute seule pour m’en remettre, comme d’habitude, mais bien que désagréable, cet état de fait avait arrêté de me déranger… Lorsque je poussais la porte, je serrais les dents en attendant la suite, et je ne fus pas déçue, tout se passa exactement comme je l’avais prédit… J’avais vraiment besoin de quelqu’un en cet instant… Comme j’aurais aimé que Sam soit là…

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Réécrit en 760


Je portais le petit instrument à mes lèvres avec un sourire, caressant doucement le bois vernis et le fer qui le composait. Une fois que ma bouche fut posée dessus, je commençais à souffler légèrement, doucement, déplaçant mes lèvres le long de son flanc. J’adorais jouer de la musique, cela faisait maintenant quelques années que j’avais commencé, et j’étais maintenant capable de maîtriser suffisamment mes instruments pour produire des sons agréables à l’oreille. Bien sûr, les débuts avaient étés difficiles, et je ne compte pas le nombre de fois où j’ai dû coller des migraines à ma mère, mais ça en valait la peine au final, maintenant toutes les mélodies que je jouais étaient de véritables plaisirs à écouter, pour moi comme pour les autres. L’harmonica me convenait bien comme instrument, ben que nous ne l’ayons acheté que pour son coût qui était moindre que la plupart des autres… Mais une fois en ma possession, j’avais appris à apprécier sa légèreté, sa facilité de transport et d’utilisation, et j’avoue que je n’aurais sans doute pas pu rêver meilleur outil pour me former. Je continuais à jouer pendant un moment, me laissant porter par les notes en créant ma propre mélodie… Je n’avais jamais été très attirée par recopier les œuvres des autres, aussi je composais moi-même mes morceaux… C’était brouillon et chaotique au commencement, et même discordant, mais maintenant c’étaient des pièces toute à fait audibles pour n’importe qui.
Sam devant moi m’encourageait, un grand sourire étirant son visage et me donnant une envie irrésistible de l’imiter. Il adorait me voir jouer ainsi, et à chaque fois que je venais chez lui, ou qu’il me rendait visite, il me forçait presque à lui faire une petite représentation. Moi qui avait l’habitude de ranger l’instrument sous mon lit dès que je n’en avais pas besoin, de peur de le perdre ou de l’abimer, je peux vous dire que j’avais été prise au dépourvu les deux premières fois, puis j’avais prévu le coup, et emmené l’objet avec moi. Maintenant, c’était presque un réflexe, en arrivant je sortais mon harmonica et commençait à jouer dès que nous étions seuls… Oui, j’avais le trac, et je ne voulais pas que ses parents m’entendent, même si le son traversait sans doute la petite maison de part en part… Mêmes les voisins en profitaient avec un peu de chance. De toute façon, ici on entendait tout, j’en avais eu la confirmation lors de l’une de nos expériences ratée… Sam s’était évertué à produire quelque chose de beau visuellement pendant que je jouais de la musique, dans l’espoir de créer un duo dont nous pourrions être fiers… C’était un magicien assez doué, et les arabesques qu’il dessinait dans les airs étaient magnifiques, ce qui m’inspirait d’autant plus dans mon improvisation… Et puis, d’un coup, sans crier gare, le tout avait explosé. Nous étions tombés au sol, soufflés par la déflagration, et après quelques secondes à nous regarder avec un air de surprise complète sur le visage, nous avions explosé de rire, et ses parents nous avaient trouvés ainsi, étalés au sol et n’arrivant pas à réprimer notre hilarité.

Ce n’était pas nouveau d’ailleurs que nous éclations de rire alors que nos parents auraient pu trouver la situation dangereuse, mais nous étions ainsi… Nous adorions nous amuser, faire des farces (et surtout des bêtises maintenant que j’y pense), et nous consacrions une large partie de notre temps libre pour cela, ce qui consternait nos géniteurs… Mais, nous étions également de bons élèves en classe, aussi il leur était difficile de nous réprimander sérieusement si ça n’entravais pas nos résultats… Du coup, nous étions libre comme l’air, il fallait juste que nous soyons prudents d’après nos parents… Une chose que nous n’avons jamais écouté, et tant mieux. Mais, bien sûr, nous ne faisions pas que cela de notre temps libre, vous vous doutez. Enfin, au début, je l’ai fait de mon côté, considérant que ça ne l’intéresserait peut-être pas, et surtout souhaitant trouver quelque chose à faire lorsqu’il n’avait pas de temps à m’accorder, je ne voulais pas dépendre de quelqu’un, fut-ce Sam, lorsqu’il s’agissait de ne pas m’ennuyer.
Ah, ce que je faisais ? Oui, certes, j’y viens. Bon, j’ai appris à lire durant mon enseignement, comme tout élève de Terra bien sûr, mais contrairement à la plupart des autres, j’ai souhaité persévérer dans cet art qu’est la lecture… Oui, la plupart n’aimait pas lire, mais pour moi ce n’était pas un problème, dès qu’un bouquin me tombait sous la main, j’étais capable de passer des heures immobiles à le dévorer… Enfin, si il m’intéressait bien sûr, dans le cas contraire je ne prenais même pas la peine de dépasser les quelques premières pages. Mais, comme je l’ai dit, ma mère n’avait guère d’argent, aussi elle ne pouvait m’acheter des ouvrages que j’aurais souhaité pouvoir lire, contrairement à moi, elle n’aimait pas vraiment la lecture, ou tout au moins pas suffisamment pour dépenser de l’argent afin d’acquérir des livres. Bref, puisque je ne pouvais le faire chez moi, j’ai commencé à fréquenter l’une des bibliothèques d’Hystia… Terra est le pays qui met le plus l’accent sur l’éducation, et cela cause l’implantation d’un certain nombre de ces édifices dans la plupart des grandes villes, chose encore plus vraie à la capitale. Celle qui a vu mes débuts dans le monde merveilleux des livres était un édifice de mon palier, situé à une dizaine de minutes de marche de chez moi, et pas franchement fourni, mais suffisamment pour satisfaire ma curiosité… Pour le moment.

Enfin, bref, j’ai dit que je me rendais la seule au début… Eh bien, oui, juste au début, parce dès qu’il l’eut appris, Sam insista pour m’accompagner à chaque fois que je m’y rendais. En fait, j’ai accepté surtout parce que ça avait l’air important pour lui, mais au final, c’était pour me murer dans le silence et lire pendant des heures donc ça m’importait peu… Et c’est comme cela que nous avons commencé à passer de longues après-midi sur des chaises, à livre de gros volumes reliés de cuir sur les tables de l’endroit. Plus certainement les plus jeunes habitués de la bibliothèque, nous attirions les regards interrogatifs et curieux des clients à chaque fois qu’ils nous découvraient lorsque nous rejoignions notre place habituelle. Au début, le gardien nous surveillait, de peur que nous mettions un bazar pas possible dans son établissement, mais après plusieurs fois où nous venions pour étudier sérieusement, il nous laissa entrer avec un sourire bienveillant, et même parfois une friandise à nous offrir, par simple gentillesse… Impossible de me rappeler de son nom toutefois.
Je me souviens que notre place préférée était près de la fenêtre, une gigantesque arche qui nous laissait apercevoir une grande partie de la ville… Nous lisions là, réchauffés par le soleil qui passait à travers les carreaux, jetant parfois un coup d’œil au dehors pour vérifier quelle heure était-il, et parfois regarder simplement tout le monde s’agitait alors que nous étions assis, tranquillement… On aurait dit une gigantesque fourmilière, et Sam me confia qu’il ne voulait pas finir ainsi, il voulait être plus que ça, quelqu’un qu’on reconnaîtrait dans la rue… Oui, c’était un rêveur lui aussi, et son rêve c’était d’aider Terra avec sa magie, non pas pour la guerre mais pour le quotidien des gens… Je ne me sentais pas le droit de rire, tout ce que je pus lui répondre fut « bon courage », car je savais qu’il en aurait besoin.

Bon, vous l’aurez compris, ce n’était pas la guerre qui l’intéressait, mais plutôt la magie. Il se retrouva à lire des traités sur toute sorte d’utilisation du mana, pour soigner ou pour construire, mais jamais pour tuer, il en avait horreur… Tout comme la violence en général, il détestait cela, contrairement à moi qui n’hésitait pas à sauter dans la mêlée. C’était également des ouvrages philosophiques, ou religieux, qui passaient entre ses mains… Sur le chemin du retour, il m’en parlait avec des étoiles dans les yeux, et je souriais, car il avait l’air tellement absorbé, c’était un plaisir de le voir ainsi attiré par quelque chose, quelle que soit mon opinion là-dessus. Moi, par contre, c’était bien plus varié… Bon, je n’ai pas commencé par la magie, même si par la suite j’en ai feuilleté quelques ouvrages… Non, je voulais faire Albio, alors j’ai commencé par les traités de stratégie. J’ai lu des pages et des pages d’ouvrages divers, sur l’importance de la discipline, de la surprise ou du moral… Et, lorsque je voulais me détendre, je lisais plutôt des ouvrages sur l’architecture, parfois la musique, même si ça me semblait incroyablement ennuyant, et un bout sur la botanique, l’artisanat de tout poil ou encore des recueils de poésie.

A nous deux, nous avons épuisé le stock de livre de l’endroit en un temps record pour ce que c’était, environ une vingtaine de mois pour des dizaines voire des centaines d’ouvrage, ça devait être un record, surtout à notre âge. Notre culture, ajoutée à ce que nous apprenions en cours, nous permit d’obtenir des résultats parmi les meilleurs de notre classe, chose dont nous étions très fiers Sam et moi. Oui, je n’étais guère aimée, et lui non plus puisqu’il me fréquentait, mais nous avions le pouvoir de nous moquer de tous les autres, qui n’aimaient guère ça… Et, j’avoue que les irriter était l’un de mes jeux préférés dorénavant. Avec le temps, nous avons entamé d’autres endroits, essayant une bibliothèque avant de décider qu’elle n’était guère fournie, et nous diriger vers une autre… Nous rentrions toujours tard le soir, au grand dam de nos parents, et pour notre plus grand plaisir. Parfois nous faisions halte en chemin pour nous balader dans un parc, et nous amuser un peu… J’avais tendance à être plus vicieuse que Sam, et s’il y avait un plan d’eau, vous pouvez être sûr que je faisais en sorte qu’il y fasse un tour, de très très près.

Revenant à la réalité, je posais mon harmonica… J’avais continué à en jouer instinctivement alors que je me perdais dans mes souvenirs, et dans mes plans pour mon futur… Oui, j’étais naïve à l’époque, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, j’ai appris que c’était stupide à la dure. Sam commença à applaudir de toutes ses forces, impressionné une fois de plus par la performance… Je savais que ça ne voulait pas dire grand-chose, il aurait applaudi qu’import ce que je fasse, mais ça me faisait plaisir quand même, juste parce que c’était un ami. Il n’avait pas remarqué que j’étais perdue dans mes pensées quelques secondes à peine auparavant, et ça m’arrangeait bien, je ne voulais surtout pas le vexer… Certes, il n’était pas si susceptible que ça, mais parfois il vaut mieux ne pas prendre de risque. Je lançais une pique qui ressemblait à « Eh bien, au moins, cette fois si ça n’a pas explosé ! » et un large sourire étira son visage avant qu’il ne commence également à rire, et je l’imitais quelques secondes plus tard… Nous étions simplement des enfants intelligents, et rêveurs ; le monde était à nous à l’époque…

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Réécrit en 761


J’étais assise devant mon miroir, une fois de plus. Je fixais mon reflet, passant ma brosse dans mes cheveux pour enlever les nœuds qui s’y étaient formés, grimaçant à chaque fois que l’un d’eux se défaisait. Même alors, j’adorais mes longs cheveux, tout bizarres qu’ils soient, et j’en prenais grand soin, ce que je fais toujours aujourd’hui. Cela faisait déjà bien 5 minutes que j’avais commencé à mettre de l’ordre dans ma tignasse, je voulais être belle, plaire un peu… Lorsque la plupart des gens voient en vous un monstre qu’il ne faut pas approcher, vous finissez par déprimer un peu, et à la fin il nous faut juste un peu d’amour, un amour qu’on ne m’a pas offert au quotidien. Après quelques coups de brosses supplémentaires, je m’estimais à peu près satisfaite du résultat… Oui, comme ça, lisses et bien ordonnés, ils étaient simplement magnifiques. Mon regard se posa sur les autres parties de ma personne… Ma poitrine commençait déjà à être agréablement rebondie, ma taille au contraire fine autant qu’il lui était possible de l’être… Non, les proportions de mon corps étaient parfaites à cet âge-là, ou presque… Enfin, j’aurais eu du mal à désirer mieux que cela en somme.
Ce n’était pas ça qui me gênait, loin de là… Une fois complètement habillée, j’étais une fille charmante, quoiqu’un peu miteuse à cause de la pauvreté de ma parure… Mais encore une fois, j’aurais sans doute pu passer outre. Ce qui me gênait, c’étaient les marbrures qui zébraient ma peau. Mon torse, et mon abdomen étaient violacés par endroit, bleuâtre à d’autres, et plusieurs croûtes de sang séché le parsemaient… En bas de ma cage thoracique, on pouvait encore voir la marque de ma côte qui s’était brisée l’année précédente, lors d’un passage à tabac plus violent que les autres, laissant une marque rouge sombre sur ma peau… Elle avait déjà bien régressé, et elle finirait par disparaître complètement, comme tout le reste, j’en étais convaincue, mais ça ne changeait rien au fait que pour le moment, elle était là, preuve criante des maltraitances auxquelles j’étais sujette… Preuve qui m’accusait, m’accusait de ne pas être plus forte, de ne pas arriver à les combattre, d’être incapable de m’en sortir seule. Après tout, si je n’étais pas capable de lutter pour ma survie, étais-je réellement digne de continuer à fouler les pavés de la ville ? Avec ce glorieux rêve d’intégrer Albio en tête ? Parfois j’en doutais.

Mes yeux remontèrent vers mon visage… J’avais appris à le protéger, à peu près. Tout au moins, j’étais capable d’éviter qu’il ne subisse trop de coups, pour garder une tête présentable, et avec un peu de maquillage on pouvait dissimuler les meurtrissures… Non, lui au moins ne me reprochait pas ma faiblesse. Vraiment ? Mes yeux se plongèrent dans ceux reflétés dans le miroir… Ceux-ci me renvoyaient un air accusateur, une expression que je ne pouvais pas ignorer, pas décemment en tout cas. J’avais envie de prendre la glace et de la jeter par terre, mais je savais que les débris continueraient à me renvoyer ce même reflet, celui d’une fillette faiblarde… Il fallait que je m’en sorte par moi-même, en vouloir à un objet inanimé ne servait à rien... Cela montrait au contraire cette incapacité à affronter mes propres problèmes, et à trouver un moyen de les rejeter sur les autres… Ca montrait que je n’avais pas le courage d’affronter ceux-ci en face. Pas question de faire cela, pas question de prouver ma faiblesse, j’avais encore tout à prouver, et certainement des occasions de le faire qui m’attendaient… Certainement…
Ces occasions, il faut être honnête, je ne les voyais pas. Durant les derniers mois, j’avais pris plus de coups que durant tout le reste de ma vie réunie je crois… Pratiquement chaque jour, en rentrant chez moi, j’avais trouvé un groupe de personne attendant visiblement mon arrivée pour… S’amuser un peu. Et, fuir avait toujours été peine perdue, ils se débrouillaient toujours pour me bloquer la retraite, grâce à des complices postés dans les rues précédentes… Je n’arrivais pas à m’expliquer cette recrudescence de la violence contre ma personne… Ni le nombre de personnes qui y participaient. J’avais vu les premiers visages féminins venir encourager, puis participer à ces massacres organisés, et dans leurs paroles, seulement de la haine… Et, non, je ne savais pas non plus pourquoi… Qu’est-ce qui avais donc pu attirer cette violence sur ma personne ? Cette volonté de me faire souffrir autant qu’il était possible ? Non, je n’avais vraiment aucune idée de la raison de ces agissements, et il faut admettre que ça m’énervait bien plus encore. Oui, je suis quelqu’un de fier, et je ne voulais pas me laisser faire, surtout pas sans raison… Mais, ces raisons me restaient totalement obscures.

J’avais fini par comprendre que me jeter dans la gueule du loup chaque soir était stupide, aussi la semaine précédente, j’avais commencé à prendre des itinéraires différents, et plus longs, pour arriver à ma maison… Je priais pour qu’ils n’aient pas pris Sam pour cible également, je ne voulais surtout pas qu’il soit blessé… Nous nous étions encore plus rapprochés durant les dernières années, et dorénavant notre relation était limite fusionnelle, bien plus forte que celle que j’éprouvais pour à peu près toutes les personnes de mon entourage en réalité. Oui, l’adolescence amène son lot d’hormone, mais ce n’était pas ce qui était important… Non, nous n’étions pas amoureux l’un de l’autre, loin de là même, il ne m’attirait pas franchement… Oui, c’était un ange, je ne le nie pas, mais il n’était pas le plus beau garçon de l’école si vous voyez ce que je veux dire. De toute façon, il m’a dit qu’il ne voulait pas non plus de sentiments autres que l’amitié entre nous… Bien que je l’ai surpris une ou deux fois à me reluquer d’un air plus que révélateurs sur les pensées qu’il nourrissait pour ma personne. Bien sûr, je ne lui ai pas dit, car je sais qu’il aurait rougit avant de se détourner, en tentant désespérément de changer de sujet, mais ça ne m’empêchais pas moins de m’en amuser, et j’ai plusieurs fois éclaté de rire en le surprenant, bien qu’il n’ait jamais compris la raison de cette hilarité soudaine. Enfin, je n’étais pas non plus l’innocence même de mon côté, je n’avais aucune gêne à observer les jeunes hommes de mon âge, et à faire des commentaires s’ils n’étaient pas salaces, au moins tendancieux, provoquant un étrange mélange entre gêne et hilarité chez mon compagnon.
Enfin, de toute façon, je n’aurais jamais approché quelqu’un, j’étais le vilain petit canard de toute façon, et ceux qui avaient déjà la plupart des filles à leurs pieds ne s’embarrassaient pas de personnes dans mon genre… Le plus étrange, c’est que je n’en concevais pas d’amertume, j’en riais même régulièrement aux côtés de mon ami. Et puis, je ne sais pas comment quelqu’un aurait considéré ma relation avec Sam… Nous passions le plus clair de notre temps ensemble, alors vous imaginez ce qu’aurait pu dire un homme jaloux ? Je n’ose même pas y penser… Enfin, tout cela n’était qu’amourettes de toute façon, rien ne prend d’importance avant le mariage à Terra, et personnellement j’étais loin d’avoir envie d’arriver à cette date, quitte à finir vieille fille… Ça devait être horrible d’être enchaînée à un homme pour le restant de ses jours, sachant que parfois, celui-ci n’était même pas votre choix, non ? Enfin, j’en refusais même l’idée à cet instant là, mais aujourd’hui, je me dis que Sarah est quelqu’un d’admirable, et de génial, capable de rester avec moi au quotidien, et son soutien me fait le plus grand bien… Et, de toute façon, elles sont rares les personnes capables de me supporter plus qu’un court laps de temps.

Mes yeux descendirent ensuite, et se posèrent sur ma bouche. Mes lèvres étaient fines, effacées, blanchâtres… Tout le contraire de ce qu’elle est maintenant. A cette époque, je détestais cette bouche, je la trouvais trop cadavérique, pas assez vivante, et ça me dérangeais… C’est étrange comme vision de la chose, mais soit, c’était moi il y a onze ans. En fait, ce qui me déplaisait le plus avec cet orifice, c’est toute les horreurs qui en sortaient… Ma relation avec ma mère avait encore empiré à l’époque, et nous passions notre temps à nous crier dessus, à mon grand désespoir… Impossible de la calmer, de lui faire entendre raison, elle débitait tout ce qu’elle avait sur le cœur en permanence, et ensuite c’est moi qui devais recoller les morceaux… Elle me disait que je n’étais pas une fille facile, et que l’absence de mon père n’aurait pas dû provoquer cela, que j’étais ingrate de ses sacrifices, et que je ne voyais pas tout ce qu’elle faisait pour moi… Toutes ces paroles me mettaient hors de moi, parce que je savais pertinemment que c’était faux, je cherchais juste un moyen de lui faire comprendre, mais si elle ne désirait même pas entendre mes arguments, c’était difficile… Quant à moi, je devenais une femme, et j’avais compris le pourquoi du comment de ma naissance, et il faut dire que cela me dégoûtait… Comment avait-elle put faire ça ? Je veux dire, faire trahir ses vœux à quelqu’un, c’était simplement horrible, et totalement déshonorant, alors pourquoi l’avoir fait, quel intérêt avait-elle put y trouver ? Elle ne me donnait pas la réponse, et je ne me sentais pas la force de lui accorder mon pardon, alors qu’elle ne faisait guère pour le mériter. Un froid glacial régnait à la maison, et nos discussions se faisaient très rares… Je me souviens d’avoir évité au maximum les disputes avec elle, car je ne supportais plus de la voir pleurer, s’effondrer, et chercher désespérément de l’aide sans se battre, et sans faire preuve d’un tant soit peu de courage… Je sais que j’ai été injuste à cette époque, c’est le propre de l’adolescence, mais je ne puis comprendre pourquoi elle de son côté n’a pas essayé de faire quelque chose, d’avancer, ou même de me faire comprendre que je devais la laisser tranquille, ou me taire… Oui, parfois, le barrage craquait, et je débitais à mon tour ce que j’avais sur le cœur, vrai ou faux, logique ou non, réel ou pas… Et alors, elle me regardait avec de grands yeux, se recroquevillant sur elle-même en attendant que je continue, subissant presque par habitude aurait-on dit. Je la détestais pour ces paroles, mais je la détestais encore plus pour son inaction.

Je remarquais alors mes poings serrés. Ils étaient crispés ainsi depuis le début, et commençaient maintenant à me faire mal, mais je ne m’en étais même pas rendue compte… Je dépliais peu à peu mes doigts, en constatant que mes ongles avaient transpercés ma chair, et qu’un peu de sang coulait sur le sol… Mais je n’en avais cure. J’approchais ces doigts fins du miroir, les retournant dans tous les sens, faisant jouer mes poignets… Beaucoup de personne auraient pu dire que j’avais des doigts d’artistes, si quelqu’un avait pris la peine de les regarder d’un peu plus près, mais ce n’était pas la vérité. La vérité, c’est que mes mains étaient des mains de voleuse. Oui, j’ai volé alors que j’étais encore jeune… J’ai commencé aux alentours de mes douze ans, et ça a duré par la suite. Le premier larcin que j’ai commis, c’était au marché du dimanche, sur l’une des nombreuses places qui peuple la cité… J’avais subtilisé une pomme à un marchand de fruits, et une fois à l’abri pour la déguster, je me souviens l’avoir trouvé plus délicieuse que toute autre… J’ai fini par apprendre qu’il existait un proverbe qui se rapprochait un peu de ma sensation à ce moment-là : « On savoure toujours mieux le fruit du voisin ».
Donc, j’ai commencé à voler de cette façon-là. Ma mère ne l’a jamais su, je chipais juste un peu de nourriture pour agrémenter mon repas du midi, quelque chose qui avait suffisamment de goût pour me changer de l'habituel… Je sais que l’intéressée n’aurait jamais accepté de manger la nourriture d’autrui, aussi ne lui en ai-je jamais proposé, mais j’ai toujours trouvé ça stupide… Pourquoi pas, si nous étions dans le besoin ? Je volais uniquement à ceux qui semblaient bien s'en sortir, et à qui ça ne manquerait pas... Certains sont plus aptes à offrir que d'autre, mais le veulent d'autant moins. Les gens nous aidaient alors, bien que contre leur gré, voilà ma justification. Et, contre leur gré, c’est peu dire… J’ai dû développer des trésors d’athlétisme pour échapper à certaines de mes victimes, avec des victuailles plein les bras. Par chance, j’étais légèrement plus petite que les enfants de mon âge, ce qui me convenait très bien pour disparaître au milieu de la foule en laissant perplexe les personnes que j’avais dépouillées… Je me suis promise de ne jamais voler d’argent à ce moment-là, car les gens en avaient besoin et que c’était important, ni de prendre quoique ce soit de valeur qui ne m’était pas directement utile… Mon avis a bien changé depuis, mais c’était une époque où je volais par nécessité, et où j’avais encore un peu d’honneur.

Enfin, en bref en résumé, mon enfance, si elle n’était pas rose chaque jour, était joyeuse. Oui, j’étais quelqu’un de passablement rejeté, de méprisé, et même parfois simplement détesté, mais j’avais Sam, et ça me suffisait… Je me suis battue, j’ai pleuré et j’ai fait pleurer, j’ai fait des blagues stupides et un nombre de bêtises incalculables, mais au final, l’important c’est que je me suis amusée, et que je me suis construite. J’ai compris comment le monde tournait, et qu’il n’était pas toujours rose malheureusement… Et, pour s’intégrer dans ce monde, il ne faut pas être un enfant de cœur soit même, sinon vous vous ferez bouffé, alors j’ai commencé à commettre des actes répréhensibles, et malgré ce que tous peuvent dire, je ne regrette rien.



Nymeria
Nymeria
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Mer 8 Mai - 23:21
Histoire 751
Réécrit en 761


J’ouvrais difficilement les yeux au son du clairon qui résonnait à travers tout le bâtiment… Que se passait-il ? La mémoire me revint soudain : Albio, l’arrivée la veille au soir, et les cours qui commençaient dès aujourd’hui… Dans un grognement, je m’asseyais sur mon lit en me frottant les yeux rougis par le manque de sommeil… Merde, j’avais signé pour ça alors ? Après une dizaine de seconde passée à râler contre moi-même, je finissais par accepter que, oui, j’étais là, et que maintenant il fallait en subir les contraintes, même si ça voulait dire se lever aux aurores… J’avais eu du mal à dormir sur les couchettes dures qui formaient nos lits dans le dortoir, et les quelques heures que j’avais réussie à grappiller ici et là n’étaient certainement pas suffisantes pour une nuit normale de sommeil, mais c’était comme ça que ça marchait ici, autant s’y faire… Après la phase grommellements, et insultes en tous genres, je finissais par prendre sur moi et commençais à m’habiller, difficilement… Les tenues étaient unisexes ici, et pas franchement glamour, mais c’est ce qu’il fallait pour devenir soldat, et je respectais ça… Le tout était qu’elles soient utiles. Une fois prête, je rejoignais au pas de course la cours où plusieurs élèves étaient déjà rassemblés… J’étais bien loin d’être la dernière, ils étaient nombreux à avoir eu plus de mal au levé que moi, mais je n’étais pas non plus en tête de file, ce qui me convenait assez bien… Non, je ne voulais certainement pas me faire remarquer au milieu de tous ces autres… Ici, personne ne connaissait ma filiation, et aussi longtemps qu’elle resterait un secret, on me laisserait tranquille… Peut-être que je pourrais en toucher un mot à notre instructeur, qu’il n’évente pas cette information…
Mais c’était le dernier de mes soucis actuellement. Tous se mettaient en place, alignés le long d’un mur, la tête haute et faisant face à un homme visiblement teigneux, aux épaules larges et qui était manifestement un soldat de métier. Le soleil se levait derrière lui, nous éblouissant tous, mais baisser la tête était hors de question, au moins pour moi, je ne plissais même pas les yeux, malgré que la lumière m’éblouissait complètement, je restais immobile comme une statue… Autour de moi, certains trépignaient, n’arrivant pas à tenir en place, et je me souviens m’être demandée combien de temps ils tiendraient s’ils ne pouvaient forcer leur corps à une règle de conduite maintenant. Nous eûmes droit à un discours de bienvenue qui aurait fait fuir les plus braves je suppose, mais ça n’était pas une option dorénavant. C’était marche ou crève. Il nous demanda d’énoncer notre identité à voix haute, et c’est là que ça coinçait… Oui, j’avais un prénom, mais pas de nom à proprement parler… Enfin, si, mais certainement pas envie de le prononcer puisqu'il reflétait mon infamie. L'appel commençait loin sur ma gauche, ce qui me laissait donc un peu de temps pour réfléchir… Mon esprit tournait à toute vitesse, cherchant quelque chose qui serait crédible… Chaque identité de plus me rapprochant de l’échéance, je suais à grosse goutte, puis fini par me décider alors que c’était le tour de la quatre ou cinquième personne sur ma gauche.

Lorsque vint mon tour, je déclarais avec dépit : « Nymeria Veers, monsieur »... Je serrais les poings en entendant ma voix chevroter légèrement… Il me jeta un air interrogateur, comprenant visiblement que quelque chose n’était pas normal, et certains se tournèrent vers moi avec la même expression, mais il ne leur laissa pas le temps de se questionner plus avant, en criant sur le suivant qui avait marqué une pause… On n’était pas là pour perdre du temps, et surtout pas pour lui faire perdre son temps. L’adrénaline retombait dans mes veines, et je me sentais un peu tremblante… C’est stupide qu’une simple identité m’ait mise dans un tel état à l’époque, aujourd’hui j’en change tout le temps… J’écoutais alors avec satisfaction les paroles venant de ma droite s’éloignant peu à peu, et ceux qui me questionnaient du regard quelques instants auparavant se rangèrent à nouveau, de peur de représailles par leur supérieur. Pour l’instant, tout se passait bien… Tout au moins, pour le mieux. Une fois les présentations finies, il hurla des ordres pour que nous commencions à courir, et je me mettais en marche, rejoignant rapidement la tête de peloton, mais quelques secondes à peine plus tard, j’étais stoppée par une voix :
« -Pas vous Nymeria. Venez me voir. »
Je jurais discrètement; et s’il voulait déjà me réprimander ? Je priais pour que ce ne soit pas le cas, mais quelle autre raison alors, j’étais juste arrivée la veille, et je n’avais même pas eu le temps de faire de bêtises, du moins le pensais--je... Enfin, un ordre était un ordre, et je me rendais à côté du lieutenant Johnson, comme il s’était présenté. De plus près, on voyait ses tempes commencer à grisonner, et il faisait beaucoup moins dur qu’auparavant, ou alors moins imposant plutôt… Celui-ci leva des yeux sur moi, et me scruta pendant un laps de temps qui me parut une éternité… Je me tenais parfaitement immobile, les yeux plantés derrière lui, attendant qu’il crache le morceau avec un mélange d’appréhension et de curiosité. Après m’avoir examinée, il ouvrit la bouche, hésita un instant, puis reprit la parole :

« -Pourquoi cet air atterré en prononçant votre nom ?
-C'est le nom de ma mère, et je ne l'affectionne pas.
-Et pourquoi cela ? Ses yeux brillèrent un peu plus, reflétant peut-être un fond de colère... Terra n'était pas un pays dans lequel on pouvait bafouer son nom aussi aisément.
-Je ne connais pas mon père monsieur. Ce nom c'est la première preuve de cet état de fait. Il sembla se renfrogner un peu, peut-être sa façon à lui d’exprimer sa gêne…
-Bon. Le directeur veut vous voir dans son bureau, tout de suite. Puis, il se retourna vers l’un des hommes qui attendait patiemment adossé à l’arche qui permettait l’entrée dans le bâtiment de l’école, et cria : Kebra ! Ramène-toi, il faut que t’amènes cette jeune fille dans le bureau du directeur ! »

Le dénommé Kebra s’avança alors, esquivant la troupe de jeunes qui faisaient des tours de pistes… Les groupes de niveau se faisaient déjà sentir, ainsi que les personnes qui n’auraient pas leur place dans cette école, et qui étaient déjà en train de tousser douloureusement, en manque d’oxygène à cause de l’effort demandé… Au contraire, la tête de peloton, si elle montrait que l’effort était dur, ne semblait pas faiblir pour autant. Une fois à mes côtés, je dévisageais l’homme sans la moindre gêne… Lui était moins vieux, peut-être la trentaine… Blond, les yeux verts, il était assez attirant, et possédait une certaine grâce innée… Contrairement au sous-officier qui venait de le héler, il n’était pas tout en muscle, mais au contraire plutôt bâti sur la souplesse, et se déplaçais en conséquence. Il jeta un œil à Johnson avant de me demander de le suivre, ce que je faisais sans me poser de questions. Alors que je m’éloignais, l’homme qui était resté au milieu de la cours m’interpella une fois de plus :

« -Dernière question cadet. Est-ce vous ne connaîtriez pas une certaine Brunhild Mayfair par hasard ?
-Je… Non monsieur.
-Pourtant vous… Enfin, c’est sans importance. Continuez. »

Et je m’éloignais en sentant son regard sur mon dos, à réfléchir à quelque question dont je ne connaîtrais jamais la teneur. Qu’est-ce que ses dernières paroles voulaient bien vouloir dire ? Quel rapport entre cette Mayfair et moi ? Je n’ai jamais compris en tout cas, et toujours pas aujourd’hui… Enfin, bon, maintenant que j’avais un bon millier de questions en tête, il s’agissait d’aller voir l’homme qui dirigeait l’endroit, pour qu’il m’en pose encore plus sans le moindre doute… J’avais peur de ce qu’il dirait, mais je ne pouvais désobéir à un ordre direct, pas si je me pensais digne de suivre l’enseignement de cette prestigieuse école… Apprendre à obéir avant de donner des ordres, je l’avais lu quelque part ça… Enfin, bref, je suivais le géant blond devant moi, montait les escaliers à sa suite, passait des portes pendant qu’il saluait ou rendait leur salut à d’autres gardes… Heureusement que j’ai un sens de l’orientation plutôt aiguisé, sinon je me serais totalement perdue au bout de deux minutes sans la moindre petite idée d’où je pouvais me trouver… L’endroit était suffisamment grand pour abriter un véritable labyrinthe de couloir, et je suppose qu’il fallait vivre des années ici avant de le maîtriser complètement. Finalement, la porte s’ouvrit devant nous, nous permettant d’entrer dans le bureau de l’homme le plus important de l’endroit… Je restais figée, jusqu’ à ce qu’une tape dans le dos me pousse à entrer… Je résistais à l’envie de me retourner pour découvrir l’identité du coupable, et restais droite, la tête haute, impassible et totalement silencieuse, attendant que le personnage derrière son bureau daigne ouvrir la bouche. Bien évidemment, après m’avoir convoquée, celui-ci ne se fit pas prier :

« -Bienvenue à Albio, Nymeria. Je t’ai faite appeler pour te dire que tu ne dois pas rester ici. Tu ne peux pas.
-Mais, monsieur…
-Laisse-moi finir ! me coupa-t-il. Je sais que tu es une excellente élève, et que tes résultats te permettaient d’arriver ici, mais ce n’est pas le genre de considérations qui entrent en compte ici. Ce qui est vraiment important, c’est que tu es une aberration. Tu es la représentation d’une trahison parmi les plus graves qui peuvent exister en ce monde, et c’est pour cela que tu ne peux devenir officier. Moi-même, je n’ai guère de soucis avec toi, tu sembles même être une fille gentille, mais imagine ce que diraient les hommes Nymeria… Dirigés par une bâtarde, quel serait leur sentiment ? La mutinerie et la rébellion éclateraient bientôt dans nos rangs, et je ne peux permettre cela. C’est pourquoi tu dois partir.
-Monsieur… Je pourrais gagner leur respect, et s’ils ne m’aiment pas, au moins ils m'accepteront…
-J’en doute, ma petite… Je sais que c’est dur, mais je ne puis te permettre de rester ici, tu dois t’en aller… Trouve une autre voie, car celle-ci t’es désormais fermée, et à tout jamais.
-Je ne peux pas ! J’ai le droit d’être ici, j’ai trop travaillé, et pris sur moi pour m’arrêter maintenant ! Il faut que je prouve ma valeur, il faut que je leur montre que ça ne compte pas… Que je suis quelqu’un, quelqu’un qui n’a rien à voir avec mon père… Il le faut, et je ne partirais pas. »

Je criais, refusant d’écouter ses paroles, refusant de voir mon rêve se briser devant moi… J’avais dû subir trop d’infamies sans réagir, trop de disgrâce et de manques de respect pour laisser tomber maintenant… J’avais des facilités avec tout ce qui touchait à la guerre, et j’aurais pu le montrer si on m’en avait laissé la chance, j’en étais certaine… Mais tout d’abord, il fallait qu’on me laisse faire mes preuves, ce que l’homme face à moi ne semblait pas disposer à accepter. Mes yeux lançaient des éclairs, j’avais les poings serrés, et une envie terriblement prenante de lui sauter à la gorge, mais alors quoi ? Ça ne ferait que leur donner raison, que je n’étais pas digne de cet endroit, ça non plus je ne pouvais pas le faire… Malgré tout, je restais fièrement dressée, refusant de flancher à ce moment… Je sentais les larmes qui menaçaient de déborder, et qui pourtant restaient bloquées par la force de ma volonté… Si je faiblissait maintenant, ils pourraient me balayer, mais ils n’avaient aucun droit de me jeter dehors tant que je n’aurais pas fait de faute… Ça aurait été injuste, et Terra était nation de justice, ils ne pouvaient pas se le permettre, j’en étais persuadée… Je continuais de fixer le directeur, qui prit un sourire contrit à mes paroles, avant de dire :

« -Je me doutais bien que tu dirais cela… Je m’y étais même préparé… Je suis désolé pour ce qui va suivre… »

Alors que je me demandais de quoi il parlait, je ressentis tout à coup une vive douleur derrière la tête, et je m’effondrais au sol, inconsciente… L’un des gardes avait utilisé la hampe de sa lance pour me faire perdre connaissance, et pouvoir disposer de moi de la façon dont il voulait… Ils auraient même pu me tuer sans aucun problème à cette époque (quoiqu’ils ne se seraient sans doute pas donné la peine de m’assommer avant remarquez)… Mais à l’intérieur de ma tête, c’était le chaos… Je rêvais que je tombais, durant des heures, en passant à côté d’une falaise… Tous ceux qui m’avaient fait du mal durant les années précédentes se tenaient dans de petites alvéoles, se moquant de ma chute… Et, juste avant de toucher le sol, Sam, éploré… En passant devant lui, je versais quelques larmes, et je me préparais au choc… Puis ce fut le noir.


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Ecrit en 761


Encore un jour en enfer. Cela faisait bien trop longtemps que j’étais bloquée ici, sans savoir à quoi correspondait ce « ici ». J’avais totalement perdu le compte des jours, mais si on devait me demander, je suppose que ça devait approcher les quatre mois, au moins… A l’odeur, on aurait plutôt pu parier sur une petite décennie. Mes yeux s’ouvrirent une fois de plus sur ce plafond que j’étais incapable de voir dans la pénombre ambiante, reposant sur ce lit de paille qui me servait de couche depuis mon arrivée ici… Après une dizaine de minutes à rester allongée, je me relevais, m’asseyant dans un premier temps… Les yeux encore bouffis de sommeil, et pas assez réveillée pour faire grand-chose, j’attendais d’y voir au moins un peu avant d’entamer quoique ce soit. Après une bonne demi-heure supplémentaire, j’y voyais à quelques mètres devant moi, et je me levais finalement, sachant que je ne cognais pas le plafond… J’avais fini par connaître par cœur ma cage, mais je ne souhaitais pas pour autant me déplacer sans savoir où j’allais à l’avance. Question de prudence. Je commençais à faire les cents pas, chassant les derniers restes de sommeil de mon corps… Avec tout ce que j’avais marché dans cet espace réduit, j’allais finir par m’évader rien qu’en usant le sol.
Une fois totalement consciente, et les muscles déliés, je commençais mes exercices. C’était la seule chose qui me permettait de garder ma santé mentale je suppose, ou tout au moins ce qu’il en restait, ces entraînements… Je m’étirais d’abord, faisant travailler des dizaines de muscles de mon corps les uns après les autres pour les préparer à l’effort qui allait suivre. J’allais commencer par les exercices de force cette fois-ci. Je me plaçais les deux mains tournées face au sol, les jambes étendues et allongées, avant de soulever une première fois, montant puis descendant doucement, ma voix comptant le nombre de pompes que j’effectuais… Je parlais pour ne pas oublier comment prononcer les mots non plus… Après le premier mois dans un silence de mort, je m’étais rendue compte que j’avais du mal à articuler, alors je travaillais un peu cela chaque jour, pour diverses raisons, toutes plus stupides les unes que les autres… Le plus souvent, je récitais des poèmes que j’avais pu lire par le passé, car les vers étaient en général accompagnés d’images réconfortantes, et j’en avais besoin en ce moment même. Une fois en sueur, et les muscles douloureux, je commençais les exercices comptant plus sur la souplesse, moins durs mais également plus relaxant que les précédents.

Durant toute la durée de ces entraînements physique, je gardais l’esprit occupé, comme d’habitude, à la seule chose qui me hantait ces derniers mois… Je revoyais mon arrivée ici… Enfin, plutôt mon réveil, déjà enfermée dans cette cage obscure… Je m’étais levée alors, et m’était demandé un instant ce que je faisais là avant de me souvenir des derniers évènements… Mais quel rapport avec le directeur d’Albio ? Je n’avais rien fait de mal de plus que de m’élever contre une sanction injuste qui n’avait rien à voir avec les capacités qui m’avaient permises d’entrer dans l’école… Alors je m’étais énervée, et j’avais cherché la porte à tâtons… Une fois trouvé le gros montant de bois, bardé de fer pour le renforcer, j’avais commencé à tambouriner, dans l’espoir que quelqu’un me réponde. J’avais hurlé mes questions et ma colère au silence, ordonnant à des geôliers qui auraient aussi bien pu ne pas être là que je voulais qu’on me libère, que cette sanction n’était pas juste… Mais comme toujours dans de tels cas, personne ne m’avais répondu, et après plusieurs dizaines de minutes à me briser la voix, j’avais arrêté, c’était inutile, bien évidemment… J’aurais dû m’en douter, mais j’avais gardé l’espoir, l’espoir que tout cela n’était qu’une vaste blague.
Le mois suivant, je l’avais passé à me morfondre… La colère était toujours présente là, au fond de mon cœur, mais je ne pouvais rien y faire, aussi c’est une forme de résignation morose qui avait pris sa place… Je ne parlais plus, je m’asseyais juste dans un coin à me morfondre, pensant à Sam et à toute sorte de choses que j’avais peur de ne plus jamais revoir… Qu’est-ce que je faisais là, aucune idée, mais visiblement personne n’avait dans l’idée de venir me libérer bientôt, alors autant que je m’y habitue… Je mangeais à peine la nourriture qu’on me passait par une petite trappe au bas de la porte de ma nouvelle demeure… Bien sûr, au début, j’avais essayé d’interpeller l’homme qui m’apportait de quoi subsister, mais après une absence de réponse répétitive, j’avais fini par abandonner, et même par me détourner de cet orifice à cause de la lumière qui me brûlait les yeux à chaque fois qu’il l’ouvrait… Oui, j’avais assez à manger, visiblement on ne tenait pas à me faire souffrir ou manquer de quoique ce soit consciemment, juste à me retenir un certain temps, ce qui posait une fois de plus la question du pourquoi… Et, pendant toute ces réflexions, ces questionnements et cette attente en général, les derniers mots du directeur me revenaient en tête… « -Je me doutais bien que tu dirais cela… Je m’y étais même préparé… Je suis désolé pour ce qui va suivre… »

Mais, voilà, maintenant ma routine était de commencer par entretenir mes muscles, et mon corps de façon plus général, pour ne pas sombrer dans la folie dont j’avais l’impression qu’elle m’attendait au bord du chemin… Parler seule dans le noir, grignoter un bout ici et là, lorsque j’avais faim… Non, ce n’était certainement pas une vie très plaisante, mais on ne m’avait pas laissé le choix. J’attendais qu’on vienne me dire pourquoi j’étais ici, ce qu’on attendait de moi, mais plus les jours passait, et plus je doutais que ce moment viendrait un jour… Pourquoi me laisser aussi longtemps recluse ? C’est quelque chose qui dépassait ma compréhension à l’époque, mais que je peux mieux appréhender aujourd’hui. Parfois, être enfermée dans les ombres vous permet de les comprendre, de vous fondre en elle, et au final d’en devenir une, simplement.

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« -Plus vite petite !
-Je fais ce que je peux figurer toi !
-Eh bien, ça n’est pas assez ! »

Grinçant des dents sous les remarques acerbes de mon professeur, je montais une fois de plus mon bras à la recherche d’une prise sur la paroi. Une fois trouvée, je m’étirais au maximum pour l’attraper et me hissait encore de quelques centimètres, les yeux fixés au-dessus de moi pour repérer le prochain endroit où je placerais ma main… Là, sur la gauche, ça ferait l’affaire. Un geste de plus, quelques centimètres gagnés… Je venais d’accélérer la cadence sous les remarques d’Umbre qui m’attendait en haut, et que j’avais regardé monter incroyablement vite. Le surplomb me posait un problème quant à moi, bien que j’aie réussi à escalader tout le mur auparavant sans le moindre problème. Mes pieds étaient bien calés, mais le risque qu’ils glissent restait présent, et il n’y aurait rien pour me rattraper… Non, il n’y avait jamais eu rien pour me retenir lors de nos exercices les plus périlleux, une façon d’écrémer ceux qui n’étaient pas capable je suppose. Finalement, ma main fini par passer le rebord du surplomb, et commença à tâtonner pour trouver une prise de plus qui me permettrait enfin d’achever cette montée tout simplement terrifiante. Une traction des bras, quelques secondes avec les pieds suspendus dans le vide, et j’étais finalement en sécurité, ayant surmonté l’épreuve.
Je levais un regard vers mon professeur, qui était visiblement amusé par la situation, un large sourire moqueur étirant son visage. Je lui rendais une grimace, une forme de reproche pour ce qu’il venait de me faire subir… Finalement, je me laissais tomber en arrière, m’allongeant sur la roche les yeux tournés vers le ciel dégagé qui nous surplombait, le temps de reprendre mon souffle… Je savais que la journée était loin d’être finie, ce qui m’effrayais encore un peu plus il faut dire, mais j’avais le droit à une pause de quelques instants avant que nous retournions à nos exercices quotidiens. Umbre sortit quelque chose de son sac, et je commençais à entendre des bruits de mastications, réveillant soudain mon estomac qui commença à gargouiller… Moi aussi j’avais un petit creux. Je me redressais, lui lançant un regard accusateur, avant d’attraper le sac qu’il avait monté jusqu’ici pour fouiller son contenu, avant de trouver à mon tour ce qui ressemblait à des fruits séchés. Je commençais à les mâchonner… Non, ce n’était pas extraordinaire, mais au moins ça calait l’estomac, et c’est tout ce qui m’importait sur le moment. Une fois mon appétit légèrement satisfait, j’adressais un petit signe de tête pour remercier mon compagnon des provisions qu’il avait eu la prévoyance de prendre.

Alors que je le regardais, je me surpris une fois de plus à fixer ses yeux… A chaque fois que je coulais un regard vers lui, ou presque, j’étais irrésistiblement attirée par les deux globes oculaires qu’il possédait… Ils étaient d’un bleu très pâle, et ne trahissaient pas la moindre émotion, mais ils étaient magnifique au-delà de ce que je saurais expliquer… Ils étaient comme la glace, froids et mortels, mais pourtant d’une beauté à vous couper le souffle si vous les fixiez un tant soit peu. Pourtant, Umbre était loin d’être tout jeune, je suppose qu’il devait approcher des quarante ans, ou quelque chose du genre… Ses tempes étaient déjà légèrement grisonnantes, bien qu’il se servit d’un produit pour les noircir régulièrement, il ne pouvait enlever les reflets grisâtres qui subsistaient… Malgré son âge, c’était pourtant l’homme le plus agile que je connaisse je pense, capable de prouesses physiques dont bien peu seraient capable, même à un âge beaucoup plus tendre… Et j’étais son élève, celle à qui il avait promis de transmettre son savoir et son talent… C’était une véritable chance, et je m’en rendais compte, alors j’obéissais au doigt et à l’œil, ne râlant que pour la forme, et il savait bien que ce n’était que de la comédie, aussi il jouait le jeu… C’était un homme très malin également, et rusé comme un renard, avec toujours un bon mot à la bouche, déjouant aisément la plupart des chausses trappes qu’on lui tendait (j’avais essayé de le piéger une fois, pour me moquer de lui, mais pas moyen). Et pourtant, malgré cela, personne dans le royaume, et à fortiori dans tout Albion ne connaissait son existence.
Il n’existe pourtant pas tant de personne aussi remarquable que lui sur le continent, et il aurait mérité d’être reconnu, mais il ne le souhaitait pas, par choix personnel il préférait rester incognito… Mais j’avais eu la chance de faire sa rencontre quant à moi… En fait, on nous avait présenté l’un à l’autre plus précisément. C’était environ 1 an et demi avant la date actuelle, et je m’en souviens pourtant comme si c’était hier, tant il m’avait marqué par son assurance, son calme et sa gentillesse par rapport à ceux que j’avais croisé jusqu’aujourd’hui… Et pour cause, c’était réellement un libérateur. Notre rencontre s’est faite dans la promiscuité de ma cellule, qui m’a servi d’habitat pendant près de 6 mois d’après ses paroles… Il a été la première personne à ouvrir la porte en entier, me rendant aveugle pendant quelques instants au passage, mais également me sauvant de cette cage qui n’avait même pas la prétention d’être dorée. J’avais fondu en larme en voyant la lueur du jour derrière une silhouette dont je ne discernais que les contours, mais Umbre s’était rapidement accroupi à mes côtés, me réconfortant avec toute la gentillesse dont il était capable (et croyez-moi, c’est énorme), me rassurant et me disant que tout cela était fini. Il me raconta une histoire, d’une voix douce et ferme à la fois… L’histoire qui allait m’attendre a-t-il dit. Ce n’était pas une histoire joyeuse, elle était faite de mort et de souffrance, mais c’est une histoire qui avait besoin de quelqu’un pour la raconter… Une histoire nécessaire à la survie de Terra. J’ai vite compris de quoi il parlait, et après un temps bien trop long de désespoir, et une déception telle que celle qui avait suivi mon entrée à Albio, j’avais besoin de trouver une place… Une place qui serait utile, et qui compterait, même si je ne passais jamais à la postérité… Alors j’ai décidé de le suivre, et qu’importe ce que je laissais derrière moi, tant que je laissais également la honte de ma filiation.

Je fus tirée de mes pensées par un geste de la main de mon compagnon, qui avait visiblement compris que je n’étais pas tout à fait attentive au monde qui m’entourait. Je secouais la tête, chassant les dernières images qui y subsistaient avant de lui faire comprendre d’un hochement que j’étais prête pour la suite des festivités. Avec un grand sourire espiègle, il annonça :
« -J’espère que tu as apprécié l’entrée, parce que là, on passe aux choses sérieuses ! »
Dans le même temps il montrait la paroi à pic qui nous surplombait sur un peu moins d’une centaine de mètres… Avec un gémissement, je le regardais commencer l’escalade, agile comme une araignée, comme à son habitude… Un coup d’œil en arrière m’apprit que nous n’avions grimpé que la moitié de cette distance jusqu’ici, et que donc le plus dur restait à faire, comme il l’avait annoncé… Oui, j’adorais cet homme, mais parfois ces exercices étaient juste exaspérants, et totalement épuisant. Je remerciais le ciel qu’il n’ait pas projeté de s’amuser à faire ceci un jour de pluie, ce dont il aurai été entièrement capable pour tester mes capacités dans des conditions extrême, comme il s’amusait à le dire… Quant à moi, ça ne m’amusait pas du tout, mais je n’avais guère de choix que de le suivre, renoncer était exclu, je ne pourrais rien faire d’autre de toute façon.

Alors que mes mains parcouraient la pierre avec légèreté, mon esprit retourna dans le passé… Je me souviens qu’Umbre appelait cela « l’illusion d’ailleurs ». Il en parlait notamment dans les combats, mais également dans les situations d’efforts physiques en général… On laissait ses instincts reprendre le dessus, puisqu’ils étaient bien plus prompts à réagir, fruit d’un long entraînement… Cela permettait de ne pas focaliser toute votre attention sur votre tâche, et de penser à autre chose, tout en étant plus réactif puisque les gestes n’avaient plus besoin de passer par le circuit de la pensée avant de s’accomplir, ce qui permettait de gagner un temps fou dans une situation donnée, notamment les plus risquées… J’avais encore un certain mal avec le concept il faut dire, mais j’arrivais à me détacher de ma tâche suffisamment pour penser à toute autre chose sereinement, et la surveiller en même temps, ce qui était suffisant pour l’instant… Le reste viendrait avec l’habitude me disait mon professeur, comme toujours… Il répétait cela à chaque fois que je ne maîtrisais pas quelque chose du premier coup, « Ça viendra avec le temps » « Il faut encore t’entraîner »… Oui, c’était très vrai, mais également terriblement horripilant de se voir répéter ces mêmes phrases à longueur de journée.
Mes pensées revinrent donc à cette dernière année et demie… J’avais vécu tellement de choses dans un laps de temps aussi court que j’avais encore du mal à tout enregistrer je crois… D’abord, Umbre m’avait tiré de mon confinement, mais surtout il était devenu un professeur, et au fil du temps même un peu plus que cela… C’était un ancien assassin, il n’essayait pas de le cacher, et me l’annonça dès le premier jour… Il m’apprit également qu’il avait subi la même épreuve que moi au commencement… Apparemment c’était une tradition de soumettre des éléments prometteurs à une telle situation sans leur annoncer pourquoi ils étaient là, pour mettre leur foi et leur santé mentale à l’épreuve… C’était le premier pas vers la résistance à la torture, l’isolation totale au monde extérieur, car cela permettait d’ignorer ce qui nous entourait, de comprendre que l’on pouvait tout perdre du jour au lendemain sans raison… C’est une technique radicale, et dont la morale est largement discutable, mais qui pourtant a fait ses preuves au fil des ans en permettant à un très mince filet de personne de devenir l’élite des assassins de la nation de la terre.

Une fois sortie donc, l’entraînement avait commencé… Le début était composé uniquement d’exercices physiques en tous genres, visant autant à tester mes capacités pour savoir ce qu’il fallait améliorer que pour me préparer à ce qui allait suivre… J’aurais trouvé cela terriblement ennuyant si mon professeur n’était pas une encyclopédie vivante, et me racontait des dizaines de choses pendant les heures que je pouvais passer suspendue la tête en bas, ou encore accrochée à une saillie rocheuse au-dessus du vide avec l’interdiction formelle de remonter. Il a commencé par me raconter son ressenti dans la situation que j’avais vécue quelques semaines auparavant, pour me rassurer je suppose… Visiblement, il avait pris la chose bien plus mal que moi à l’époque, et s’était efforcé de sortir par tous les moyens, et n’avait jamais abandonné malgré l’impossibilité totale de sortir par un quelconque autre endroit que la porte (j’avais essayé également de chercher un moyen de m’enfuir à l’époque). Il avait finalement essayé de passer en force en mettant le gardien hors d’état de nuir, mais celui-ci s’était avéré plus rapide que prévu, l’avait mis au sol avant de le renvoyer dans le fond de sa cellule avec la marque de son poing sur la joue en prime. Après cela, il avait tenté d’élaborer un autre plan, et visiblement c’était ce but de s’échapper de cet endroit qui avait été le centre de son existence pendant des mois… Et je vous jure qu’être capable de vous concentrer sur quelque chose de sérieux alors que vous êtes enfermés n’est pas un luxe.
Enfin, tout ça c’était durant la première année, environ… Pendant que tout ce que je faisais n’était guère que fortification de mon corps, et préparation physique à ce qui allait suivre… Les six derniers mois avaient été largement plus intéressants. Un jour, il était venu me réveiller comme à son habitude, mais nous n’étions pas partis en direction de l’extérieur de la petite maison que nous partagions, il m’avait mené vers une salle à l’intérieur, et même si je lui avais demandé ce que cela signifiait, il ne m’avait pas répondu, me disant que je verrais bien sur place… Et, effectivement, j’avais vite compris. Nous étions entrés dans une salle qui n’avait rien à voir avec le reste, le point le plus marquant étant sans doute le nombre d’armes accrochées aux murs. Aujourd’hui venait le jour où commençait réellement mon apprentissage. Il m’avait fait choisir parmi les lames et autres accessoires de morts celle qui me conviendrait le mieux, et j’avais opté pour une épée courte… A l’époque, j’avais eu le droit à un court théorique rapide sur la façon de s’en servir, puis il s’était mis en garde à l’aide d’une autre épée courte, et nous avions entamé le combat… Que je perdais deux passes plus tard, puisque mon arme avait volé à travers la pièce, mon emprise brisée par un coup vicieux venant du bas et se terminant en vrille avec pour but évident de m’arracher mon moyen de défense… Et puis nous avions recommencé.

Bien sûr, le maniement des armes n’était pas la seule chose que nous travaillions ensemble, et il serait sans doute impossible de tout lister ici, mais je vais essayer de faire un résumé, pour que vous vous fassiez une idée assez précise de la chose. Bon, alors, après les lames, ce fut la discrétion qu’il me fallut apprendre… Ça, c’était ma matière préférée, apprendre à passer inaperçue même au milieu de la foule, disparaître brusquement sans que personne ne soit capable de dire par où vous êtes parti, c’est quelque chose qui me plaît énormément… Nous faisions ça de jour, le but était de chiper quelque chose bien en évidence sur un marché, qu’on commence à nous courir après, et disparaître dans la foule en moins d’une vingtaine de pas... Ça, j’étais douée, sans doute parce que j’avais déjà un peu d’expérience. A côté de cela, il y avait également des cours plus théoriques sur l’alchimie, et notamment la synthèse de poisons divers, et aux effets variés, allant du sommeil à la mort en passant par la paralysie et tout un tas d’autres effets plutôt drôle qui me plaisaient assez.
Mais, si je devais travailler l’art d’agir sans être vue, je devais également être capable d’être justement à la vue de tous, et de m’en servir comme d’une arme… Un bon espion n’est pas celui qui écoute aux portes, c’est celui qui obtient les renseignements directement de la bouche de sa cible, à l’aide de stratagèmes variés… Notamment la séduction. Umbre m’a appris à parler comme une dame, mais également comme la plus vulgaire des orphelines, il m’a également appris ce qui plaisait aux hommes, et quels sujets placer dans la conversation pour les amener à espérer une récompense en nature s’ils me livraient des informations… Oui, il m’a appris simplement le jeu de la séduction, pour un but détourné bien sûr, mais ça n’en reste pas moins le talent de pouvoir charmer à peu près n’importe qui… Il m’a également appris à me mettre en valeur à cette occasion, mais aussi à me mouvoir avec grâce, ou alors comment positionner mes jambes pour être capable de tirer une lame attachée à ma cuisse en quelques secondes à peine… Eh, vous ne pensiez pas que j’allais être cette jolie fille aguicheuse sans défense quand même ?

Enfin, en résumé, il m’a appris à me battre mais également à disparaître, sans parler d’obtention de renseignement de façons toutes plus douteuses les unes que les autres… Il m’a appris à tuer sans même être sur le lieu du crime, à grimper un mur à l’aide de mes seules mains et d’un peu de muscles, également comment faire des nœuds sur une corde pour qu’elle ne me lâche pas au milieu d’une escalade, et par la même occasion comment faire un garrot pour étouffer sa cible avant même qu’elle ne puisse crier à l’aide… Il m’a appris tout ce dont j’aurais besoin pour survivre par la suite, et de cela je lui suis amplement reconnaissante, je serais morte depuis bien longtemps avec un professeur qui aurait été moins bon… Étrangement, et sans vraiment le vouloir, il m’a également appris la gentillesse et la bonté envers ceux qui en avaient besoin, et m’a transmis un jugement sur la société et les hommes qui la composent qui est juste, même s’il est dur… Il m’a appris à tuer, et m’a pourtant transmis des valeurs humaines importantes… Etrange mélange, mais c’est tout à fait le style d’Umbre.

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755

Je regardais le faîte du mur qui me surplombait… Il ne devait pas être bien plus haut que trois mètres, c’était totalement à ma portée… Je reculais un peu, prenant de l’élan, avant de m’élancer à toute vitesse sur la paroi, posant un pied puis l’autre avant de me jeter vers le haut de toutes mes forces, les bras tendus… Un instant, cela me parut hors de ma portée, mais finalement mes doigts agrippèrent la surface supérieure de la barrière, et y restèrent accrochés malgré la douleur qui naissait aux jointures. D’une traction des bras, je me hissais sur le promontoire, avant d’en sauter aussitôt, pour ne pas rester comme une silhouette sombre qui se détacherait sur un fond de lune… Ne jamais rester immobile dans la lumière, une leçon à retenir plus que toute autre. Je me recevais doucement en pliant les genoux, en ne faisant pratiquement pas de bruit. Un coup d’œil alentour, et je me convainquis qu’il n’y avait personne pour me stopper maintenant… Une lanterne brillait près du portail contrôlant l’accès à l’intérieur des jardins de la propriété, mais je ne comptais pas passer suffisamment près pour qu’elle m’éclaire, tout allait bien… Je décidais d’attendre quelques minutes supplémentaires, par prudence… Et, j’avais bien raison.
Un homme passa devant moi en portant devant lui une torche, surveillant les alentours… Au vu de sa démarche, et de l’expression de son visage, il s’ennuyait profondément, et devait peut-être même penser que son maître était parano… Dans quelques heures, il aurait la preuve du contraire. Enfin, s’il y avait un homme, d’autres pouvaient venir, alors je restais immobile durant une bonne dizaine de minutes avant qu’un second personnage se présente à moi… Une demi-heure plus tard, j’avais repéré trois gardes, et une fenêtre de tir qui me laisserait largement le temps de rentrer dans l’habitation. J’attendais le passage suivant, puis me lançait, en direction de la porte d’entrée. A la main, deux crochets de fers, et dès que j’atteignais le battant, je les insérais dans la serrure et commençait à faire jouer le verrou. C’en était un simple, bien plus simple que ceux sur lesquels Umbre me faisait travailler en général, et je n’eus aucun mal à faire sauter la sécurité pour m’introduire silencieusement dans la demeure, ouvrant la porte et me glissant derrière avant de la refermer derrière moi… L’intérieur était plongé dans le noir, comme de normal lorsque c’était la nuit, mais ça voulait dire que je n’y voyais guère… Le point positif étant qu’on ne me verrait pas non plus.

J’ai une bonne vision, et après quelques minutes supplémentaires passées pour habituer mes yeux à l’obscurité ambiante, je commençais à avancer prudemment pour ne rien heurter, ce qui signifierait à coup sûr la fin prématurée de ma carrière, et sans doute également de ma vie, ce qui aurait été passablement problématique. Ce qui s’étendait devant moi était un long couloir qui menait à un escalier, qui lui-même débouchait à l’étage supérieur… J’aurais pu m’y ruer, car c’était plus que certainement là où se trouvaient les chambres des propriétaires, mais on m’avait appris la patience, et surtout la prudence… Mieux valait vérifier que je ne serais pas dérangée durant ma sombre besogne, aussi il était temps de faire le tour du propriétaire. Je dégainais ma dague, et me glissait dans l’une des pièces adjacente au couloir… Un salon, comme les autres… Sur une table basse, à peu près au milieu de la pièce reposait une boussole dorée, et à peine avais-je posé les yeux dessus que j’en tombais éperdument amoureuse (bon, d’accord, j’abuse peut-être un peu)… Et avec un haussement d’épaule destiné à une assistance inexistante, je prenais le petit objet avant de le fourrer dans l’une des poches intérieure de ma veste. Voilà, toi, tu restes avec moi, fut ce que j’ai pensé… Pourquoi laisser cela à un gros porc qui serait bientôt mort de toute façon ? Enfin, bref, pas le temps de m’attarder non plus, je continuais mon exploration, et après avoir vérifié que toutes les pièces étaient complètement vides, je décidais de grimper à l’étage supérieur, pour achever cette mission le plus vite possible.
Une fois en haut, je me retrouvais face à deux couloirs partant dans des sens opposés… Aucune idée d’où se trouvait ma cible, alors difficile de choisir, je tirais à pile ou face mentalement avant de choisir celui de droite. Trois portes réparties des deux côtés, voilà ce qui m’attendait… J’ouvrais la première pour trouver un placard à balais… Pourquoi toujours un placard à balai ? Cette pensée étrange passa dans mon esprit avant que je n’ai le temps de m’interroger sur son sens. Enfin, bref, je refermais la porte avec précaution avant de m’avancer vers la seconde… Une fois ouverte je tombais sur une chambre, et je m’avançais légèrement à l’intérieur, pour vérifier qui en étaient les occupants… Deux jeunes enfants qui dormaient comme des bienheureux… Cela faillit me faire défaillir, et brisa totalement ma détermination… J’entrais chez eux comme une voleuse pour tuer celui qui était sans doute leur père, et quoi ? Je les laissais orphelin, sans l’amour d’une vraie famille au complet, et sans doute traumatisé pour la vie… Qui est-ce qui méritait de vivre cela ? Personne, non, personne n’aurait dû avoir à subir cela… Mais j’avais mes ordres… Un conflit de loyauté éclata en moi, et je reculais dans le couloir pour fermer la porte derrière moi, m’adosser à un mur du couloir.

Comment aurais-je réagi si cette famille était la mienne ? Je veux dire, si j’avais su que mon père s’était fait assassiner dans une chambre au même étage que la mienne sans que je n’entende rien, et que je ne puisse rien faire ? Comment pouvais-je décemment leur infliger cela alors qu’ils n’avaient encore rien vu de la vie ? J’aurais dit qu’ils avaient entre huit et douze ans au premier coup d’œil, mais pouvais-je réellement laisser une petite fille de cet âge-là sans son père ? Et, pour le petit garçon, cela valait-il mieux ? La réponse était sans conteste non… Comment pouvais-je continuer ma mission alors ? Et puis le visage d’Umbre me revint en tête, ainsi que ses paroles : « Nous faisons ça pour le bien de la patrie Nymeria… Il n’est pas question de morale, nous exécutons les fruits pourris qui contamineraient tout l’arbre sans nous, c’est une simple question de logique… N’oublie pas que si l’une de tes cibles paraît respectable, elle n’en est pas moins responsable de la misère de milliers d’autres personnes, de décisions inadaptées, et complote certainement pour gagner un peu plus de pouvoir chaque jour… Ce ne sont pas des hommes Nym, ce sont des bêtes malfaisantes et manipulatrices. »
Ses yeux me fixaient à l’intérieur de mon crâne, et la vision était tellement réelle que j’aurais pu croire qu’il était à mes côtés… J’entendais même le timbre de sa voix, pas énervé du tout mais calme, et énonçant une vérité simple… Je devais tuer cet homme, car sinon, combien d’enfants ne connaîtraient pas leurs parents par sa faute ? Je devais le sacrifier pour le bien du plus grand nombre, même si ce n’était pas facile, même si ça me dégoûtait tout simplement, je devais le faire, pour ma patrie… Et ses enfants paieraient le prix des erreurs de leur père, tout comme je l’avais fait… Juste retour des choses au final… Voilà ce dont j’essayais de me persuader, sans grand succès malheureusement… Mais pas le choix, j’avais mes ordres. Me refusant de pousser plus avant ces réflexions, et tuant toute émotion dans l’œuf, je redevins la tueuse implacable que je devais être, même si je savais qu’à l’avenir, je m’en mordrais sûrement les doigts… Pour l’instant, j’étais venue dispenser la mort et la justice, et c’est exactement ce que j’allais faire, plus question de reculer.

La dernière porte du couloir donnait sur quelque chose qui devait être une salle de jeu, et devant la profusion de jouets, je compris qu’au final, ce que je faisais n’était pas plus mal… Les enfants devaient être plus que sûrement pourris gâtés, et ça ne donnerait rien de bon à l’avenir, autant leur apprendre une leçon de vie tout de suite, ce serait autant de temps de gagné. Bon, de l’autre côté alors… Ma pièce imaginaire m’avait trahie, il aurait été plus facile d’en finir directement sans passer par la case doutes, bien que je savais que j’aurais à les affronter un jour ou l’autre de toute façon. Enfin, l’air déterminé, je traversais le couloir discrètement, faisant bien attention lorsque je posais mes pieds, même si la moquette au sol étouffait tous les sons quoiqu’il en soit. Encore trois portes. La première était une salle de bain, ou quelques chose du genre, parées de dorures et de pièces plus inutiles les unes que les autres, quelque chose de passablement énervant pour moi qui avait vécu dans la misère toute ma vie… Bon, pas ici donc, je refermais la porte, et me dirigeais directement vers la dernière pièce du couloir, qui serait sans doute celle qu’occuperait le maître de maison.
Eh bien non, encore une fois manque de chance, ce n’était pas le lieu que je recherchais mais un bureau, avec des étagères en bois précieux alignées le long des murs, une table massive au milieu de la pièce, et un lourd fauteur recouvert de cuir derrière celle-ci… Typiquement ce que je m’attendais à trouver dans un endroit pareil. Bon, retour à la porte du milieu alors, et donc la fin de mon périple. Encore une fois, je refermais discrètement le battant derrière moi avant de m’avancer vers la fin de mon voyage… Je vérifiais une dernière fois tout mon équipement, et jetais un œil dans le couloir pour m’assurer qu’il n’y avait pas de trace visible de ma présence ici… Rien du tout, visiblement… Enfin, bon, autant se dépêcher, le soleil finirait par se lever, et même si cela était dans deux heures, autant être très loin de cet endroit d’ici là… Je n’avais pas passé plus d’une demie heure dans la maison jusqu’ici, et dans l’ensemble je n’avais pas lambiné, au contraire même, mais on n’est jamais trop prudent dans ce genre de métier… Et la lumière est ma pire ennemie, c’est elle qui me révèle aux yeux du monde, alors je l’évite.

Une fois parée à ce qui m’attendait, je pénétrais dans la pièce. Autant dans le couloir il y avait un peu de lumière grâce aux fenêtres qui laissaient pénétrer la lueur de la lune, autant cet endroit était obscure au point que je n’y voyais rien. Calmant ma respiration au maximum, je fermais le panneau de bois derrière moi, et attendait encore une fois de m’habituer… Je n’y verrais pas bien de toute façon, mais si je pouvais éviter de me cogner partout, ce serait déjà pas mal. Ma dague dans une main, je m’avançais vers le lit, qu’il partageait visiblement avec sa femme… Merde, ça je n’y avais pas pensé… Bon, eh bien même si elle n’était pas sur le contrat, elle mourrait aussi, trop compliqué de tuer son mari sans la réveiller… Plus le temps de réfléchir aux futurs orphelins qui dormaient dans une pièce voisine également, ils trouveraient bien quelqu’un pour s’occuper d’eux. Dans le noir je me plaçais donc aux côtés de l’homme et préparais ma dague à côté de sa gorge, prête à trancher dans sa chair. De l’autre main, je dégainais doucement l’une de mes épées courte, et le fourreau en cuir se fit si peu entendre que si je ne sentais pas la poignée dans ma main, j’aurais pu jurer que la lame était toujours dans mon dos.
Je plaçais mon autre arme sous le menton de la femme également, prête à accomplir ce pour quoi j’étais venue… Je tremblais légèrement, c’était mon premier meurtre, mais pas question de faillir maintenant, il fallait que je le fasse. Doucement, le fer acéré s’approcha de leurs cous sans défense, et au dernier moment je fus prise d’hésitation… Merde, c’était pas le moment, mais j’avais du mal à les tuer… Je n’aurais pas dû m’engager dans cette voix si je n’étais pas capable de mettre fin à la vie de quelqu’un, mais je comptais bien prouver que j’en étais capable, par nécessité. Après un grincement de dents rageur, je raffermissais ma prise sur les poignées de cuir des deux objets, et d’un geste rapide, et parfaitement maîtrisé, j’ouvrais la gorge des deux personnes. Celle-ci s’éveillèrent sur le coup, mais incapable de crier à cause de tout le sang qui sortait des blessures… Je me fis d’ailleurs asperger en partie par l’homme lorsqu’il essaya d’arrêter l’hémorragie à l’aide de ses mains. Au final, alors qu’il perdait ses dernières forces, il leva un regard accusateur vers moi, puis ferma les yeux, une expression de douleur infinie sur son visage. Je restais tétanisée… Tout ça était allé si rapidement, et c’était si facile… Cela me choquait à quel point il était aisé d’effacer une vie humaine…

Après quelques secondes à admettre ce que j’avais fait, je reprenais mes esprits… Maintenant, sortir d’ici. Je vous passe mon évasion, car elle se déroula sans problèmes majeurs… J’étais poisseuse de sang, donc je dus m’y reprendre à deux fois avant d’arriver à passer par-dessus le mur qui entourait la propriété, mais finalement j’y arrivais. Une fois dans les rues, je courais me mettre à l’abri dans ma demeure… Si on me voyait ainsi couverte de liquide vital, on saurait immédiatement ce que je venais de faire, et on m’arrêterait pour sûr, ce qui m’enchantais à peu près autant que de me faire attraper par les gardes de l’homme que je venais d’égorger. Enfin, le retour se passa sans problème, juste un peu rallongé par une patrouille de garde face à laquelle je dû me dissimuler dans une ruelle adjacente, et un groupe d’ivrogne qui traversaient la cité en titubant… Une fois arrivée à la porte de ma demeure, je toquais doucement, et Umbre vint m’ouvrir malgré l’heure avancé de la nuit. Il m’observa de haut en bas, couverte de sang et armée jusqu’aux dents, et dans la pâle lumière de la lune, je n’aurais su dire si son expression fut alors de la fierté, ou du regret de m’avoir entraîné là-dedans… D’une voix douce, il m’annonça alors :

« -Félicitation Nymeria, bienvenue dans les ombres. » A peine eut-il achevé sa phrase que je fondais en larmes.



Nymeria
Nymeria
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Sam 11 Mai - 17:00
Histoire 757

Je roulais sur le côté, le souffle court et passablement tremblante, et avec un soupir d’aise… Fatiguée, mais d’une fatigue qui résulte de l’exercice physique, d’une bonne fatigue donc… Et alors, quel exercice physique ! Au souvenir des derniers instants, je me prenais à afficher un grand sourire, ce qui était plutôt rare. Ma tête se tourna vers la jeune femme qui partageait mon lit, qui affichait également une mine joyeuse, et un peu amusée à la fois. J’éclatais de rire devant son regard, et lui lançais mon oreiller à la tête, qu’elle ne put éviter, grognant alors qu’il s’écrasait sur son visage. Elle affecta une mine outrée, avant de me renvoyer mon arme de fortune à la tête, visiblement dans l’optique de se venger, avant de prendre son propre coussin pour me frapper, et c’est ainsi qu’une bagarre commença. Enfin, au vu de notre état actuel, nous n’avions pas assez de force pour nous faire bien mal, et le tout ne dura pas longtemps, d’autant plus que rire aux éclats nous privait du seul moyen de reprendre notre souffle après nos ébats. Finalement, la jeune femme s’effondra dans mes bras, et nous roulâmes à nouveau sur le matelas, épuisée mais heureuse comme rarement.
Voilà, cela faisait bientôt un mois que Sarah et moi partagions notre vie, et plus récemment mon lit. Elle avait pris ma virginité environ 3 semaines plus tôt, et depuis elle s’amusait à me titiller en permanence pour me pousser à bout jusqu’à ce que je lui saute dessus, excédée… Je crois que ça l’amusait beaucoup, et lui plaisait bien à la réflexion. La nuit, nous dormions l’une contre l’autre, dans le lit que j’occupais toujours dans la même maison qui m’avait devenir une personne peu recommandable, au grand désespoir de mon ancien professeur qui se doutait bien de ce qu’il se passait… J’avais quitté sa tutelle environ trois mois plus tôt, mais j’avais gardé la même chambre dans notre demeure, avec sa bénédiction, il me l’avait lui-même proposé en réalité, et ça me convenait parfaitement. Ma compagne n’était pas tout à fait au courant de mes activités lorsque je n’étais pas là… En fait, je préférais la laisser dans l’ignorance pour l’instant, ne sachant pas comment elle réagirait si elle apprenait que j’étais une tueuse sans pitié. Mais, je sais qu’elle se doute que je trempe dans des affaires pas très légales, elle est bien loin d’être stupide, et je suis suffisamment énigmatique sur ce point pour que cela soulève des questions.

En fait, j’ai rencontré la jeune femme il y a environ 6 semaines, lors des retrouvailles avec Sam. Après toutes ces années, j’avais enquêté un peu de mon côté avant de retrouver sa trace, lui ayant fini ses études depuis un certain temps déjà, il avait intégré une paroisse, mais je n’en sais pas plus… J’avoue que cela me semblais d’un ennui terrible lorsqu’il me l’a expliqué, alors j’ai préféré passer à autre chose. Enfin, bref, après une première entrevue qui s’était très bien déroulée en privé, il m’avait demandé de le voir à nouveau quelques jours après, pour me présenter quelqu’un que je pourrais sans le moindre doute aider. Lorsque nous nous étions revu, il m’avait présenté la jeune femme qui m’avait parue très gentille, mais peut-être un peu niaise au premier abord. Sam m’a alors expliqué qu’elle avait demandé asile, et qu’il s’occupait d’elle depuis un certain temps déjà, mais qu’il ne pouvait se permettre de la garder sous sa protection éternellement, et me demandais donc de m’en charger… J’ai beaucoup hésité, mais devant son insistance j’ai fini par céder, il aurait pu émouvoir une pierre je crois.
En me remémorant tout cela, je me collais à nouveau contre Sarah qui laissa échapper un soupir satisfait. Sa peau chaude sous mes mains me semblait terriblement attirante encore une fois, mais nous venions de le faire, et je n’avais pas non plus envie de recommencer aussitôt. Me blottissant contre la jeune femme, je me plongeais à nouveau dans mes souvenirs : nous nous étions très bien entendues très vite… Elle avait emménagé deux jours après que j’ai accepté l’offre de Sam, malgré la désapprobation nette que je pouvais lire chez Umbre, et nous passions donc beaucoup de temps ensemble, excepté lorsqu’il s’agissait de mettre fin à une vie bien sûr, la jeune femme étant profondément non violente. Oui nous étions diamétralement opposées, mais sa douceur et sa gentillesse faisaient de moi quelqu’un d’autre, quelqu’un d’agréable à vivre et qui ne remuait pas de sombres pensées en permanence… En sa présence, je pouvais me montrer joyeuse et amicale, en tout cas bien plus que le reste du temps, mais uniquement avec des connaissances… J’ai gardé une méfiance poussée à la paranoïa des inconnus, et malgré tout l’effet qu’elle peut avoir sur moi, Sarah n’est pas capable d’annuler cela.

Enfin, bref, très rapidement, notre relation était devenue fusionnelle, elle me calmait et moi je la réconfortais, lui assurant que je la protègerais quoiqu’il arrive, ce qui est devenu vrai très vite… Bien trop vite en réalité, je m’inquiétais de la rapidité à laquelle je m’accrochais à cette jeune femme… Si c’était un ennemi, je serais totalement sans défense contre elle d’ici peu, ce que je ne voulais pas… Mais c’était Sam qui me l’avait présentée, et même après toutes ces années, je pouvais lui faire confiance, n’est-ce pas ? C’est tout au moins ce que j’espérais du fond de mon cœur. Mais, elle s’était également livrée à moi, et d’une façon bien trop convaincante pour être feinte… J’étais maîtresse dans l’art du mensonge, je pense que j’aurais su en reconnaître un. Elle m’avait raconté son histoire, pourquoi elle avait demandé asile, quels démons elle fuyait… Et si c’était totalement l’inverse de ce dont moi j’avais peur, cela semblait d’une telle horreur dans sa bouche que je fus bien obligée d’admettre qu’elle était sincère, et que ses démons n’étaient pas moins terrifiants que les miens…
Son histoire n’était pourtant pas la plus terrible qui soit à mes yeux, loin de là, et la liberté avait un coût, un coût que j’avais peur qu’elle ne soit pas prête à payer… Elle avait grandi dans un manoir luxueux à la campagne, cadette d’une famille riche on l’avait éduquée pour qu’elle sache se tenir comme une dame en société, soit à même d’effectuer les tâches classique de la ménagère parfaite, et on avait rajouté par-dessus tout cela une couche de culture générale suffisamment étendue pour que sa conversation soit des plus intéressantes… Une éducation relativement classique en somme, quoique peut-être un peu restrictive. Ses parents quant à eux étaient directeurs d’une compagnie marchande, et n’avaient guère de temps à consacrer à leur fille, au vu de la masse considérable de travail qu’ils avaient à abattre quotidiennement. C’est pour cela qu’ils n’avaient fini par remarquer le don pour la magie de leur fille que sur le tard, ce qui était la preuve incontestable d’un manque d’attention flagrant… Elle avait donc eu le droit à une éducation sur les arcanes à un âge un peu plus avancé que la plupart, mais ses facilités avec ce milieu en avaient fait une élève modèle, motivée et rapide à comprendre.
Sarah s’était alors prise à espérer une vie où elle pourrait voler de ses propres ailes, où elle subviendrait elle-même à ses besoins, et n’aurait besoin de reposer sur personne. Vivre de son talent, devenir une magicienne compétente, et s’en servir au quotidien étaient des choses qui lui semblaient d’un intérêt phénoménal face à l’existence programmée pour elle par sa famille… On trouvait pourtant toujours une place pour un pratiquant des arcanes de talent… Mais ce n’était pas le point de vue de ses parents, et notamment de sa mère qui voulait la voir suivre la voie classique des dernières nées : épouser quelqu’un pour renforcer le prestige et la richesse de la famille. Le mariage arrangé, voilà ce qui était arrivé dans la vie de la jeune femme et qui l’avait poussé à fuir son domicile. Son promis était un jeune homme au demeurant bien fait de sa personne, et à l’allure aimable, ce qui lui avait permis d’espérer qu’au final, tout cela ne pouvait pas être si mauvais… Mais en apprenant un peu à le connaître, elle avait découvert en lui quelqu’un de vide émotionnellement parlant, de passablement rétrograde, et plus généralement d’un con fini. Prenant alors ce qui lui restait d’affaires, un peu d’argent et d’autres nécessités de survie, elle avait fui le domaine en direction d’Hystia, dans l’espoir d’y commencer une autre vie… Elle avait alors trouvé asile dans la paroisse de Sam, et depuis elle cherchait une occupation, sans grand succès toutefois… Elle voulait utiliser ses capacités spéciales pour aider le monde, ainsi Sam l’emmenait avec lui lorsqu’il s’agissait de guérir des malades, ou pour d’autres actions de bienfaisance, mais ça n’était pas vraiment un travail à part entière, et elle cherchait donc depuis lors une occupation plus sérieuse, sans grand succès toutefois…

Finalement, la respiration de Sarah se fit plus lente, et régulière, elle avait fini par s’endormir. Je ne bougeais pas d’un pouce, ayant peur de la réveiller, mais même si j’étais fatiguée physiquement, mon esprit quant à lui restait maître de toutes ses capacités, et il était hors de question de s’endormir maintenant. Mes pensées me ramenèrent alors vers Sam… J’avais pris un plaisir fou à le revoir, et je me suis rendue compte qu’il me manquait terriblement lorsque je l’eus finalement retrouvé… J’avais été trop occupée ces dernières années pour trop y prêter attention, j’avais entreposé ce manque dans un coin de mon esprit, en attendant de pouvoir le satisfaire, et je n’avais pas été loin de fondre en larme dans ses bras lorsque je l’avais vu, des larmes de joies bien entendu. Il avait également eut la même réaction, mais lui s’était bien plus inquiété que moi… Il s’était renseigné, pour retrouver ma trace à Albio... Et avait alors appris ma supposée mort, ce qui l'avait bouleversé… Mais, cela lui semblait tellement soudain, et irréaliste qu'il avait nié cette possibilité, se promettant de n'accepter ma mort que lorsqu'il aurait finalement mon cadavre sous les yeux... Et, il était sur le point de perdre espoir au moment où j'étais finalement revenue. Ses yeux s'étaient agrandis comme des soucoupes lorsqu'il m'avait aperçue, et finalement ce qu'il voulait croire était vrai. Les retrouvailles avaient été émouvantes, autant pour lui que pour moi au final, mais notre relation ne s'était pas ternie, malgré les années, malgré mon décès factice... C'était ce qui m'avait fait le plus peur durant tout ce temps, ce qui m'avais tenue éveillée la nuit... Est-ce qu'en ressortant, il me resterait quoique ce soit? Est-ce que quelqu'un se souviendrait encore de moi? Je n'avais pas grand chose à perdre, mais ce pas grand chose, c'était tout pour moi... Et je n'avais pas tout perdu.
Enfin, maintenant il était prêtre d’Albio, ce qu’il avait toujours souhaité devenir, et moi j’étais un assassin, métier que je ne me serais jamais vue exercer… Je lui cachais également cela, par peur de sa réaction, comme pour Sarah… Il m’avait bien posé la question une ou deux fois, mais j’avais toujours trouvé des parades ou des évasions pour éviter de trop approfondir le sujet en sa présence. Il prônait la paix, j’étais l’instrument de la guerre et de la mort… Il sauvait la veuve et l’orphelin, j’étais celle qui avait tué le mari et le père… Mais malgré tout ce qui nous opposait, nous étions toujours amis… Au final nous avions gardé le même esprit espiègle, et cette joie de faire des farces à n’importe qui, pour n’importe quelle occasion… Oui, de l’eau avait coulé sous les ponts, mais jamais elle n’avait usé nos sentiments l’un pour l’autre, loin de là même. J’aurais pu jurer que je l’avais quitté la veille au vu de notre attitude l’un envers l’autre, la seule chose différente étant nos parcours personnels, qui n’avaient pas émoussé le lien entre le petit garçon gentil comme un ange, et la petite fille solitaire et méprisée par ses pairs.

Enfin, si, je vais un peu vite en besogne, il y avait bien une chose qui avait changé dorénavant, et ce qui est ironique c’est que cette chose, il l’a lui-même apportée. Maintenant il y avait Sarah. Au vu de notre relation qui avait progressé de manière foudroyante, nous étions bien obligé de la compter dans l’équation… Lui l’appréciait bien, moi c’était encore plus que cela, aussi je me débrouillais pour qu’elle m’accompagne lorsque nous passions des moments ensemble, autant pour profiter de sa compagnie que pour faire plaisir à Sam… Au début tout au moins. J’ai fini par comprendre qu’il y avait quelque chose entre lui et elle, quelque chose qui faisait que l’ambiance n’était pas franchement au beau fixe, et après plusieurs essais, j’ai fini par comprendre : il lui en voulait. Pas d’un acte qu’elle aurait commis consciemment, en fait il lui en voulait d’être aussi proche de moi, que cela se passe aussi bien… Il la jalousait, et ça se voyait dans ses yeux. J’aurais voulu le rassurer, lui dire qu’il était mon meilleur ami depuis l’enfance, et que ce n’était pas près de changer, que Sarah et moi c’était étrange, mais surtout et avant tout différent, mais il ne l’aurait pas compris…
J’ai fini par essayer de les voir séparément l’un l’autre, n’emmenant Sarah que lorsque c’était nécessaire, et multipliant les entrevues seule à seul avec Sam, puisque je voyais déjà ma compagne quotidiennement… J’essayais de le rassurer et de l’aider, et même s’il n’y avait que de l’amitié entre nous, j’ai compris qu’il avait fini par devenir réellement possessif pour tout ce qui touchait à ma personne… Une chose qui m’a beaucoup énervée en fait, puisque je ne voulais appartenir qu’à moi-même, et à personne d’autre… Une certaine froideur s’est insérée entre nous… Nous étions toujours d’excellents amis, mais moins qu’avant, et ça me faisait mal… Et pas moyen d’en parler à Sarah sans la blesser, aussi je suis restée muette sur ce sujet… Umbre l’a sans doute compris, je le croisais trop souvent, et nous parlions trop de ce que nous avions chacun en tête pour qu’il ignore longtemps tous mes secrets… Il avait l’air de ne pas tout à fait comprendre ce qui me dérangeait, mais il avait tout de même une expression gênée, visiblement ce problème le dérangeait, peut-être parce qu’il souhaitait mon équilibre émotionnel… Ou au contraire parce qu’il avait peur que cela ne me détourne de ma tâche, et ne soit dangereux pour moi à long terme. Le connaissant, il finirait par agir pour essayer de régler la situation, mais je ne m’en rendrais sans doute compte qu’une fois les conséquences de ses actes visibles, agir dans l’ombre était notre métier à tous deux après tout.

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758
Réécrit en 761


Je me morfondais sur ma couchette, en regardant par la fenêtre… La pluie tombait dehors, le ciel s’étant visiblement décidé à déverser des quantités invraisemblables d’eau sur la ville, et tout était gris dorénavant… Je savais Sarah dehors, mais alors ce qu’elle faisait, aucune idée, elle avait toujours des idées pour sortir, et j’avoue que j’avais arrêté depuis bien longtemps de m’informer de tous ses faits et gestes, une tâche bien trop éprouvante pour une personne seule… Cette fois-ci elle avait essayé de m’entraîner avec elle pourtant, mais ça n’était pas la grande forme pour moi, aussi je lui avais dit de partir seule, que de toute façon la pluie ne me donnait guère l’envie de me balader, mais qu’une autre fois nous pourrions partir ensemble, je lui en faisais la promesse. Un air contrarié avait pris place sur son visage d’ange, bientôt remplacé par de l’inquiétude, mais elle me connaissait suffisamment pour savoir qu’elle n’apprendrais rien de moi avant que je sois décidée à en parler, alors après un dernier baiser, elle était partie par la porte, me laissant seule avec moi-même.
La source de ce mal être c’était Sam… Nous nous étions une fois de plus énervés l’un contre l’autre la veille, et je regrettais profondément cela, surtout en sachant que tout ceci n’avait pour seule et unique raison que Sarah. Enfin, je remuais de sombres pensées depuis cet évènement, et même toute la gentillesse de la jeune femme qui partageait ma vie n’avaient pas réussi à me les sortir de la tête… Avais-je raison au final, ou étais-je en tort, voilà ce que je me demandais, mais également comment mettre fin à ces évènements, je ne voulais pas le perdre, mais je ne voulais pas non plus sacrifier Sarah à un égoïsme stupide, aussi les solutions m’apparaissaient aussi lointaines qu’impossible à atteindre. Plus de trois quarts d’heures après le départ de la jeune femme, je m’étais enfin décidée à agir, il fallait que j’aille le voir, que je mette tout ceci au clair, et qu’une fois pour toute je règle la chose, pas question de continuer à vivre avec ce poids sur les épaules, c’était trop éprouvant et handicapant pour que ça continue.

Restais à savoir quand… Bien sûr, le mieux aurait été dans l’immédiat, mais je ne savais pas si j’en aurais la force, aussi je continuais de me morfondre en attendant soit de trouver la solution, soit un meilleur moyen d’y arriver… Peut-être que le lendemain ferait l’affaire… Et puis, je finis par me reprendre, tout cela ne servait à rien si j’hésitais indéfiniment, il fallait que ce soit maintenant, quitte à me faire violence pour me mettre en route. Et c’est exactement ce que je fis, je me forçais à m’habiller à peu près convenablement, ma dague toujours passée à ma ceinture, mais cette fois-ci, j’aurais presque pu avoir l’air d’une jeune femme normale, quoique pas bien riche. Une fois préparée, et devant la porte de la maison, j’hésitais une fois de plus… Y aller ou ne pas y aller, telle était la question, et elle me taraudait, parce que je n’avais pas envie de vivre une dispute de plus avec lui, notre relation était déjà suffisamment mal en point pour lui éviter cela… Mais si ce n’était pas maintenant, ce serait plus tard… Après encore une dizaine de minutes d’hésitation, je finissais par pousser le battant et sortir dans la rue, la détermination l’ayant emporté sur le reste.
Je courais entre les gouttes de pluie, le pavé mouillé glissant sous chacun de mes pas, les chaussures légères que je portais n’étaient pas faites pour ce genre de temps. Je savais que son église n’était qu’à un petit quart d’heure de marche, mais je courais pour ne l’atteindre qu’en cinq minutes, et éviter de ressembler à une serpillière vivante à mon arrivée. Ce faisant, mon esprit divagua sur notre dernière rencontre… Une fois de plus, un prétexte stupide lui avait permis d’émettre des griefs contre ma personne, et il m’avait blessée parce que j’en attendais plus de lui, je pensais qu’il était suffisamment honnête pour éviter de proférer des horreurs à tout va, alors j’avais répondu, violemment. J’avais entrepris de mettre en pièce tout ce en quoi il croyait, d’insulter son dieu et ses apôtres, de lui montrer l’énorme mensonge dans lequel il vivait… Ma dernière phrase était restée marquée au fer rouge dans mon esprit, autant par sa méchanceté pure et simple à son encontre que par la vérité qu’elle contenait à mon goût : «La civilisation atteindra la perfection le jour où la dernière pierre de la dernière église aura assommé le dernier prêtre ». Choqué, il était resté sans voix, et je m’étais alors éloignée, sans lui laisser le temps de me répondre.
Aujourd’hui je le regrettais, et c’était autant pour m’excuser que pour mettre les choses à plat que je me dirigeais vers son habitat… J’hésitais non pas parce que je ne souhaitais pas arranger les choses entre nous, c’était ce que je désirais le plus au monde à cet instant, mais plutôt parce que je ne savais pas si j’arriverais à garder mon calme indéfiniment s’il se montrait aussi désagréable qu’il avait pu l’être, et j’étais comme je suis toujours quelqu’un au sang chaud, qui dit toujours ce qu’il pense à ceux qu’il considère comme des amis. Je ne m’embarrasse pas de faux semblants avec les personnes que j’apprécie, j’en utilise déjà suffisamment dans mon métier pour éviter de les intégrer également à ma vie de tous les jours, ce serait aussi désagréable que stupide je pense. Finalement, une fois passablement trempée, j’arrivais finalement devant le bâtiment de son église… Il n’était pas l’heure d’un sermon quelconque, il devait donc certainement être dans ses quartiers, dans le bâtiment annexe qui renfermait les habitations et lieux de vie commune des prêtres.

Je contournais donc l’édifice avant d’escalader le petit mur qui me séparait de l’accès à cet endroit… Le public n’était pas sensé y venir, aussi je devais faire preuve de discrétion, mais ça c’était dans mes cordes. Une fois à l’intérieur, je scrutais les alentours pour vérifier que j’étais bien seule, avant de me diriger vers la porte qui donnait accès au bâtiment… J’étais déjà venue ici de cette façon une ou deux fois, aussi je connaissais le chemin à peu près par cœur, assez au moins pour arriver jusqu’à la chambrette qu’occupait mon ami. Je ne toquais pas au lourd battant de chêne qui fermait l’endroit avant d’entrée, je me glissais juste à l’intérieur… Ils ne fermaient jamais la porte, pas de raison après tout, c’étaient des prêtres qui vivaient ici, des personnes aimées de la population de Terra, et pas suffisamment riches pour qu’on souhaite les dépouiller de leurs ressources… Ils étaient très confiants, et ils avaient leurs raisons, ce qui me dérangeais simplement c’était le manque de sécurité flagrant qui régnait ici… Je n’aurais pas pu vivre comme cela, ma paranoïa m’aurait juste fait péter un câble au bout d’une semaine à peine…
Bref, je me glissais alors au milieu des couloirs… Certains prêtres les arpentaient, leurs pas les guidant vers telle ou telle tâche qui ne m’intéressait absolument pas, et alors je me rencognais dans un coin d’ombre pour ne pas être aperçue… De toute façon, aucun n’était méfiant, comme je l’ai déjà dit. Certains au contraire tournaient en rond dans des alcôves en lisant des recueils religieux, et psalmodiant à voix basses des prières qui devaient demander milles et une choses à une entité imaginaire à mes yeux… Offrir sa vie à un être immatériel, voilà bien quelque chose qui ne devait pas demander trop de logique, ni de curiosité, sinon tous ceux habitant ici auraient bien vite fait de quitter l’endroit et de se trouver une véritable occupation. Mais, si j’apercevais tout cela du coin de l’œil, ça n’empêchais pas moins que j’avançais vers mon but, prudemment pour ne pas me faire repérer, mais suffisamment rapidement puisque je n’aimais pas lambiner dans un endroit qui me semblait rempli de rêves humains qui, s’ils étaient beaux, étaient totalement stupides et irréalistes, et ça m’énervait –et m’énerve toujours- profondément. Une fois devant la porte de ce que je savais être la chambrette de Sam, j’hésitais un instant supplémentaire, avant de toquer au battant qui était déjà entrouvert. Ne recevant pas de réponse immédiate, je pénétrais alors dans l’endroit, me disant que s’il m’avait reconnue d’une façon X ou Y, peut-être ne souhaitait-il simplement pas me voir, mais réparer les choses entre nous passait pour bien plus important que ses désirs à mes yeux.
J’entrais alors pour découvrir une horreur que j’aurais préféré ignorer. Une horreur qui n’avait pris place que dans mes cauchemars, quelque chose que j’avais balayé de mes peurs en me disant qu’il était bien impossible que cela arrive, qu’il n’y avait pas de raisons… Mais maintenant c’était bien réel, ça prenait vie sous mes yeux, et j’en restais tétanisée. Une personne encapuchonnée avait poignardé Sam, qui gisait sur son lit, visiblement à l’article de la mort… Son ou sa meurtrière jeta un coup d’œil vers moi, sa dague dégoutant du sang de mon ami toujours dans sa main… Mon arme apparut instantanément dans la mienne, et les années d’entraînement reprirent le dessus. Je devais d’abord me défaire de cet ennemi, et j’aurais tout le temps de me laisser aller à mon chagrin ensuite… Le contraire signifiait la mort immédiate, et ça n’était pas dans mes options pour le moment. Je fis jouer une fois la lame dans ma main, préparant mon poignet au ballet de mort qui allait suivre… Avec un peu de chance, l’assassin n’était pas très bon au maniement des armes, et j’aurais vite raison de lui… Mais bien vite cette idée tourna court… Son placement d’appuis était parfait, sa prise sur son arme était ferme mais souple… Non ça n’était pas un débutant… Mais que venait-il faire ici ?

Remisant mes questions au fond de mon être, la vengeance et la colère m’envahirent instantanément, après cet instant de choc. Tuer le coupable, voilà tout ce que je souhaitais dorénavant. Celui-ci ne semblait pas très motivé à m’attaquer, peut-être aussi surpris que je l’étais de voir quelqu’un d’autre dans la pièce. J’aurais voulu lui sauter dessus, mais ç’aurait été totalement stupide, et suicidaire, c’était mettre la prudence de côté, ce qui était la pire des choses à faire… Alors je m’approchais lentement, prête à riposter à n’importe quelle attaque de sa part. Il leva son arme, prêt à se défendre, alors que je n’étais plus qu’à deux ou trois mètres de lui. Nous étions tous deux armés d’une dague, et cela donnait en général des combats courts mais sanglants, souvent composés d’un à deux échanges maximum, jusqu’à ce que l’un arrive à passer la garde de l’autre… Celui-ci se trouvait alors avec dix centimètres d’acier dans le ventre, et alors toute possibilité de lutte s’évaporait simplement devant la cruauté et l’absurdité d’une mort qui était venue trop vite.
Je lançais un premier en direction de son abdomen, que la personne esquiva avec agilité, et juste ce qu’il fallait de mouvements… En plus d’être parfait, son mouvement me rappelait étrangement quelque chose, ce qui m’inquiéta un premier temps… Quelqu’un que j’avais déjà combattu souhaitant se venger ? Ils n’étaient pas bien nombreux à avoir survécu à des entrevues avec moi, ce qui voulait dire que c’était quelqu’un de très doué, une perspective pas franchement rassurante si vous voulez mon avis. Je tentais un second coup, vrillé et bien plus vicieux celui-ci, qui semblait aller vers le haut, mais en réalité visait le cœur. Une fois de plus, il s’esquiva sans chercher la riposte… Un style de combat qui me parut bien étrange. Mes assauts se firent plus soutenus, mais toujours circonspect, j’étais prête à reculer s’il lançait une attaque pour contrer… Finalement, après quelques attaques supplémentaires, mon adversaire se décida à riposter. Un ballet d’une beauté mortelle s’engagea, je reculais et il avançait, puis je contrais et il était alors sur la défensive… Notre niveau était terriblement proche, j’étais un peu plus rapide, mais il était tellement dans l’économie de gestes, et la perfection de mouvements qu’il contrebalançait cet avantage… Finalement, j’aperçus une ouverture dans sa garde, et fonçait dedans, jetant mon bras de toutes ses forces en direction de sa gorge… C’était risqué, et j’en eus la confirmation un instant plus tard, lorsque sa lame remonta vers mon ventre qui était désormais sans défense, et sans possibilité d’esquive… Mais alors qu’il allait me transpercer, il hésita une seconde, et ce fut tout le temps nécessaire à ma propre lame pour lui enlever la vie brusquement, et pourtant silencieusement, dans un jaillissement de sang qui me recouvrit de la tête aux pieds… Je ne prenais alors même pas le temps de rattraper ma dague, qui resta plantée dans la jugulaire de l’homme, et je me jetais vers Sam.

Celui-ci était tout blanc, et s’il respirait encore, c’était par un filet d’air tellement mince qu’on ne l’entendait presque pas… Je regardais son corps brisé, qui gisait là, visiblement aucun muscle n’avait assez de forces pour bouger ne serait-ce qu’un peu de sa position. Il était transpercé en trois endroits d’une trace nette et sans bavure… Le connaissant, il n’avait même pas du essayer de se protéger, il avait dû penser qu’il pouvait raisonner l’homme… Et une fois blessé à mort, il avait dû se dire que c’était son destin de périr ainsi, et n’avait pas cherché plus loin… Une vague de colère monta devant la stupidité de la situation, mais je la réprimais aussitôt… C’étaient les derniers instants de mon meilleur ami, et pas question de les gâcher comme à chaque fois, comme pour tout ce que j’entreprenais… Doucement je lui relevais la tête pour voir son visage en vie encore une fois, et qu’il puisse voir qu’il y avait quelqu’un… Mais j’avais oublié le sang qui couvrait en partie ma personne, et qui ne devait guère être très rassurant. Finalement, il essaya de prendre la parole, et je dus rapprocher mon oreille de sa bouche pour comprendre ces derniers mots :

« -Je te pardonne Nym’. Je te pardonne pour tout…
-Oh Sam, non… Je vais t’emmener chez un médecin, tu vas t’en sortir tu vas voir… Pas question que tu meurs ici, je vais te sauver, ne t’inquiète pas… Ne t’endors pas tu m’entends, et si tu vois un long tunnel avec de la lumière au bout, n’avance pas vers elle, tu m’entends ? Tu m’entends ?! »

En disant cela, les larmes coulaient abondamment sur mes joues, et ma voix se brisa au milieu de ma phrase… Je m’en voulais de ne pas être capable de rester compréhensible pour les derniers instants de mon ami… Oui, ces dernières paroles étaient plus faites pour me rassurer que pour l’aider, mais finalement je me rendis compte qu’il ne les avait sans doute pas entendues… Ses yeux étaient finalement fermés, sa bouche entrouverte ne laissait plus s’échapper d’air, et sa poitrine ne se soulevait plus à intervalles réguliers… Il ne respirait plus, pas plus que ne battait encore son corps compris-je avec un temps de retard… Mes larmes redoublèrent, incapable que j’étais de supporter la chose… Mon ami d’enfance, la seule personne qui m’ait jamais comprise venait de décéder dans mes bras, et je ne pouvais rien y faire, j’étais totalement impuissante… Si je n’avais pas autant traîné avant d’arriver ici, j’aurais sans doute pu l’aider, j’aurais pu le sauver, il serait encore en vie, et son agresseur mort depuis longtemps… Et notre dernière réelle discussion avait été une dispute… Comment pouvait-on permettre que cela se finisse ainsi ? Quel dieu pouvait bien accepter que l’on fasse cela à l’un de ses adorateurs ? Il aurait pu me prendre moi, athée à sa place, c’eut été plus juste… Non, il n’y avait pas de dieu, pas de personne à qui hurler ma rage face à cette injustice, juste le long fleuve indolent de la vie.
Je restais agenouillée à ses côtés pendant plusieurs dizaines de minutes à pleurer… Finalement, comprenant qu’il serait sans doute mieux pour moi de ne pas être découverte en compagnie de ces deux cadavres, je me relevais, je pourrais pleurer tout mon soûl une fois rentrée à la maison. Cherchant des yeux un dernier souvenir à subtiliser à Sam, quelque chose qui me rappellerait à jamais quel ami formidable il avait été, je tombais finalement sur un livre de prière… L’ironie de la situation m’aurait fait rire en toute autre circonstances, mais pas maintenant… Pas devant la mort de mon ami… Aussi c’est avec tristesse que j’attrapais le petit ouvrage, avant de me diriger vers la sortie… Mais alors que j’allais passer la porte, je me souvins que je ne connaissais toujours pas l’identité de l’homme qui venait de me prendre l’une des personnes les plus chères à mon cœur… Je m’accroupissais alors à côté du cadavre avant de lui enlever le morion qui lui recouvrait le visage… Pour découvrir quelque chose dont je me doutais depuis mon entrée ici, mais que je n’aurais pas pu accepter…

Umbe. Voilà l’identité du meurtrier, l’homme qui m’avait tout appris… Sa façon de régler les problèmes était expéditive, visiblement… Mais cette fois-ci, tout ne s’était pas passé comme prévu, j’avais déboulé… Son identité expliquait son hésitation, expliquait pourquoi j’étais encore en vie… Tout cela, il l’avait fait pour moi, pour éviter que justement on ne puisse se servir de Sam contre moi à l’avenir… C’était sa façon de me protéger, une façon qui passait par la suppression pure et simple de mes faiblesses, même si ça devait faire mal… C’était également pour cela que j’avais reconnu son style de combat… Non pas un ennemi ressurgi de mon passé, mais au contraire un ami de longue date… De ceux que je savais qu’ils ne me trahiraient jamais… Et à ses yeux, ça n’était sans doute pas une trahison, loin de là, c’était une aide, qui même si elle était expéditive, était faite pour moi, pour me sortir d’une relation qui finirait évidemment par me faire souffrir… Il avait agi pour moi jusqu’à la fin, mais à sa façon… Une façon que je n’approuvais pas, mais qui étais la sienne malgré tout… Et maintenant, il fallait bien composer avec les conséquences de ses actes.
Les larmes reprirent à la vue de mon ancien mentor… Je venais de perdre deux personnes sur les trois que j’appréciais réellement… Heureusement que Sarah était sortie aujourd’hui, sinon elle serait peut-être morte également… Il n’avait pas pu la retrouver à travers Hystia, ça j’en étais certaine, et la tuer en public aurait été une grossière erreur sans le moindre doute… Non, la jeune femme devait être en sécurité pour le moment… Mais ça ne changeait rien aux deux cadavres que j’avais devant moi. Le visage de mon professeur exprimait le regret, mais aussi une forme de fierté… La fierté que l’élève ait dépassé le maître, maintenant que j’y pense… Finalement, je refermais ses yeux de mes deux doigts, qu’il repose en paix… Les prêtres prendraient soin de son corps sans le moindre doute, même s’ils ne savaient pas qui il était, ou ce qu’il avait fait ici… Même s’ils étaient naïfs, au final c’étaient des hommes bons… Je jetais un œil à la dague plantée dans sa gorge… Je ne me sentais pas capable de la reprendre, alors j’attrapais celle que lui tenait… Justice comme je l’appelle dorénavant… Une justice bien sombre… La justice d’Umbre.

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[HRP : Ce passage pourrait choquer les plus jeunes, cela concernant le passage de Nymeria dans un bordel… Mineurs et personnes aisément choquables s’abstenir donc.]
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Je me prélassais sur un coussin couvert de velours dans le grand hall d’entrée de l’établissement, observant les personnes qui entraient et sortaient pas la grande porte contrôlant l’accès à l’intérieur. Si on me demandait quels habits je portais alors, je vous dirais que je n’appellerais pas ça vraiment des habits… Non, en fait c’était plutôt des voiles, supposés cacher mon corps, mais étant donné qu’ils étaient transparents, et volaient sous la plus petite brise, ils laissaient entrevoir bien plus de parties de peau nue qu’ils n’en cachaient. Bien évidemment c’était le but recherché, aguicher le client, l’amener à vouloir contempler l’ensemble de plus près, nu et lui appartenant, lui obéissant. Nous étions placées de part et d’autre de l’entrée, ce qui permettait à toute personne entrant ici de nous voir au premier coup d’œil, et d’être harponné par les beautés qui se prélassaient ici… Mais ça voulait également dire que nous voyions toute personne qui pénétrait ici, et dans ma situation c’était bien plus que pratique. La plupart de mes camarades étaient des esclaves que l’on avait vendues à cette maison de plaisir, mais pas toutes, certaines comme moi étaient venues de leur plein gré pour travailler ici… En général, c’était pour l’argent, personnellement c’était pour autre chose, et certaines autres encore trouvaient un moyen de fuir leur passé dans de tels endroits… Mais tout le monde ne pouvait pas entrer comme « fille de service » dans un tel établissement, c’était du haut standing vous comprenez, alors ils ne prenaient que les plus belles femmes, et les plus expertes dans les choses de l’amour… Toutes ici valaient leur pesant d’or lorsqu’elles étaient esclaves, et les femmes libres étaient payées suffisamment bien pour être encouragées à rester.
Ce qui paraissait tout à fait normal au vu des bénéfices que faisait rentrer l’établissement chaque mois… Certaines personnes parmi les plus riches venaient ici pour y chercher –et y trouver- le plaisir. Faisant partie des bordels les plus cotés d'Ignis, placé dans une ville de la côte est dont j’ai oublié le nom, et étant également dans le top de ce que pouvoir faire Albion, oui, on pouvait dire que c'était une maison close de qualité. Et j’en faisais partie, dorénavant, en tant qu’employée supposée satisfaire les clients qui venaient assouvir leurs pulsions sexuelles. Parfois c’était un plaisir partagé, lorsque celui-ci faisait les choses bien, et n’avait pas de fantaisies étranges, mais parfois c’était une véritable épreuve, lorsqu’il s’agissait de satisfaire un monstre ne se souciant pas le moins du monde de votre bien être, ou d’une personne ayant des penchants sexuels déviants, et dont vous deviez subir les fantaisies, et même en sachant qu’il y aurait une prime spéciale à la clé, vous auriez tout donné pour être libéré de cet être qui vous oppressait… Mais l’argent et le client sont rois ici, alors pas question de désobéir si l’on tient à garder sa place (ou sa vie, dans le cas d’une esclave).

Mes yeux posés sur les allées et venues, je me laissais aller à une attitude lascive sur ma couche, aux yeux de tous… J’attendais quelqu’un en particulier, ma seule question était de savoir quand est-ce qu’il arriverait… Et, même si je prenais une pose des plus provocatrice, je n’avais guère l’esprit à cela, plongé qu’il était dans mon passé une fois de plus… En ce moment, le même évènement me revenait sans cesse en mémoire, à mon grand déplaisir… La mort d’Umbre, et de Sam… Je ne pleurais plus sur eux, sauf le soir à l’occasion, lorsque la pression se faisait trop grande, mais le reste du temps j’étais capable de le cacher… J’étais supposée être joyeuse ici, montrer un visage heureux et un brin moqueur, ça intéressait les hommes en général, ce qui m’avait vite valu le titre de meilleure gagneuse de la maison… Beaucoup se battaient pour avoir le droit de passer une nuit avec moi, et parfois mon temps se vendait aux enchères… De manière général, de toute façon, je coûtais plus cher que les autres lorsqu’il s’agissait de mon service, autant à cause de mon succès que du type de personnes qui s’intéressaient à moi, parmi les personnages les plus importants du pays… Certains étaient agréables dans leur attitude comme au lit, d’autres au contraire me snobaient, mais je n’en avais que faire, j’étais ici pour un but bien précis, et je comptais bien y arriver.
Et, c’était avec joie que j’avais choisi d’accepter cette mission… Après la mort des deux hommes les plus importants de ma vie, j’étais retournée chez moi –puisqu’Umbre était mort, la maison était mienne- en larme, totalement dévastée… J’étais entrée dans sa chambre, et m’étais laissée choir sur le lit de l’homme qui m’avait servi de professeur pendant si longtemps… Il n’aurait pas dû faire cela, mais c’était de ma faute… Je lui avais parlé de mes problèmes avec Sam, et il avait voulu les régler, à sa façon, directe et fatale… Et finalement, je l’avais tué… Tout ça reposait sur mes épaules comme autant d’enclumes, et je ne me sentais capable de rien dorénavant, juste d’attendre que la douleur passe, en priant pour qu’elle ne soit pas trop insupportable jusque-là… Je voulais m’enfuir d’ici, laisser tout cela derrière moi, mais je ne pouvais pas, à cause de Sarah, à cause de Terra dans son ensemble… Et alors, on m’avait proposé une mission à Ignis, qui tenait de la collecte de renseignement auprès des têtes pensantes du pays… J’avais accepté de bon cœur, en espérant que ce voyage me permettrait de passer à autre chose… C’était dans une certaine mesure vrai, mais j’avais encore suffisamment de temps à moi pour penser, et me morfondre de mes derniers actes, qui avaient mené à du sang que j’avais maintenant sur le main, le seul sang que j’aurais voulu ne jamais y voir…

On m’avait donné des noms, des adresses, des titres… J’aurais eu toutes les armes pour chercher les informations par moi-même… Mais aucune de mes cibles ne gardait tout par écrit, et il me fallait obtenir les informations de leur propre bouche… Alors j’avais décidé de toucher à leur point faible, une belle femme. J’avais repéré ce bordel à ce moment-là, et vérifié qui le fréquentait… La plupart des personnes que je cherchais étaient venues, et reviendraient sans doute ici dans les semaines qui suivaient, et si je pouvais les attirer dans mon lit, alors j’aurais la possibilité de leur tirer les vers du nez de la façon la plus innocente possible… Qui irait se douter qu’une prostituée de luxe était un espion compétent, un assassin confirmé, travaillant pour le compte d’une nation voisine qui cherchait à en apprendre plus sur les têtes pensantes du pays ? Même quand je le dis ainsi, ça me semble étrange, et terriblement tordu remarquez. Le fait est que telle était la situation, et que maintenant il fallait trouver un moyen de pénétrer l’endroit. Me faire engager bien sûr, mais je n’avais sans doute pas assez d’expérience du genre de choses que l’on pratiquait à l’intérieur de ces murs…
Et puis j’ai appris qu’ils formaient également des prostituées par eux même, pour prendre la relève des actuelles, c’était un métier épuisant qui brisait bien vite bon nombre de femmes… Grâce à mes expériences avec Sarah, qui savait elle-même remarquablement bien y faire remarquez, j’ai passé des tests (dont je vous passerais la nature, puisque vous vous en doutez sans le moindre doute), qui m’ont permis de m’entraîner à un domaine relativement inavouable de mes compétences… Avec des hommes, et avec des femmes, le sexe n’y changeait rien… Oui, c’était des individus de sexe masculin qui fréquentaient l’établissement, mais parfois ils emmenaient deux « filles » avec eux, et deux femmes qui avaient des relations intimes, cela avait le don de les rendre tout dur si j’ose dire. Enfin, bref, suite à un cursus plus que douteux de plusieurs mois, je finissais donc comme femme de service, la place que je convoitais… Je devais maintenant de l’argent à l’établissement pour cet enseignement qu’ils m’avaient offert, et j’avais bien vite entrepris de les rembourser, au grand plaisir de la patronne qui dirigeait cette petite entreprise florissante. Maintenant, c’était l’essentiel de ma mission qui commençait, mais également les épreuves les plus dures… Etant décidée à ne pas être violée par la moitié du pays, j’avais lutté dur pour obtenir la position convoitée de la femme la plus demandée, et par conséquent la plus chère de l’établissement, ce qui voulait dire que je pouvais également choisir mes clients, dans une certaine mesure… Chose que j’avais faite, en n'emmenant dans mon lit que les hommes de pouvoirs qui pouvaient me livrer des informations… Leur tirer les vers du nez était alors tout un spectacle, puisque je ne voulais pas qu’ils se rendent compte que je les trompais pour en apprendre plus sur Ignis, sur leur pouvoir, leurs forces armées et tout un tas de sujet dans le même genre…
Ma cible arriva enfin. Un regain d’intérêt visible apparut dans mes yeux, et je me redressais sensiblement… C’était un code, que tous pouvaient voir, qui disait « celui-ci est à moi », quelque chose que nous respections entre filles, on ne volait pas la cible d’une autre, c’était une question de respect et de bonne ambiance. Même la femme qui s’occupait de diriger les hommes vers les femmes avec lesquelles ils seraient le mieux était supposée faire attention à ce genre de signes, et respecter si possible la volonté de la jeune femme qui le souhaitait… Dans mon cas, puisque j’étais la fille la plus célèbre de l’endroit, on m’écoutait toujours lorsque je voulais quelque chose, pas question d’essayer de me le disputer puisqu’à la fin je gagnais toujours. Certaines autres prostituées en concevaient du ressentiment, mais ça n’était rien face à mon objectif qui touchait à la sécurité même de Terra, et si mes méthodes étaient discutables, il était totalement impossible de dire qu’elles ne portaient pas leurs fruits… Alors que l’homme que j’avais indiqué désirer s’approchait de moi, j’avais une dernière pensée pour Sarah, et combien j’aurais aimé que ce soit elle plutôt qu’un autre qui vienne me chercher ici, mais j’avais une mission à accomplir, pas question que j’échoue.

J’emmenais l’homme vers la chambre, en remarquant qu’il sentait la sueur… Il avait peut-être déjà effectué un effort aujourd’hui, ce qui le rendrait moins performant au lit, et m’obligerait à le supporter moins longtemps… Si j’avais de la chance en tout cas. C’était le genre de trucs qu’on finissait par remarquer, à côtoyer des personnes qui ne voulaient qu’une chose de vous toute la journée : celle qui se trouvait entre vos jambes… On apprenait à reconnaître ceux qui seraient bon, ceux qu’il serait facile de satisfaire ou encore ceux qui avaient des idées bizarres sur ce qui se rapportait au sexe… Celui-ci serait une proie facile, comme la plupart, ce qui était une bonne chose, je n’aimais pas vraiment laisser toutes mes cibles me passer dessus de cette façon… C’était dégradant d’une certaine façon, mais plus par le fait que c’étaient des ennemis de Terra qui n’avaient que des intentions belliqueuses pour ma nation qu’à cause de la simple relation sexuelle que nous entretenions… Non, le simple plaisir physique, j’avais appris à l’apprécier lorsque l’on me l’offrait, et à ne pas chercher trop loin sur ses causes, et conséquences… C’était l’occasion de me sentir bien, rien de plus.
Nous entrâmes alors dans une chambre, avant que je ferme doucement le battant derrière moi, et commence à me déshabiller sous les yeux appréciateurs de mon hôte… Je m’avançais vers lui d’une démarche féline avant de l’embrasser, passant mes bras autour de son cou pour l’empêcher de se sortir de mon étreinte… Il allait connaître une nuit comme jamais auparavant, et ça commençait maintenant.

Alors que mon corps s’adonnait à toutes sortes d’actes que la morale m’empêche de relater ici, je me glissais dans l’illusion d’ailleurs, cette technique d’Umbre qui vous libérait de votre simple enveloppe physique, et laissait alors les commandes à votre subconscient, pour vous permettre de penser clairement, détaché que vous êtes alors de la réalité… Trois mois que j’étais ici, et que j’entrais dans la même chambre, avec un homme différent chaque jour… J’avais déjà obtenu la plupart de mes renseignements, mais je n’avais pas encore pu interroger tous ceux que je souhaitais, celui-ci n’étant qu’un de plus sur la liste… Une fois que nous en aurions fini, il aurait envie de parler de tout et de rien, et en orientant un peu la conversation, j’aurais ce que je voulais… Les premières sensations de plaisir alors qu’il introduisait ses mains dans mes parties intimes me firent perdre un instant le fil de mes pensées, jusqu’à ce que je me concentre à nouveau sur autre chose que les simples informations que m’envoyait mon corps… Sarah me manquait, et je regrettais de ne pas lui avoir dit où je partais… Ca n’aurait certainement pas servi à grand-chose, mais aujourd’hui je m’en voulais de l’avoir laissé dans l’ignorance, elle devait se morfondre, s’inquiéter de ce qu’il m’arrivait… Ou au contraire m’avoir totalement oubliée.
Comme une spectatrice, je me voyais pousser mon invité sur le lit, avant de le libérer des derniers vêtements qui couvraient encore son corps… Mon esprit me faisait voir une jeune femme avec qui j’avais partagée bien des nuits plutôt que cet inconnu, c’était une image bien plus agréable, mais totalement irréelle bien sûr… J’espérais qu’elle allait bien, qu’elle s’en sortait… Elle vivait sans doute encore dans notre maison, mais que faisait-elle de ses journées ? Avait-elle finalement trouvé une occupation, ou au contraire restait-elle inactive ? Il faudrait que j’aille la voir pour lui faire mes excuses dès que je serais de retour à Hystia, la culpabilité me rongeait trop pour faire autre chose… Je m’étonnais une fois de plus du lien qui m’unissait à elle, et qui n’avait pourtant pas de base concrète, pourquoi l’aimais-je autant était une question à laquelle je n’avais pas de réponse… Tout ce que je savais, c’est que les sentiments étaient là, et même si j’avais du mal à mettre un nom dessus, ils révélaient sans le moindre doute un attachement sans borne à son encontre, une envie de la voir heureuse et souriante chaque jour… Une envie de la protéger, et de tout lui offrir… Puis je fus tirée de ma rêverie par les premiers grognements de mon partenaire, alors qu’il tirait les premières sensations physiques de notre relation… Un sourire feint étira mes lèvres, et en experte que je suis, je m’évertuais alors à le pousser vers des sommets qu’il n’avait jamais connu… Et ne connaîtrait peut-être jamais plus.


Nymeria
Nymeria
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Lun 20 Mai - 0:14
Histoire
760

« -Eh petite, vient par-là, j’ai quelqu’un à te présenter !
-J’te suis Kunkka, fonce… »

Je poussais un soupir en emboîtant le pas au pirate… Il avait des lubies bien étranges parfois, et ça n’était pas la première que je subissais, bien loin de là d’ailleurs. Toutefois, j’avais un certain respect pour le bonhomme, et je savais qu’il prendrait mal un refus pur et simple de ma part, autant satisfaire ses envies avant de continuer notre entrevue. Cette fois-ci, je la sentais mal (ai-je besoin de préciser une fois de plus ?), me présenter quelqu’un pouvait vite faire tourner la chose au désastre… Il avait déjà eu la mauvaise idée d’essayer de me faire rencontrer quelques-unes de ses connaissances, et ça ne s’était pas vraiment bien passé, loin de là même. La première avait été plutôt sympa, on avait bu (beaucoup trop), et ensuite nous avion tenté de danser, ce qui avait dû être un spectacle particulièrement épique à observer… Heureusement que je n’en ai aucun souvenir, sinon je sais que je ressentirais de la honte à la simple évocation du sujet, et connaissant mon hôte, il était bien certain qu’il se serait fait un plaisir de me le rappeler dès que l’occasion s’en présentait, juste pour le plaisir de me voir râler une fois de plus, pour son plus grand plaisir… Mais j’étais bien décidée à ne pas lui laisser ce plaisir.
La seconde fois qu’il m’avait présenté un de ses contacts, j’avais espéré que cela se passerait aussi bien qu’avec le premier, je n’avais jamais craché sur une beuverie offerte si gentiment… Mais ça n’avait pas été le cas, loin de là. Il s’était montré passablement désagréable, bien trop sérieux, et dénué du moindre sens de l’humeur, ce qui avait fini par me mettre hors de moi alors qu’il réagissait de la façon la plus stupide possible à la moindre de mes paroles… Et le tout avait finir en bagarre, nos sangs déjà échauffés par l’alcool… La plupart des expériences suivantes avaient été du même genre, avec les mêmes conséquences… Enfin, peut-être pas suivant les mêmes causes maintenant que j’y pense, le troisième avait essayé de me peloter sans mon accord… Et il devait encore s’en mordre les doigts aujourd’hui. Le quatrième était un abruti fini qui avait parlé marchandise toute la soirée, en plombant terriblement ambiance, une chose que je détestais totalement… La plupart des entrevues avec le pirate étaient prévues pour m’amuser autant que pour recourir à ses diverses compétences, et réseaux qui étaient plus ou moins légaux… Et il l’avait bien compris, aussi après les informations et autres marchandages habituels, nous commencions à boire sans plus se soucier de la chose, et ça lui allait aussi bien qu’à moi je crois.

C’était souvent comme ça avec Kunkka de toute façon, la rigolade avant tout, et les affaires ensuite, dans un coin à part… La vie est trop courte pour ne pas en profiter. Même notre première rencontre était sujet à rigolade, et à diverses piques entre nous… J’étais envoyée pour assassiner un homme, et j’avais eu l’occasion de le rencontrer, alors qu’il était là pour piller la maison de ma cible… Ainsi, alors que nous devions tous deux être silencieux comme des ombres, nous avions discuté, passé une bonne heure à en apprendre un poil plus sur l’autre, puis nous étions donné rendez-vous dans une taverne non loin de là une fois nos besognes finies… J’avais donc achevé mon objectif, un sénateur ventripotent et corrompu, puis étais sortie… Je m’étais alors demandé si c’était une bonne idée de rejoindre le personnage que je venais de rencontrer, mais après quelques minutes de réflexion j’avais pris le chemin du lieu de rendez-vous… J’étais suffisamment grande pour me défendre toute seule, et ça pouvait toujours être drôle… Et dans une certaine mesure, utile. Il m’avait appris qu’il était un patron du crime, et qu’il disposait d’un empire colossal… En le connaissant un peu plus, je peux vous assurer que ce ne sont que fadaises, mais c’est ce qui fait l’attrait du personnage. A ma question « que faisiez-vous ici alors ? » il avait répondu qu’il continuait à vouloir ressentir le frisson du danger… La réponse m’avait convenu, j’adorais moi-même ce genre de sensations, et nous avions picolé pour le reste de la nuit, jusqu’à ce que le soleil nous réveille avec un mal de tête digne des supplices promis aux infidèles en enfer.
Voilà, c’était le début de notre relation, et ça en résumait très bien l’ensemble… Il me faisait parvenir des messages lorsqu’il souhaitait me voir, moi j’en laissais à l’un de ses souffrir qui s’occupait d’un magasin légèrement louche dans les quartiers est d’Hystia… Une fois le rendez-vous convenu, nous nous y rendions (jusqu’ici, il n’en a pas raté un seul, et moi non plus), et nous discutions affaire pour un petit moment… La plupart du temps, je lui parlais du matériel que j’avais pu emmagasiner et qui me dérangeais, ou lui demandais la localisation de tel ou tel personne baignant dans le même milieu que lui, et il me dirigeait alors vers elle pour que je puisse m’en débarrasser et retourner à mes tâches habituelles… Lui me demandais plutôt des informations sur les forces de sécurité de tel ou tel homme, si un chasseur de prime était sur ses trousses en ce moment, ou tout un tas d’autres trucs du genre… Parfois il m’interrogeait sur ma prochaine cible, lui aussi aurait bien aimé voir des personnages important disparaître à l’occasion… Je ne lui rendais pas ce service, mais parfois je l’avertissais tout de même de qui était sur la liste.

Bien sûr, tout cela se passait dans le plus grand secret, vous imaginez… Bon, d’accord, pas pour ma réputation, personne ne connaît mon existence, alors pas de risque de ce côté-là, mais si mes supérieurs l’apprenaient… Je trempais déjà suffisamment dans les commerces illégaux pour me faire emprisonner pour le reste de ma vie au moins… Mais il n’y avait pas trop de risque, je doutais d’être réellement surveillée, premièrement parce que la plupart du temps on me laissait une très large latitude lorsqu’il s’agissait de régler un problème, mais surtout parce que bien peu de monde en Albion aurait été capable de me suivre jusqu’à ma destination… Un des avantages à être douée pour passer inaperçue. Enfin, pour tout dire, ce n’était pas ma hiérarchie qui m’inquiétait le plus dans cette situation, mais Sarah. Elle avait tout de suite détesté Kunkka et ses hommes lorsque je les lui avais présentés, aussi elle ne voulait pas que je passe du temps avec eux, ce qui m’embêtait beaucoup… Du coup, je faisais passer cela pour une autre de mes absences destinées à un métier qu’elle ignorait toujours, et j’allais ensuite rejoindre mon contact en prenant bien garde à ne pas être suivie… J’espérais juste qu’elle ne se doutait pas trop de ce que je faisais… Mais pas de raison pour cela, normalement. Pas pour le moment.

Enfin, dans l’ensemble, de toutes les personnes que le pirate m’avait présentées jusqu’ici, je n’avais cherché à garder un lien avec aucune… Elles étaient parfois de bonne compagnie lorsqu’il s’agissait de s’amuser, mais ça j’avais d’autres moyens de le faire, alors pas vraiment besoin de m’embêter à trouver un moyen de les contacter… Cette pensée me ramena à la situation actuelle d’ailleurs… Nous étions dans une taverne quelques instants auparavant, et maintenant nous en sortions, ce qui expliquait mes grommèlements… Qui avait eu la bonne idée de dire à ce vieux fou que l’extérieur, de nuit, alors qu’il faisait froid était un endroit particulièrement confortable ? Surtout lorsqu’on sortait d’un nid douillet avec de l’alcool dans les mains, une ambiance qui était plutôt chaleureuse, et personne pour vous embêter… Je le rattrapais en quelques pas pour me placer à ses côtés, pour lui exprimer tout mon mécontentement face à cet acte de cruauté inconsidérée de sa part… Je levais les yeux vers lui, et l’observait… Ses cheveux qui grisonnaient trahissaient un âge déjà passablement avancé, et pourtant il était toujours robuste, et ses yeux scrutaient la nuit devant lui comme ceux d’un faucon… Kunkka ne faisait pas son âge, voilà quelque chose de certain, ou au moins était-il encore en grande forme physique. J’ouvrais alors la bouche avec une voix chargée de reproche :

« -Pourquoi me tirer de cette taverne douillette pour m’emmener dans le froid ?
-Je te l’ai déjà dit, il faut que je te présente quelqu’un, tu ne regretteras pas.
-Tu ne pouvais pas l’amener avec toi ?
-Elle tient à sa discrétion. »

Il me donnait matière à réflexion là… Premièrement, c’était une femme, et ensuite elle devait rester discrète… Le vieux roublard avait éveillé mon intérêt sans me donner d’informations réelles sur la personne que nous allions rencontrer… Juste de quoi me tenir en bouche jusque-là. Je le savais bien, c’était totalement son style de faire, mais ça n’allait pas m’empêcher de me torturer le crâne jusqu’à trouver une réponse satisfaisante… Ou jusqu’à ce que nous arrivions au choix. Enfin, bref, je tombais les pieds droits dans son piège, et mon esprit se mit à tourner à toute vitesse pour savoir de qui il pouvait bien parler… Mais au final, j’abandonnais bien vite… Je n’étais pas très calée sur les relations, et si je connaissais bien la classe dirigeante du pays puisque je me renseignais à l’avance pour la plupart de mes missions, mais sortie de là… Non, je ne connaissais plus personne, ou presque. Bref, ça aurait pu être n’importe qui, pas moyen de trouver… Et puis, avec le simple indice maigrichon qu’il m’avait donné c’était peine perdue. Autant attendre alors. Attente qui ne fut pas longue, puisque quelques secondes plus tard à peine, il poussait le battant pour entrer dans une maison.
C’était une grande baraque comme les autres, une façade légèrement affaissée, comme un alcoolique qui chercherait à se retenir à son voisin, mais rien de réellement remarquable… L’intérieur était à l’image de l’extérieur remarquez, c’était simpliste et sans vraiment de charme, pas trop mal meublé, donc la personne vivant ici ne devait pas gagner trop mal sa vie, mais sans plus… Toutefois, il me guida tout de suite jusqu’au deuxième étage, en passant par un petit escalier en colimaçon… Et là, l’impression que donnait la demeure changeait complètement. C’était de grandes pièces sans portes, simplement fermées par des tentures qui n’étaient pas sans rappeler celles que j’avais vues durant mon voyage à Ignis. Des décorations dans le genre fresque dorée couvraient les murs, et l’ensemble respirait une richesse qu’on ne voyait pas en bas. Je pus apercevoir par l’une des ouvertures un grand lit qui aurait pu contenir au moins quatre ou cinq personnes, avec des coussins de velours, des draps de soies ou quelque chose du genre, et tout un tas d’autres produits luxueux… Non, la personne vivant ici aimait le confort. Toutefois, mon guide ne s’arrêta pas là, sans même un regard pour la pièce il continua vers l’une située plus vers le fond du couloir.

Il passa sous l’arche qui constituait l’entrée avec un air décontracté, écartant les voiles devant lui, et les retenant pour me laisser passer à sa suite. Mes yeux firent rapidement le tour de l’endroit, comme à chaque fois que j’entrais quelque part… La fenêtre était fermée par de lourds rideaux qui auraient contrastés avec leur environnement s’ils n’avaient pas été rouges et marqués de dorures sur la face intérieure. Une commode ornementée qui devait valoir bien plus cher que la maison en entier reposait dans un coin, au-dessus d’elle était posé un support qui mettait en évidence un sabre long, et un autre plus court, tous deux visiblement de riche facture. Au centre de la pièce se trouvaient des sofas et coussins posés à même le sol, autour d’une petite table sur laquelle était posée de la porcelaine, sans doute pour prendre le thé ou quelque chose dans ce goût-là. Un breuvage fumant sortait d’ailleurs de l’une des tasses, posée devant une jeune femme qui était elle-même assise sur l’un des coussins, comme j’avais vu certaine le faire lorsque j’étais dans ce fameux bordel de la côte est du pays du feu. Celle-ci eut un sourire affecté lorsque notre étrange couple entra, et alors que je restais silencieuse comme une tombe elle entama :

« -Bienvenue chez moi ! Je suis Oballa, asseyez-vous ! Vous prendrez quelque chose ? »

Bon, elle avait visiblement l’air de quelqu’un venant d’Ignis, et je me doutais qu’elle prendrait passablement mal que je refuse simplement son offre, aussi je hochais la tête sans ouvrir la bouche. Kunkka quant à lui déclama haut et fort qu’un tord-boyaux lui ferait le plus grand bien, et notre hôte se leva pour aller chercher ladite boisson. Je l’observais, elle et ses mouvements qui ne laissaient pas de doutes sur son métier… Elle était au moins espionne, sinon assassin, il n’y avait que des personnes comme celle-là qui se déplaçaient toujours sur la pointe des pieds, prenant garde à ne pas faire de bruit lorsqu’ils posaient ceux-ci sur le sol, et l’ensemble de leur personne respirant une forme de grâce étrange… C’était donc pour cela que le pirate voulait me la faire rencontrer… En continuant de scruter la jeune femme, je ne pus m’empêcher de remarquer qu’elle était d’une beauté rare, et certaines pensées me vinrent que je refoulais aussitôt.
Lorsque notre hôte revint s’asseoir, la conversation s’engagea entre elle et le pirate, en me laissant légèrement à l’écart… Ils commencèrent par les formalités d’usage, et ensuite parlèrent un peu de la pluie et du beau temps… C’était courant entre deux personnes ayant un sujet peu légal, ou tout au moins dangereux à aborder… On retardait la chose avant d’y venir, par appréhension surtout. Pendant ce temps, je terminais mon examene… Oui, c’était une très belle femme, ma première impression ne m’avait pas trompée, mais également dangereuse… J’ai pu apercevoir au moins deux reflets métalliques sur elle, le genre de chose qui révèle immanquablement une dague, ou toute autre arme que l’on peut cacher sur soi-même, confirmant ma première évaluation et la désignant immanquablement comme une personne exerçant le même genre d’activités que moi. Finalement, le sujet de discussion en vint à une partie intéressante, celle à laquelle je pouvais participer… Ce fut Kunkka qui fut placé un peu à l’écart pour le coup, puisque le sujet commença sur notre métier… Elle était plutôt agent de renseignement, et pas assassin, mais ça voulait dire qu’elle avait plusieurs choses très intéressantes à m’apprendre… Je commençais par lui poser des questions auxquelles je connaissais déjà la réponse pour mesurer sa sincérité, et même si elle ne répondait pas toujours complètement, elle était à peu près franche… Je pense qu’elle usa du même genre de stratégie pour moi, et eut le même résultat. Nous étions toutes deux prudentes, choses habituelles dans le milieu, mais nous étions surtout disposées à partager des tuyaux, et c’était ça le plus important… La confiance ne viendrait sans doute jamais, mais la totalité des informations sans le moindre doute arriverait un jour… Je commençais déjà à bien l’aimer.

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760

Une mission de plus. Je marchais sur les pavés d’Hystia, le dos éclairé par le soleil qui se couchait derrière moi, et une ombre démesurée pour une si petite personne projetée devant. Tête baissée, plongée dans mes pensées, jamais je n’avais ressenti aussi lourdement le poids de mon métier sur mes épaules… Mon pas résonnait dans les rues désertes, je ne faisais même plus l’effort de rester discrète, ça n’importais pas vraiment… De toute façon, j’avais pris par les ruelles les moins peuplées de la cité, là où j’étais sûre de ne pas être dérangée, je n’avais pas envie de répondre à une quelconque question sur mon accoutrement, ou ma mine lugubre… S’il y avait eu quelqu’un pour m’observer, il aurait vu une jeune femme désespérée, mais en approfondissant un peu, il aurait remarqué que c’était également une jeune femme blessée… Une balafre sanglante de part et d’autre de mon œil prouvait que celui-ci avait échappé de peu à un coup d’épée quelques minutes auparavant seulement. Le sang coulait lentement le long de mon visage jusqu’à atteindre la commissure de mes lèvres, où il stagnait jusqu’à ce que je le lèche du bout de la langue, par réflexe… Ca n’était pas bien profond, ni dangereux, mais c’était visible.
Et à ce moment précis, je regrettais que le coup n’ait pas été un peu mieux ajusté. J’étais entrée dans la maison de cet homme, qui pour une fois n’avait pas l’air fortuné, mes deux épées en main… On m’avait remis une mission peu avant qui disait que je devais le supprimer de toute urgence, alors je n’avais pas le temps pour les questions, ni la finesse, c’était son assassinat au grand jour, mais ça ne changeait rien. J’étais donc entrée, armée et prête à tuer, et je l’avais appelé par son nom… Il était descendu de l’étage supérieur, mais dès qu’il m’avait aperçu, il était remonté, et je l’avais suivi. Une fois en haut, j’avais commencé à le chercher, mais il était venu de lui-même, une rapière à la main, une dague dans l’autre. Sans paroles, nous nous étions jaugés… Il avait compris pourquoi j’étais là, lui voulait se défendre… Ca n’était pas la première fois, je l’attendais… Non, ce qui me dérangeait, c’est qu’il n’avait rien de la classe supérieure de Terra, celle qui était corrompue, celle que je n’avais aucun remord à purger à intervalles réguliers… Lui ressemblait à une personne du peuple sans problème, juste quelqu’un vivant sa vie.

Le combat s’était alors engagé, et dans les premières secondes il m’avait surpris par sa vivacité. Une première attaqué d’estoc m’avais surprise, et je m’étais décalée, tout en poussant sa lame avec le tranchant la mienne. Ma seconde épée était partie en direction de son visage, mais il l’avait déviée avec sa dague, et nous avions repris nos positions de départ. J’avais tenté une feinte, qu’il avait été prompt à bloquer, il avait contre-attaqué avec un coup vicieux vers le haut que je n’avais guère eu de mal à esquiver, mais le combat ne s’engageait pas vraiment. Finalement, il m’avait sauté dessus, et alors seulement notre ballet mortel avait commencé. Il était terriblement rapide et doué, ce qui m’amena à me poser des questions sur sa véritable occupation… Non, il n’était pas le simple citoyen qu’il semblait être, loin de là. Nos coups s’étaient succédés, en autant d’attaques et de contre-attaques… J’avais porté un coup à son bras gauche qui avait laissé une estafilade sur le biceps, en retour il avait failli m’éborgner, et un saut en arrière m’avait sauvé de ce sort, laissant toutefois la brûlure de l’acier dans la chair sur une fine ligne au-dessus, et sous l’œil. Finalement, je l’avais acculé dans un coin, et brisé sa rapière grâce à un ciseau de mes deux épées courtes… Il m’était alors sauté dessus dans une attaque suicide, sa dague projetée pour m’éventrer, mais je l’avais empalé sur mes deux lames, et m’étais portée sur le côté pour éviter le coup… En mourant, il m’avait alors demandé pitié pour sa famille, dans un râle, puis s’en était allé… Je l’avais laissé aller sur le sol en retirant mes lames, fixant une dernière fois son visage et l’expression de résignation qui le marquait…
Sa famille. Je ne l’avais pas remarquée jusque-là, mais alors que je relevais les yeux du cadavre, j’aperçu une porte qui se refermait… Quelqu’un nous avait observé, et avait vu la mort de cet homme en direct… Quelqu’un connaissait mon visage. Avec une pensée pour le type que je venais de tuer, j’entrais dans cette pièce qui contenait une femme et deux enfants. Je ne pouvais me permettre de laisser des témoins derrière moi, mon identité devait rester secrète, mais là… Ils semblaient tellement innocent, tellement gentils… Le premier fondit en larme, et la mère me regarda avec du reproche tellement présent de ses yeux qu’il aurait presque pu en couler et donner une matière solide qui m’aurait accusé de la même façon. En espérant qu’il n’y avait personne pour me juger là-haut, je m’avançais vers eux, mes armes à la main… Je me détestais pour ce qui allait se passer, mais le sort en était jeté depuis qu’ils m’avaient vu tuer leur père… Je vous épargne le récit des instants suivant, où je fus un véritable boucher sans pitié ni compassion… Je m’en voudrais sans doute des années pour cela, mais ça ne changeais rien aux nécessités de ma survie, et de mon travail… Alors je l’avais fait, j’avais massacré froidement ces bambins et leur mère, et c’est pour cela que j’errais ainsi.

Plongée dans cette vision de mort terrible que je venais de perpétrer, je trébuchais, ne faisant pas attention à mon environnement. Je m’étalais lourdement au sol, pour la plus grande hilarité des pigeons posés sur les toits autour de moi, qui me semblaient autant de juges me condamnant de leur regard vide de toute intelligence… J’ai cette faculté d’avoir l’impression que l’univers entier veut m’enfoncer lorsque ça ne va pas, même si je sais que c’est complètement absurde, je ne peux m’empêcher de le penser. Finalement, j’arrivais en vue de la maison que je partageais avec Sarah. Celle-ci devait m’attendre à l’intérieur, sans savoir quand je reviendrais… Sans même savoir ce que j’avais fait… Alors devant cette maison, je me jurais de tout lui dire dès que je rentrerais… De lui déballer mon sac, qu’importe ce que cela aurait pour conséquences… Oui, j’avais terriblement peur de la perdre à cause de cela, mais il fallait que je me livre, à elle au moins… Le poids du mensonge et de la culpabilité menaçait de me briser définitivement.
Une fois devant la porte, j’hésitais devant l’épreuve qui m’attendait… Si j’avouais tout et qu’alors la jeune femme me repoussait, j’aurais tout perdu… Mais je devais le faire, pour nous deux… Par franchise pour elle, et pour me libérer moi… Je savais qu’un jour arriverait où je payerais mes mensonges et mes cachoteries, et il était arrivé… Sam était mort en l’ignorant, et si la vie après la mort existait bien, comme il le prétendait, il devait sans doute me haïr aujourd’hui, mais Sarah le saurait… Je lui devais bien ça… Finalement, je poussais le battement, et pénétrait dans le bâtiment avec l’expression d’un condamné qu’on mène à l’abattoir sans le moindre doute. D’une petite voix, je l’appelais, mais devant son manque de réponse, je me disais que je n’avais pas parlé assez fort… Je criais donc à travers le bâtiment ma question, et Sarah me répondit qu’elle était au salon. Ajustant une dernière fois mes cheveux, comme je le faisais parfois lors d’un moment de stress, je la rejoignais dans la salle, toujours aussi abattue. Je m’asseyais pesamment devant elle, et elle leva alors des yeux d’abord amoureux vers moi, mais qui prirent bien vite la teinte de l’inquiétude. Elle ouvrit la bouche et parla rapidement, comme d’habitude lorsqu’elle s’inquiétait pour moi :

« -Nym’… Mais que…
-Attends. Laisse-moi parler. Il faut que je t’avoue un certain nombre de choses, et je n’ai pas envie de m’interrompre, alors laisse-moi finir, et tu pourras poser toutes les questions que tu veux ensuite. Fais juste cela pour moi, s’il te plaît, c’est important. »

Avec un hochement de tête, elle m’assura qu’elle avait compris et ferait comme je souhaitais. Un peu rassénérée, j’entamais mon récit… Ça n’allait pas être un moment agréable, alors je ne voulais pas recommencer plusieurs fois. Je commençais par lui raconter ce que j’avais fait au lieu d’aller à Albio… Je lui avais raconté mon rejet de l’école, mais pas ce que j’avais fait à la place… Je lui parlais de mon isolement au début, sous une expression visiblement choquée, avant d’enchaîner sur l’arrivée d’Umbre, puis de mon entraînement à ses côtés. Je continuais mon récit en lui contant tout ce qu’il s’était passé avant ma première mission, durant l’année de mes 20 ans, avant de lui narrer celle-ci. Parfois je m’interrompais pour essuyer une larme, avant de continuer mon récit pour qu’elle ne parle pas… Je ne savais pas à quel point j’aurais la force d’accepter les questions ensuite, mais je me disais que ce serait pour plus tard… Je lui parlais de mes moments les plus sombres, de ma conscience qui me taraudait parfois, et ensuite de la mort de Sam, qu’elle ne connaissait que dans les très grandes lignes… A ce souvenir, je dus réprimer une grosse crise de larmes, et plusieurs hoquets m’agitèrent de soubresauts… Conformément à mon exigence, pas une seconde elle ne m’interrompit, elle me laissa continuer encore et encore, et je débitais mon histoire trop longtemps contenue…
C’était comme si on me débarrassait d’un lourd fardeau, et au fur et à mesure que je continuais, j’avais l’impression de me libérer d’un poids certain… Comme si je respirais mieux, soudain libérée d’une gêne que j’avais supportée inconsciemment… C’était un peu ça en réalité, un poids que je soutenais sans tout à fait m’en rendre compte… Non pas que je regrettais mes actes, ou que j’estimais que j’aurais dû choisir une autre voie, non, leur simple nature, et leur horreurs me torturaient, et même si je ne m’en rendais pas compte, que je me persuadais que c’était pour le bien de la nation, ça ne rendait pas la chose plus facile à supporter de toute façon. Je revenais parfois sur des choses que je me rendais compte d’avoir oubliée dans mon récit, comme mon passage dans les bordels d’Ignis, temps durant lequel Sarah ne savait rien de mes actes, et dont je n’avais rien voulu dire à mon retour… Finalement, après plusieurs heures, mon conte horrible s’acheva, et je restais silencieuse devant la jeune femme, attendant son jugement final, attendant sa haine et ses critiques, attendant le retour à la solitude… Pire encore que des paroles, le silence me pesait alors terriblement, et finalement je relevais les yeux vers elle avec les yeux rougis par les larmes.

Elle me regardait avec une expression qui était composée de dizaines d’autres… La plus présente était le choc, mais ses yeux disaient également sa pitié, et sa tendresse… Les commissures de ses lèvres exprimaient le dégoût, sa bouche entrouverte montrait sa curiosité face à ce que je disais, ainsi que sa surprise. Elle ne parlait pas, se contentait de me fixer, et j’aurais voulu hurler « mais vas-y, dis-moi ce que tu penses, achèves moi, au moins c’en sera fini ! » mais j’en étais bien loin d’avoir la force… Et encore plus loin était mon envie de dire de telles horreurs à Sarah… Elle aurait raison de me laisser tomber, ce serait logique et même surtout normal, mais plus le temps passait, et plus je me rendais compte que ce ne serait pas le cas… Et plus je voyais que d’une certaine façon, c’était ce que j’attendais, qu’elle me détruise… J’avais besoin de quelqu’un pour exercer une sentence, pour me juger de tout ce que j’avais fait… Quelqu’un qui saurait trouver une sanction qui correspondrait à mes actes… Et, si j’aurais souhaité que Sarah le fasse d’une certaine façon, ce ne fut pas le cas… Je me rendais bien compte qu’elle n’en serait pas capable… Pas elle… Finalement, elle ferma sa bouche, et s’apprêta à dire quelque chose, mais avant que cela sorte, elle se reprit, et finalement elle reprit sur une phrase différente :

« -Je… Nym’… Tu aurais dû m’en parler… Tu aurais dû me dire… Je vis son expression se durcir, et je sus qu’elle avait décidé quelque chose. Je ne peux pas te laisser continuer comme ça, c’est trop dangereux… Mais je sais que tu ne peux plus arrêter maintenant, je te connais trop pour ça… Alors tout ce que je peux faire, c’est t’aider. Nous allons faire quelque chose que me permet ma nature de magicienne, nous allons contracter un pacte. A partir de maintenant nous serons toujours liées, et ça t’aideras pour tout ce que tu fais. Voyant que je m’apprêtais à ouvrir la bouche pour protester elle reprit : A mon tour de t’interdire de parler. Tu acceptes, et je ne te laisse pas le choix, ça te seras utile sans le moindre doute. C’est important pour moi, tu le sais bien… »

Je hochais finalement la tête, et la regardait dans les yeux… Elle était déterminée, et elle ne lâcherait pas le morceau, elle était presque aussi têtue que moi… Finalement, la jeune femme me quitta du regard, et commença à rassembler des ingrédients… Une partie de moi s’insurgea contre ces préparatifs faits à la hâte, mais l’autre se contenta de dire que c’était logique après tout, elle voulait me protéger, et c’était maintenant ou jamais… Même si je n’aimais pas cela, je lui devais bien cela, accepter de satisfaire ses désirs pour cette fois-ci… Elle le méritait… Qui plus est, elle avait totalement raison, bien sûr que cela me serait utile dans mes activités… Je connaissais les prodiges que pouvaient accomplir les pactisants, j’avais même déjà pensé à en devenir une moi-même, mais je ne voulais pas le demander à Sarah… Ca impliquait de pomper sur les réserves des magiciens, et je ne voulais surtout pas faire de mal à la jeune femme… Mais aujourd’hui, elle ne me laissait pas le choix, et je me voyais mal refuser la chose après tout ce que je venais de déballer, je ne pouvais que la regarder assembler les derniers composants pour la « cérémonie ». Être liée à tout jamais à quelqu’un m’effrayait un peu, mais si c’était Sarah, ça irait sans le moindre doute. Une fois préparée, elle me demanda :

« -Bon, premièrement, où veux-tu ta marque ? Après deux secondes de réflexion, je lui indiquais le bas de mon dos… Je ne voulais pas la voir en permanence, et il fallait que ce ne soit pas trop visible, garder l’avantage de la surprise était une bonne chose. Parfait. Tu es prête ?
-Vas-y. »

Je la sentis se concentrer, alors que je lui tournais le dos, le lieu où je souhaitais qu’apparaisse la marque à nue devant elle. Après plusieurs secondes, je l’entendis prononcer une incantation dont je me doutais qu’elle était en langue ancienne, et une sensation étrange se diffusa dans le bas de mon dos… D’abord comme une sorte de picotement, qui se transforma ensuite en une sensation agréable de détente et de relaxation, qui se propagea à tout mon corps. Je la sentais toujours concentrée derrière moi, et je me pris à me demander quelle aspect cela avait de son point de vue… Mais je fus tirée de ses pensées par les sensations que ressentait mon corps, passant de la brûlure intense de l’eau en ébullition à la froideur terrible de la banquise… J’avais l’impression qu’on frottait du sable sur mon corps, et l’instant suivant que je me baignais dans la plus pure des eaux… Je ne manquais pas de grimacer, étonnée par tant de sensations étranges, et finalement tout fut fini, plus rien… C’était étrange, ça s’arrêtait brusquement, et ça me manquais presque vu la soudaineté de cette conclusion. Je regardais alors ma main, crispée sur le sol, et ne lui trouvais rien de bien particulier… Est-ce que ça avait échoué ? Je me retournais vers Sarah pour lui demander, mais son air rayonnant m’appris qu’au contraire, tout s’était bien passé. Alors que j’ouvrais de grands yeux, elle se jeta sur moi pour m’embrasser, et je roulais en arrière en riant… Finalement, tout n’avait pas vraiment changé.

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« -Vous avez bien compris ce que je vous demande ?
-Sans problème madame, ce sera fait.
-Ne me décevez pas Nymeria. »

Je retenais une remarque acerbe et laissait la jeune femme partir… Ce qu’elle pouvait m’irriter parfois… Elle n’avait pas l’air stupide, contrairement à son prédécesseur, mais moi par contre je devais vraiment donner l’impression que j’étais une débile profonde pour qu’elle me traite comme cela… Ou tout simplement, elle se pensait supérieure… Oui, ça c’était possible également. Voici donc Mira Han, ma supérieure directe apparemment, depuis que le précédent est parti… Ils ont changé de Grand Amiral là-haut, et c’était un sous-fifre de l’ancien qui me donnait mes ordres jusque-là… Un homme juste apparemment le grand patron, que j’aurais presque pu apprécier avec un peu de chance, si je l’avais connu… Mais ça n’était pas le cas, qui irait se compromettre avec quelqu’un comme moi, un assassin sans foi ni loi doublée d’une bâtarde ? Ils étaient tous aussi coincés du cul les uns que les autres là-haut, et ça se voyait. Même leurs subordonnés se croyaient supérieurs juste parce que leurs patrons étaient importants… Ça avait le don de m’énerver, surtout lorsque cet air hautain semblait leur donner l’autorisation de ne pas réfléchir… Mon ancien « chef » était particulièrement stupide et bouché, et heureusement que ça n’était pas lui qui donnait les ordres, sinon je serais morte depuis un certain temps pour ma part, et Terra aurait sombrée de l’autre… Mira Han, c’était différent, on voyait qu’elle n’était pas bête, juste qu’elle ne voulait pas se compromettre avec moi…
Ca par contre, j’avais du mal à le comprendre… Elle était parmi les seules personnes du royaume à connaître mon existence, mon identité véritable, et ma filiation… Pourquoi avoir si peur alors de ce qu’on pourrait dire ? Je suis une bâtarde, d’accord, mais ça n’a pas provoqué une maladie particulièrement grave chez moi que je transmets à tous ceux qui se rapprochent que moi… Sarah va très bien aux dernières nouvelles. Enfin, bref, nos entrevues qu’elle utilisait uniquement pour donner des ordres étaient parfois franchement irritantes, et vous savez comme je déteste les gens malpolis. Ou alors, c’était un ordre de ses supérieurs de se montrer distante avec moi, pour ne pas qu’on se rapproche, qu’elle m’aime bien, ou quelque chose du genre… Encore une connerie du haut commandement quoi. Enfin, bon, je dis le haut commandement, mais c’est à défaut de mieux, je ne connais toujours pas la personne qui dirige mes actes… Jusqu’ici, ce sont les aides de camp des Grands Généraux de Terra qui m’ont transmis mes ordres, mais c’est peut-être une couverture… La question me taraude à l’occasion, je l’avoue sans peine, et ma curiosité crasse me pousse à en chercher la réponse.

Cette réponse, j’ai décidé de la trouver aujourd’hui. Je vais suivre la jeune femme qui me dirige, et rira bien qui rira le dernier… Je vais peut-être finir par lever le voile sur cette question qui m’intéresse depuis si longtemps… L’ancien général n’en parlait pas avec son aide de camp, ou tout au moins pas en ma présence, ce qui avait entretenu le mystère pendant les années qu’avaient durées ses fonctions… Peut-être que l’actuelle tenante du titre serait un poil moins prudente, et un peu plus loquace, donc qu’au final elle aurait l’amabilité de me renseigner, à son insu bien sûr. Enfin, ma cible ne serait pas trop dure à suivre, elle n’était pas franchement discrète, loin de là même. Entre les cheveux dont je partageais la couleur, quoiqu’en moins flamboyant, son armure qui dénotaient de celles habituellement portées par les autres soldats, et sa propension à parler fort, et à l’exubérance en général, non, je ne me faisais pas trop de soucis pour cette fois-ci. Il serait sans doute plus mal aisé de passer inaperçue si elle rentrait directement au quartier général en revanche, mais ça resterait sans le moindre doute de l’ordre du possible pour moi… Encore plus depuis mon pacte.
Je commençais donc ma filature, en pensant à autre chose… Pour l’instant, et jusqu’à ce qu’elle entre dans un bâtiment, je ne risquais rien du tout pour le moment. Mon esprit commença à divaguer, et se rapporta tout naturellement à Sarah… Elle occupait la plupart de mes pensées depuis longtemps déjà, et ça n’avait pas changé avec le temps… Ma relation avec elle était toujours aussi bizarre, puisque nous n’étions pas tout à fait un couple, mais nous en avions tout de même les habitudes, mais je n’avais pas vraiment besoin de mettre des mots dessus, je l’adorais… Elle avait fini par trouver un moyen de satisfaire son envie d’aider les autres en enseignant à des jeunes enfants les bases d’une éducation qu’ils poursuivraient sans elle, et en se rendant régulièrement à des hospices pour faire du bénévolat… Personnellement, j’aurais étranglé les mioches après qu’ils m’aient irrités avec leurs braillements insupportables, et j’aurais offert une fin propre et rapide aux vieux dans leurs lits, mais ça n’était pas son point de vue sur la chose… Elle voulait former la génération future, lui apprendre ce qu’elle pouvait, mais également sauver des vies, faire le bien en somme… Je n’ai jamais compris cela, mais ça lui plaisait, alors je lui laissais faire.

Entre nous deux, de toute façon, tout se passait pour le mieux comme d’habitude, je n’épiloguerais pas longtemps dessus... Je m’amusais tout de même de voir que même s’il n’y avait guère à dire sur tout cela, j’arrivais toujours à trouver un moyen d’y penser avec un sourire, et sur un sujet toujours nouveau, sans jamais m’en ennuyer… Sarah avait cet effet sur moi, et ça m’inquiétais presque autant que ça m’amusait, je me demandais toujours ce qu’il arriverait si on lui faisait du mal… Des choses terribles pour le responsable, sans le moindre doute. Du coup, j’avais pris mes précautions, je la suivais parfois lors de ses expéditions, sans me faire voir d’elle… Sinon je l’accompagnais, et lorsque j’avais vraiment des doutes (dus à une parano excessive sans le moindre doute), je demandais à Kunkka de lui offrir une escorte discrète. Enfin, entre nous deux c’était le paradis, elle n’avait pas si mal pris ma révélation de l’année précédente, et nous étions simplement heureuses. De mon côté, pour mon travail, même s’il était lugubre, il ne concernait que des pourris notoires pour le moment, aussi ça me convenait…Je n’avais pas eu d’ordre de mission injuste depuis l’intronisation de la Grande Générale.
Celle-ci se nommait Brunhild Mayfair. Son nom m’avait rappelé cette remarque du lieutenant Johnson, des années auparavant, lorsqu’il m’avait demandé si je la connaissais, et que je lui avais répondu non… L’étonnement sur son visage m’avait frappée, et j’avais cherché à savoir ce que ça voulait dire des années durant avant d’abandonner… Le bougre devait être mort maintenant, ou trop vieux pour se rappeler encore de cela, alors autant le laisser en paix, lui et ses élucubrations bizarres… J’espérais juste que ça n’était que cela, des élucubrations, et pas quelque chose de plus important. Enfin, j’aurais bientôt la femme en question sous les yeux, si c’était bien elle qui était celle qui donnait ses ordres à Mira… Dans le cas contraire, je m’en moquais éperdument, c’était quelqu’un d’important pour Terra, et qui avait la réputation d’être dur mais juste, ce qui correspondait assez bien à l’image que je me faisais de son poste… Elle aurait son rôle à jouer dans les prochaines années, j’en étais certaine, et j’espérais simplement qu’elle soit à la hauteur de la tâche, car il n’y aurait personne pour la rattraper.

La rencontre avait eu lieu dans l’un des bas quartiers de la ville, dans une espèce de maisonnette miteuse, et maintenant nous devions remonter jusqu’aux étages supérieurs avant que ma curiosité ne soit satisfaite… Une belle petite trotte en perspective. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est que nous passions par le quartier où j’avais grandi… Je ne m’en rendis compte qu’en reconnaissant l’une des ruelles que j’empruntais pour me rendre à la bibliothèque lorsque j’étais encore jeune et innocente, et de nombreux souvenir remontèrent en moi… Un sourire aux lèvre je continuais de la suivre, mais ce sourire s’effaça bien vite… Les souvenirs inclurent bien vite Sam, puis ma mère… Je pleurais encore la mort de ce dernier, bien que beaucoup moins violemment qu’au début, il me manquais… Pour la seconde en revanche, c’était comme une plaie béante et infectée… A chaque fois que j’y pensais, je me sentais mal, et déprimée… Je ne la voyais plus, et ne voulais pas la voir depuis ma sortie de l’enseignement d’Umbre, mais je me demandais ce qu’elle devenait… Son collier m’était resté, celui qu’elle m’avait offert la veille de mon départ pour Albio… J’aurais pu essayer de la retrouver et de l’espionner, mais je ne voulais pas la voir du tout, de peur de me faire encore un peu plus mal que ce n’était le cas actuellement… Elle ne serait pas capable de me retrouver de son côté, dut-elle remuer ciel et terre, aussi je ne m’inquiétais pas trop de la chose, je prenais juste garde à éviter les environs pour ne pas tomber sur elle par hasard… Oui, j’avais beaucoup changé, mais si elle me reconnaissait je devrais fuir, et je savais quel effet ça aurait sur elle… Mieux valait qu’elle me croit disparue.

Finalement nous quittâmes l’endroit, par une porte qui donnait sur le palier supérieur. Je faillis perdre la jeune femme des yeux à ce moment-là, mais en continuant d’avancer vers le haut de la cité, je la retrouvais finalement, et lui emboîtais à nouveau le pas. Je vous passerais les détails de la suite de l’escalade jusqu’aux ultimes étages de la cité, puisqu’il ne s’y est rien passé de majeur… Je n’ai pas perdu la jeune femme de vu depuis cet instant, et notre progression fut rapide, et relativement discrète pour ma part… On ne me demanda pas qui j’étais, je me faufilais au milieu des passants avec une vivacité et une invisibilité totale, sans même utiliser mon pacte. J’aurais de toute façon besoin de celui-ci plus tard, lorsque ma filature se ferait vraiment ardue, restais à savoir quand serait le bon moment d’en faire usage. Ce moment, il m’apparut quelques minutes plus tard, au terme de notre voyage… Le grand quartier général d’Hystia apparut devant moi, sans surprise puisque je l’avais déjà vu, et reconnu l’itinéraire qui nous y menait… Mira passa la porte sans problème, tandis que je faisais usage de mon invisibilité pour serpenter entre les soldats passant par la porte et y pénétrer à mon tour. Une fois à l’intérieur, je continuais ma filature, et une fois ma transparence désactivée, je me servais des coins sombres pour continuer.

Finalement, elle entra dans une salle, qui devait être le bureau de la grande générale… Mes soupçons sur la personne qui dirigeait mes actes s’accentuèrent encore d’un cran, mais j’avais depuis longtemps commencé à penser que c’étaient les occupants de cette fonction qui distribuaient les noms des gêneurs. Juste que lorsque l’on vit dans un milieu de fourberie et de tromperie, on finit par douter de tout, même des évidences. Pour en être sûre, j’aurais voulu entendre les mots de la grande générale dire ce que je souhaitais entendre. Dire qu’elle était responsable… Mais pour cela, il fallait entendre ce qu’il se disait dans la pièce, et ça je ne pouvais le faire, un garde était posté à l’entrée… Mais j’avais encore quelques ressources en poche. Je pénétrais dans la salle adjacente le plus discrètement du monde, salle qui devait servir de bureau à ma supérieure directe (et qui par conséquent n’était quasiment pas utilisée) Je cherchais la fenêtre un instant, puis ouvrait en grand le battant, et sortait dehors. Assise sur le rebord, je contemplais le vide sous moi… C’était l’un des endroits qui donnait sur un vide qui continuais jusqu’en bas de la cité blanche… Autant dire qu’une chute d’ici serait mortelle. Mais je ne comptais pas chuter. Je me retournais alors, et posais un pied sur la corniche en dessous de moi… Puis le second. Une fois prête, je me décalais petit à petit jusqu’à entendre ce qu’il se passait dans l’antre de la grande générale… Je remerciais Watos, Ehol ou n’importe qui d’autre qu’il n’y ai pas de vent aujourd’hui, ce qui m’aurait rendu la tâche largement plus ardue.

Finalement, après plusieurs pas prudents supplémentaires, j’arrivais en position… Au-dessus de la fenêtre donnant sur le bureau de la grande Générale se trouvait une sorte de plateforme qui m’offrirait un poste d’observation et d’écoute idéal… Je sautais pour l’attraper, me balançant un instant au-dessus du vide, puis me positionnait du mieux que je pouvais sur cette espace réduit… Voilà, prête. Je baissais alors la tête pour voir l’intérieur de la salle… C’était beau, décoré par des dorures et autres sculptures du plus pur style militaire… Quelques tableaux représentaient des personnes dans des postures héroïques, sans le moindre doute d’autres occupants du poste avant l’actuelle titulaire. Je repérais immédiatement Mira Han, dans un coin de la pièce, mais qui me tournait le dos... Face à elle –et donc à moi- se tenait Brunhild Mayfair. Je la dévisageais, cherchant quelque chose qui aurait expliqué la remarque de Johnson… C’était une femme à la beauté étrange, pas vraiment dans les canons du genre, mais pourtant étrangement attirante… Militaire de métier, c’était gravé sur son front, sa posture et sa carrure le trahissait, mais il y avait plus que cela… Une élégance simple et sans artifices que peu de femmes avaient à Terra… Pas une beauté qui vous coupait le souffle, juste une femme gracieuse, bien formée, mais simple.
Je tendais alors l’oreille, espérant saisir des mots qui apporteraient les réponses à mes questions… Mais après plusieurs échanges, je compris qu’elles ne parlaient toutes deux que de choses de l’armée, un sujet qui ne m’intéressait pas vraiment… Soit j’étais arrivée trop tard, soit elles étaient très prudente concernant mon sujet, soit… Eh bien, soit la plus gradée des deux n’était pas concernée par cette affaire, et cela n’entrerais jamais dans leur discussion. Enfin, maintenant que j’étais là, autant suivre l’échange jusqu’au bout… Je continuais d’observer la femme aux cheveux roses, avec curiosité… Oui, elle me rappelait quelqu’un, et c’était peut-être cette réponse qui expliquerait alors la phrase énigmatique de mon professeur d’un jour, mais pas moyen de mettre une identité sur ce fameux « quelqu’un ». Toujours perchée sur mon promontoire, j’attendais la fin de la discussion… Celle-ci s’éternisa quelques peu alors que le soleil descendait sur l’horizon, et finalement les deux femmes quittèrent la salle, en ayant visiblement fini… Je restais là alors avec toutes mes questions en tête, et les réponses devant les yeux, je le savais, mais comment arranger le puzzle ? Il me manque encore quelque chose, une pièce cachée au fond de la boîte et qui arrange toutes les autres… Il me faut une dernière réponse… Mais la réponse à quelle question ?


Autre
Comment avez-vous connu le forum ?:
Un membre!

Des choses à améliorer ?:
Rien à redire jusqu'ici, c'est suffisamment clair, et très zouli :3

Crédits:
Le thème, c'est In Uchronia, alias Wildpath, je vous invite à aller check leur youtube si vous cherchez des musiques bien épique, et un peu de metal sympho!
Images : Avatar/Signature - Chenbo
Avatar Sarah Storm - Ahri, league of legend
Avatar Oballa - Assassin's creed fanart, deviantart
Avatar Kunkka - Kunkka, Dota2
Je tiens à remercier LoL, Dota, Le trône de fer, L'assassin royal et Starcraft pour l'odieux pillage des noms auquel je me suis livré, ainsi que pour les fanart (et ce sera tout!) Razz

Un dernier mot ?:
Tartiflette.


Nymeria
Nymeria
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Lun 20 Mai - 0:15
Cette fiche est donc officiellement terminée o/
Bon courage pour tout lire, et désolé pour la longueur, j'ai pas su faire plus court pour le coup ><

Ehol
Ehol
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Jeu 27 Juin - 13:44
Bon, comme quoi tout arrive!!

Va vraiment falloir déployer des mesures anti-Terrans, ça commence à pulluler... Dans tous les cas bienvenue sur le forum, voici tes rangs:

Puissance - Rang B:

A la manière de Kasumi, tu es à la frontière du rang B et B+, espionne entrainée et pactisante, tu restes plus adaptée à l'assassinat qu'au combat frontal, bien que tu maitrises également des bottes de combat terran. Tu ne devrais pas avoir trop de mal à passer rang B+ au cours des RP.

Influence - Rang D:

Ah c'est assez emmerdant, en soit vu que tu n'as pas d'existence officielle, mais une pluralité de - fausses - existences possibles, j'ai eu assez de mal à noter ton influence. Je suis parti sur D, ce qui je pense combine assez bien ton obligation d'obéir aux ordres et de n'être "rien" avec tes relations dans l'ombre et tes informations compromettantes.

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Nymeria Sand
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